Vers la création d’un Institut africain de restauration et de conservation des manuscrits anciens


La création d’un institut régional de codicologie pour l’édition scientifique et la restauration des manuscrits anciens en Afrique a été proposée par un groupe africain de contact de haut niveau comprenant des experts en sciences de l’information, des bibliothécaires, des gestionnaires de musées, des universitaires et des chercheurs, en marge d’une réunion tenue à Dakar le 21 avril.

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APA-Dakar (Sénégal) 

Les manuscrits anciens n’ont jamais été aussi menacés sur le continent, soutient l’initiateur de la rencontre, le Pr. Jacques Habib Sy, Directeur d’Aide Transparence, joint mardi au téléphone par APA.

« Des centaines de milliers de manuscrits qui sont sur support papier sont menacés de disparition » affirme le Professeur de communication qui dément de façon catégorique la thèse faussement véhiculée sur « l’Afrique n’a pas d’écrits ».

Le legs de l’Egypte à l’Afrique et au reste du monde sur les mathématiques, la philosophie ou la médecine date de 4 mille ans avant Jésus Christ, sur du papyrus affirme M. Sy en renvoyant à l’ouvrage de l’égyptologue congolais Théophile Obenga sur « l’Afrique dans l’antiquité ».

Les vestiges en Afrique ont aussi permis de retrouver des écrits haalpulaar, soninké ou haoussa datés entre le 14ème et le 19ème siècle, indique M. Sy en expliquant que le challenge serait de raffiner ces manuscrits en langues locales pour les rendre compréhensibles en français ou en anglais.

La réunion des experts à Dakar dont l’un des objectifs était de préparer la conférence internationale sur « La gestion et l’analyse des manuscrits anciens en Afrique » qui se tiendra en mars 2009, est partie du constat que plusieurs manuscrits anciens dont une grande partie est localisée en Afrique de l’ouest et du centre, doivent être restaurés et conservés, affirme le responsable d’Aide Transparence.

« Plus d’un million de documents ont été retrouvés sur l’axe Tombouctou, Gao, Djenné », explique le spécialiste en ajoutant la présence d’ouvrages aussi au Niger, Nigéria, Tchad, Cameroun, Kenya et Tanzanie. Les plus anciens appartiennent à la corne de l’Afrique, Ethiopie, Somalie ou Erythrée. Le monde arabe avec le Maroc ou l’Egypte a aussi ses vestiges, dit-il.

Pour Habib Sy, la restauration et la conservation des manuscrits anciens dont la plupart se trouve aux mains de familles privées, peuvent être une source de création d’emplois et de participation au développement de l’Afrique.

Cela participe aussi à la construction de l’avenir du continent qui connaitra mieux son passé en particulier pour les jeunes générations. Il estime que l’Afrique, surtout celle du nord, dispose d’assez de compétences pour assumer ce vaste chantier de réhabilitation du passé et éviter le trafic de trésors témoins de l’histoire du continent.

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