Music
Musique : Rosyne et Moumban ressuscitent l'Ambassy-bey
Malgré un style emprunté à Sallé John et Franck Bell, l'album est d'une assez bonne facture.
Marion Obam
On ne peut empêcher un fan de manifester la passion qu'il porte à son idole. Mais cela ressemble à du suivisme, parce qu'une panoplie d'artistes et humoristes camerounais ont déjà chanté pour le triple ballon d'or africain Samuel Eto'o Fils. Alors on a envie de ranger le nouvel album en entendant un refrain comme " Eto'o Fils ô bosso ! Eto'o Fils le meilleur". Heureusement que ce premier volume baptisé "Le dictionnaire de l'Ambassy-bey", de Rosyne Etombi et Jean Moumban, qui en sont en premier album, est un opus de neuf titres qui ne demande qu'à être découvert. On se rend alors compte qu'en laissant l'ouie apprécier ce travail, elle n'est pas irritée. Mais que surtout derrière ce titre un peu prétentieux "Le dictionnaire de l'Ambassy-bey", se cache un arc-en-ciel de textes et de sons travaillés avec le seul besoin de donner du plaisir.
L'électricien Moumban et la gérante de cyber café Rosyne se sont livrés à un exercice périlleux que de vouloir se lancer dans un couloir comme l'ambassy-bey ou Sallé John et Franck Bell avaient déjà placés la barre très haut. Mais, ils ont des atouts qu'ils font valoir dans ce premier album dont la sortie a été effective le 1er septembre 2006. Ils ont fait partie du mythique " Grand groupe Ambassy-bey de Bonabéri " pendant plus d'une décennie. Ce qui leur donne une grande complicité dans la pose de leurs voix respectives et le jeu de guitare rythmique. C'est ainsi que dans "Sese o mulema", Moumban donne du volume, avec sa voix aux accents graves de Sallé John, à celle fluette de Rosyne. Sans l'étouffer, Moubam sait à quel moment, il faut céder la place à la femme qui raconte si bien la peine d'un homme ayant porté son amour et son attention sur son épouse, qui, malheureusement, en aime un autre de tout son cœur.
Cette force de textes chantés en Duala exclusivement et qui emprunte au style de Franck Bell et puise son essence dans l'amour, l'éducation des enfants et la vie de couple, se retrouve dans la majorité des titres. "Sibise Mba Mongele" est une invitation qu'un époux adresse à son épouse, lui demandant de taire son orgueil et d'accepter l'amour qu'il a pour elle, en venant apaiser son cœur en peine. Dans "Mbango", le duo raconte l'allégorie d'un père qui exprime la préciosité de son unique progéniture qu'il ne peut laisser quelque soit la fortune proposée. Mais ce qui force l'admiration dans cet album, ce sont les "vents".
Loin des sons gonflés par l'ordinateur dont la programmation musicale enlève tout goût naturel à la musique, "Le dictionnaire de l'Ambassy-bey" a bénéficié d'un enregistrement et d'un mixage qui ont rendu tout nettement perceptibles, lignes de guitare, percussions, piano et les voix du chœur livrés par Lady B., Pamela Ebongué et Pauline Ndangue. Arrangé par Alexis Prigas, cet album mêle des titres d'écoute et d'autres dansants. Ambassy-bey, Essèwé et Makossa à la Ebanda Manfred et Villavienne ont gagné un cachet particulier avec les animations de Martin Ebelle et Jojo Malet, qui n'ont pas lésiné sur l'utilisation des claquements des mains et des onomatopées comme " Hé bah " " Hé ! Oohh " qui en imposant un "bal à terre" rajoute un cachet particulier à certains titres. Cet album est un assez bon cru qui revisite l'ambassy-bey dans sa forme authentique et traditionnelle.