Emmanuel Edou : Le super flic au grand balai


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En quatre mois passés à la tête de la police, le Dgsn est passé directement de l'observation aux sanctions.

En procédant au tour du Cameroun des services de la police à l'entame après son installation, le délégué général à la sûreté nationale, Emmanuel Edou a mesuré l'ampleur de la tâche qui est sienne. Il a surtout écouté ses collaborateurs et enregistré les plaintes des représentants des populations relativement aux comportements des policiers partout où ils exercent à travers le pays. Sur la question du déficit en moyens humains dont les commissariats sont généralement victimes, le Dgsn a promis de renforcer les effectifs dans les services centraux et déconcentrés à la faveur des recrutements, en cours, étalés sur cinq ans de fonctionnaires dans le corps de la police.
A Ngaoundéré, par exemple, des équipes spéciales d'intervention rapide (Esir) sont visibles sur le terrain depuis le passage du Dgsn en septembre dernier, en réponse à une vieille requête des populations du chef-lieu de l'Adamaoua. Une véritable bouffée d'oxygène dans la lutte contre l'insécurité dans cette ville située au confluent du Nord et du Sud-Cameroun. S'agissant du manque de moyens matériels, Emmanuel Edou a promis ici des moyens de locomotion, là des moyens de communication. Des mesures qui visent a augmenté la capacité d'anticipation et de réaction de la police et partant de restaurer la confiance des populations vis-à-vis de ces forces de l'ordre.

De ce point de vue, l'on pourrait affirmer que le délégué général à la sûreté nationale a commencé par la carotte, en fait la pédagogie. Mais, les policiers qui ont jubilé après le départ de Edgar Alain Mebe Ngo'o l'ont fait à tort, car quatre mois après sa prise de fonction Emmanuel Edou utilise désormais davantage le bâton pour remettre de l'ordre dans les rangs. Ce d'autant plus que le diplômé de hautes études de défense de Paris est certainement au courant des derniers classements de l'Organisation non gouvernementale, Transparency International, qui a régulièrement classé la police dans le peloton de tête des corps les plus corrompus de la République. En l'espace d'un mois, au moins 13 policiers indisciplinés ont essuyé les sanctions du délégué, pour des motifs allant du racket, à l'arnaque en passant par le non respect des consignes en matière de délivrance des documents de voyage.
En réalité, Emmanuel Edou n'est pas un nouveau venu dans la hiérarchie des services de sécurité au Cameroun. Ce natif d'Olamzé dans la Vallée du Ntem qui a vu le jour à Yaoundé le 26 mai 1952, a dirigé la Gendarmerie nationale en qualité de secrétaire d'Etat auprès du ministre délégué en charge de la Défense du 7 décembre 1997 au 18 mars 2000.

Une fonction qu'il quittera au lendemain de l'agression dont avait été victime l'ambassadeur des Etats-Unis, au quartier Bastos. Suivront quatre années de traversée du désert. Emmanuel Edou est sortira de la réserve de la République le 8 décembre 2004 pour occuper le poste de ministre délégué auprès du ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale. L'administrateur civil principal se voit confier le domaine de la décentralisation dont les principaux textes, notamment ceux réorganisant les collectivités territoriales décentralisées ont été promulgués quelques mois plus tôt.

Entré dans la Fonction publique en 1979 à sa sortie de l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (Enam), Emmanuel Edou a servi tour à tour comme chef de service de la réglementation des marchés à la présidence de la République jusqu'en 1982. Une institution qu'il va rejoindre en 1989 comme attaché au secrétariat général. Deux ans plus tard, il est promu chargé de missions dans les services du Premier ministre. Il quitte les services du Pm le 9 septembre 1993 pour occuper les fonctions de directeur général du Conseil national des chargeurs du Cameroun (Cncc).

G.A.B.

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