Serge Kouam : Le service public du livre est malade


Le directeur des Presses universitaires d'Afrique et membre de l'association des éditeurs du Cameroun annonce le Salon du livre de Yaoundé.
Propos recueillis par Dorine Ekwè

.




Vous êtes le promoteur du Salon du livre de Yaoundé qui se tiendra en marge du Salon international de l'entreprise, Promote 2008…
Nous sommes partis du constat selon lequel le secteur de l'édition est en crise, en folie parce qu'on ne sait pas qui fait quoi. L'idée pour nous est de créer un espace qui permettrait aux différents acteurs du secteur du livre de se retrouver, d'échanger et de discuter sur la manière de construire un tissu éditorial viable et solide. Vu la place que le livre occupe dans la société, il mérite qu'un débat soit organisé tout autour. C'est d'autant plus important que dans les institutions internationales comme l'Unesco, le livre a été reconnu comme le principal instrument ayant aidé à la circulation du savoir. C'est d'ailleurs pour cette raison que le 23 avril de chaque année, on célèbre la journée internationale du livre. Nous pensons qu'aujourd'hui, le Cameroun peut jouer un rôle majeur dans la promotion du livre dans la sous région Afrique centrale. C'est ce qui a poussé l'association des éditeurs du Cameroun, en coopération avec d'autres partenaires, à mettre sur pied cette cérémonie.

On se souvient qu'en 2003, vous aviez tenté de créer un regroupement similaire à travers la semaine nationale du livre…
C'était un galop d'essai préparatif. En 2003, il était question d'inventorier tous les acteurs et de tenter d'explorer le secteur afin de savoir qui fait quoi. C'est vrai que l'évènement s'était organisé en 60 jours et nous avions pu réunir 22 exposants venant de tous les coins du pays. Aujourd'hui, nous avons pris un peu plus d'un an pour monter le projet et nous pensons pouvoir faire mieux qu'en 2003. A cette époque nous avons fait un inventaire sommaire. Ce qui nous a permis de cerner l'ampleur de la difficulté. C'est pourquoi nous avons pris un peu de distance ces dernières années en essayant de faire quelque chose de plus soutenu et nous espérons que le Salon du livre aidera la communauté à mettre en place un mécanisme fiable de promotion du livre.

On accuse souvent les camerounais de ne pas lire assez. Quelle est la place que vous accorderez à ces derniers ce salon?
C'est une accusation qui, de mon point de vue, n'est pas vraiment exacte dans la mesure où, aucune étude sérieuse n'a été faite sur le sujet. Le salon du livre de Yaoundé sera un espace de rencontre où les lecteurs pourront venir dire quels sont les besoins en matière de lecture. Ce qui permettrait aux éditeurs de mieux orienter leurs catalogues car, très souvent ce sont eux qui prennent les initiatives de publications mais il faut laisser traîner l'oreille et savoir ce que les gens veulent lire. C'est une des raisons pour lesquelles nous tentons de mettre sur pied ce salon du livre de Yaoundé.
Ce sont des problèmes d'ordre structurels que l'on rencontre dans le domaine du livre dans la construction de notre état, on n'a pas pensé à toutes les infrastructures qui devraient être mises sur pied pour que les populations puissent lire. Qu'il s'agisse des bibliothèques universitaires, scolaires ou municipales ou autres, rien n'a été pensé à l'origine. Le service public du livre est malade. On ne peut pas dire que les gens ne lisent pas alors qu'aucune disposition n'a été prise pour les inciter à la lecture.
1164 Visualizzazioni

Commenti