Un Prince Eyango très... soul


S’il n’est pas le plus génial, le dernier album de l’artiste marque un retour réussi.

Eric ELOUGA

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Cela a sans doute fait plaisir à plusieurs nostalgiques et aux fans de la première heure, de retrouver dans les bacs, l’inénarrable voix du prince du « Soul Botingo ». Et pour les plus jeunes générations, l’occasion de découvrir l’artiste aujourd’hui établi aux Etats-Unis qui, hier, avait un rythme d’avance et, aujourd’hui, veut montrer qu’il est toujours dans le coup. Après onze albums, pour la plupart couverts de succès. Car de fait, son nouvel album « On tourne la page », le fait davantage dans son titre que dans les chansons qu’on y retrouve. Nouvelle vie, nouveau look aussi, Prince Eyango a cependant choisi la voie de l’efficacité, en adoptant le registre qui lui convient le mieux, et lui a toujours garanti du succès auprès du public camerounais.

L’exemple le plus emblématique étant le titre éponyme de l’album, actuellement écouté en boucle dans toutes les stations radios et chaînes de télévision, et qui montre un Prince Eyango pour le moins égal à lui-même. Variations de rythmes et de cadences, ritournelles facilement mémorisables, et surtout ce surf permanent entre deux cultures musicales. La chanson est de qualité, sans parler des conditions techniques d’enregistrement, particulièrement travaillées, qui donnent un album bien supérieur aux précédents au niveau du confort d’écoute et de la qualité sonore.

L’album « On tourne la page » arrive par ailleurs à trouver un bon équilibre, entre Makossa soul, Makossa plus classique, zouk, slows, ou rythmes folkloriques sawas. Mentions spéciales pour quelques titres coup de cœur comme « Papa », « Kene mi » (écrit avec Jacky Kingue) « I Benda » ou « I saha nzom ». Quelques airs de réchauffés par moment, mais les dix titres de cette production restent dans l’ensemble plaisants. Même si, faute d’être allé plus loin dans le renouvellement de son genre et la création de nouveaux univers, l’artiste s’expose au risque de ne pas élargir son public. Produit évidemment par Preya Music, sa propre maison d’édition de disque, « On tourne la page » est finalement un album de continuité, chanté autant en duala qu’en français, et qui balaie un spectre thématique large, allant des rapports hommes/femmes à des sujets plus engagés comme les comportements sociaux qui freinent le développement en Afrique. Dans la conférence de presse donnée à Douala pour présenter cet album, le « montagnard » a justifié ces choix par la volonté de rester avant tout collé aux réalités de son pays. Pour lui, malgré sa nouvelle vie américaine et ses succès à l’étranger, « un artiste doit d’abord être populaire chez lui ».
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