Francis Bebey, Trois petits cireurs (nouvelle)*, 4e et 3e année Technique : La fin du monde n'est pas proche


Trois petits cireurs est un livre de l'espoir et de l'optimisme

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Mamou, Nyassa et Abdel forment une équipe de cireurs devant un hôtel de luxe. A la fin de la journée, ils se partagent les gains, mais pendant la journée, dans la lutte pour attirer la clientèle, ils se battent souvent entre eux. Chaque client discute des problèmes sociaux et philosophiques avec le trio. Mamou, le plus sage, est lent à juger du caractère des gens, et ses deux camarades le méprisent lorsqu'il accepte de veiller sur la voiture d'un homme qu'ils appellent " l'arrogant ". Pendant que Mamou fait la sieste à côté de la voiture, Nyassa et Abdel volent de l'argent d'un porte feuille laissé sur le siège. Convaincu que ses copains ont honnêtement gagné une coquette somme, il en accepte le partage et réalise son rêve, l'achat d'une paire de chaussures pour ses pieds nus. Quelques jours plus tard, " l'arrogant " invite les trois à voir un film qu'il a tourné. Ils se voient sur l'écran en train de voler l'argent de la voiture. Au lieu de les faire arrêter comme ils le craignent, " l'arrogant " les remercie pour avoir rendu possible une si longue séquence.

Ce petit ouvrage traite essentiellement des préjugés de tous ordres. Les trois enfants représentent la jeunesse africaine et sa possibilité de sortir du sous-développement. Ayant un sens aigu de la dignité, les trois petits cireurs ont des discussions idéologiques sérieuses et raisonnées sur le racisme et les rapports sociaux. Les clients discutent souvent de la valeur du travail des cireurs et de leurs semblables. Le sentiment de Bebey est assez transparent ; il admire beaucoup ces jeunes "débrouillards". Paul, un client qui est visiblement son porte parole, affirme : "Ce continent a besoin de petits cireurs au zèle excessif, à tous les niveaux. Car ces petits hommes possèdent au moins l'une des deux qualités qui font le plus défaut à l'Afrique, le courage au travail, l'autre qualité étant un peu d'imagination."

Bebey se montre souvent poète et philosophe dans cette nouvelle destinée aux jeunes Africains. Sans offenser les lecteurs adultes, il exprime son admiration pour les jeunes d'une façon presque romantique. A la place du sauvage noble, il met l'enfant, le sous développé, noble dans ses haillons : "seul l'enfant à l'œil innocent sait faire siennes les souffrances des autres" et "perpétue de son regard la lumière vivifiante des premiers temps". Trois petits cireurs est plein d'espoir et d'optimisme. "La fin du monde n'est pas proche. L'arbuste qui fleurit auprès de la lave encore brûlante porte en lui l'espoir d'une terre qui se moque éperduement des volcans en feu… et l'enfant qui naît est semblable."
Stephen H. Arnold, in Dictionnaire des œuvres littéraires négro-africaines de langue française, ACCT, éditions Naaman, 1983.

* Yaoundé, Editions CLE,
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