
De son nom scientifique, Manihot Escuelenta, le manioc se désigne au Cameroun par Mbon, dans la localité de Yaoundé. Sous les montagnes de la région du Moungo, les Mbo l'appellent Kwamba, Koukoum chez les Vouté, Moung chez les Bamvele du département de la Haute Sanaga, dans la grande Mifi il s'appelle TchiessemIl.
Dans la Sanaga Maritime comme dans le Mbam, on parle de Mounga. Dans le département du Nkam, il est communément désigné par Kasinga ou Kasala. Dans la région des grands lacs notamment au Rwanda où on lui connaît deux variétés principales, le manioc se nomme Imyunbati. Il s'agit notamment du genre amer non consommable sans prétraitement à l'eau et du manioc doux dont les racines sont directement consommables, on note cependant des cas de neuropathies car, il contient des hétérosides cyanogènes en moindre quantité.
Les tubercules sont également utilisés pour la préparation de boissons alcooliques distillées, comme la boisson indigène. La chair des tubercules a une couleur blanchâtre et rappelle le bois par sa texture et sa consistance. La friture la rend croustillante. On peut préparer les tubercules en les faisant cuire, puis en les lavant longuement à l'eau pour évacuer les traces de cyanure, et en les séchant au soleil. Une fois pilé, à la main ou au moulin, on obtient une farine blanche appelée "foufou" au Congo. Cette farine est mélangée à de l'eau bouillante à égale proportion et constitue un aliment qui accompagne les plats en sauce.
La farine de manioc peut aussi être donnée aux jeunes enfants sous forme de bouillie. Le foufou à une valeur calorique sèche de 250 à 300Kcal, soit près de la moitié lorsqu'elle est en pâte. On peut aussi le consommer en pains de manioc. Au Congo, ces pains sont appelés "chikwangue". Ils sont riches en cellulose, consistants, mais très peu nourrissants. Leur prix très abordable favorise leur consommation à grande échelle. "Il est recommandé de bien le mastiquer si l'on ne pas avoir de problème de digestion". Très consommées en Rdc au Cameroun et dans les pays du bassin du Congo, les feuilles de manioc se mangent sous diverses recettes, mais elles ne sont pas uniquement réservées à l'alimentation.
Leur usage s'étend également au traitement thérapeutique de certaines maladies. Il existe ainsi, plusieurs recettes médicinales notamment celles qui guérissent les brûlures, la conjonctivite, l'anémie, etc. Lorsque vous avez un cas de brûlure chez vous, faites sécher les feuilles de manioc au soleil, écrasez-les finement à la pierre, et versez cette poudre sur les lésions. Cette poudre va absorber le liquide secrété par les brûlures et va cicatriser la plaie. Quand vous faites de la conjonctivite, râpez finement le tubercule de manioc, extrayiez le liquide laiteux et mettez en quelques gouttes dans chaque œil. Lorsque vous n'avez pas d'appétit, râpez finement le tubercule de manioc, ajoutez-y un peu de sucre et consommez tel quel.
En cas d'anémie vous pouvez prendre quelques feuilles de manioc, les laver et les piler ; en extraire le jus dans un verre et le filtrer. Ajoutez-y du lait concentré, mélangez bien le tout et buvez un verre chaque jour. Exceptionnellement pour ce cas, la durée du traitement est d'une semaine. Il faut également noter que pour 2/3 de jus de feuilles de manioc, utilisez 1/3 de lait concentré. Pour les cas de jaunisse et d'hépatite, prendre des feuilles en addition à celles papayer et une tige de kinkeliba. Mélanger le tout avec du citron et bouillir.