Il n’y a pas que le droit d’auteur



Alternatives. Des possibilités de rétribution du travail des musiciens existent pour améliorer leur précarité.

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La difficile condition des musiciens camerounais n’est pas une fatalité. A côté des droits d’auteur problématiques et rachitiques, certains ont exploré des pistes de secours, qui s’avèrent autrement intéressantes. Même si les droits dérivés s’avèrent encore inexploités dans leurs possibilités extrêmes, les cachets de concerts sont devenus un véritable viatique à l’impécuniosité de nos musiciens.
 
Novembre 2011. Il y a six mois déjà que « Tous ensemble » de X-Maleya est disponible sur le marché. Sur la vague du succès du titre phare, « Tchokolo », Mtn Cameroon va proposer au groupe un contrat pour un échange de visibilité. Pendant plusieurs mois, le X-Maleya va promouvoir les valeurs de Mtn Cameroon, tandis que les musiciens bénéficieront d’une promotion optimale à travers la diffusion sur Trace Tv, une filiale de l’opérateur de téléphonie mobile, des vidéoclips du groupe. Le groupe a enfilé d’autres contrats. A l’instar de celui de l’ambassadeur de Malt Up, un produit des Brasseries du Cameroun. La spirale n’est pas prête de s’arrêter. Avec, à la clé, une compensation financière substantielle, que la seule commercialisation des Cd n’aurait pas pu procurer.
 
En septembre 2011, un medley réunissant Richard Bona, Lady Ponce, Petit Pays, Ottou Marcellin, Sydney, Frédérique Ottou, etc., faisant la promotion de la moustiquaire imprégnée pour la lutte contre le paludisme était diffusé en boucle dans les chaînes de télé et les stations de radio camerounaises. Vu à la télé ces derniers temps, un autre spot vantant le préservatif féminin, auquel Corry Denguemo, Anne-Marie Ndzié, Majoie Ayi, Afo Akom et d’autres encore ont coopéré, faisait le plein d’audience. A chaque fois, l’opération sponsorisée par un fonds international a permis de « faire passer le message », mais surtout, de procurer aux musiciens qui y ont participé des revenus.
 
Les clichés de ce genre, quoique chiches dans l’environnement camerounais, reflètent néanmoins les possibilités que les musiciens peuvent exploiter pour accroître leurs revenus aléatoires. Ces sources résident en l’organisation des spectacles publics ou lors de soirées privées. En 2007, Diam’s, la célèbre rappeuse française, au sommet de son art, est invitée au Cameroun par un opérateur de téléphonie mobile, pour un cachet de 50 millions de francs Cfa. Elle ne se produira que pendant cinq minutes. Akon, le rappeur sénégalais invité pour un concert ce 24 mars va percevoir 50 millions de francs Cfa. Koffi Olomidé, la rumba star congolaise, est régulièrement invité par un nouvel opérateur dans la distribution de produits pétroliers, contre des cachets mirobolants. 
 
Petit Pays, invité du ministre de la Fonction publique, Michel Ange Angouing, ami de longue date, va enflammer les foules à chacun des meetings organisés les 17 et 18 mars derniers à Abong Mbang, à l’occasion de la nomination de trois ministres originaires du Haut-Nyong au gouvernement du 09 décembre 2011. La rumeur estime le montant du cachet de Rabbi à 5 millions de francs Cfa. Il en est ainsi de Lady Ponce, de K-Tino, de Majoie Ayi, d’Aï-Jo Mamadou, mais aussi, de bien d’autres musiciens du cru, à l’instar de John Duchant, qui sont de plus en plus sollicités dans des spectacles organisés par des mécènes d’origines diverses. Encore faut-il que leur musique soit appréciée. 
 
Et là semble se trouver la différence. Lorsque la qualité de la musique camerounaise retrouvera ses lettres de noblesse d’antan, les téléchargements et la fabrication des droits dérivés, à l’instar des tee-shirts, des casquettes et autres objets publicitaires aux effigies de nos stars de la musique pourraient davantage procurer cet argent qui leur fait tant défaut.
 
Jacques Bessala Manga
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