Imperator : L’arrangeur mal aimé des musiciens



Le programmateur de musique veut révolutionner et exporter le Bikutsi.

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Imperator ! Le seul nom est évocateur. Une barbiche pend sur le menton. Le costaud qui veut imposer le respect n’est qu’un jeune homme, qui passe le clair de son temps devant son ordinateur, pianotant son clavier pendant que des amis musiciens l’assistent, dans leur studio de fortune au quartier Mvog-Atangana Mballa à Yaoundé. C’est dans ce studio qu’il «fabrique», mieux arrange des albums de bikutsi depuis quelques temps. Personne ne lui connaît un passé de musicien. Et pourtant, Imperator se veut rassurant. «Je suis chanteur au départ. Ragaeman précisément. J’ai joué avec Bêtes de scène au début des années 2000. Pas d’album. Mais, plusieurs spectacles», se défend-il.

Imperator, qui dit avoir été influencé par sa mère, chanteuse de bikutsi, décide alors de «donner une nouvelle couleur, une couleur américaine» à cette musique, en supprimant certaines choses et en ajoutant d’autres. A l’instar de la vitesse qu’il augmente de 156 métronomes à 163. Ses oeuvres ne sont pas parmi les chanteurs les plus connus : Amazone, Les Deux qui tuent, Lany Blonde. Mais, ses prouesses lui ont permis d’être approché par des chanteurs tels Aïe Jo Mamadou ou Taule Bac pour leurs prochains albums, en même temps qu’il prépare une compilation de meilleures chansons de bikutsi.

«Je voudrais que le bikutsi soit exporté partout dans le monde avec une meilleur qualité du son», telle est son ambition. Pour y parvenir, il doit donc opérer des choix. «Lorsque je reçois une maquette, je constate que les artistes jouent avec beaucoup de saturation», explique Imperator. Dès lors, «si je ne sens pas la solo, je ne la mets pas», indique-t-il, en rappelant au passage que la guitare Solo n’est pas fondamentale dans le bikutsi. Mais, le pied continu. Imperator, accusé de mettre les instrumentistes en chômage, reconnaît qu’il est arrivé d’être agressé verbalement. La guerre latente entre les tenants de la vieille école et les promoteurs de la musique en 3 dimensions (nouvelles technologies) n’est pas loin d’être ouverte. «J’ai même failli en venir aux mains avec un ami, qui m’accusait de vouloir tuer leur Gombo», se souvient-il.

Et pourtant, «je le fais toujours en accord avec l’artiste qui m’apporte sa maquette», explique Imperator.
Ce batteur et arrangeur de musique à base de la boîte à rythme dit pourtant qu’il ne se passe jamais d’un bassiste. Et Atango Bass, bassiste de Lady Ponce et l’un des meilleurs de la place est cité en exemple. D’ailleurs, c’est auprès d’un arrangeur de renom, Christian Nguini, premier arrangeur de Lady Ponce que Imperator fait ses classes. Son premier artiste est Jésus Ngolfé, le fils de Dieu Ngolfé en 2006. Mais, «on n’apprend pas à programmer. C’est l’outil que l’on apprend et on doit être artiste», souligne celui qui se fait désormais appeler l’imperator du bikutsi.

Justin Blaise Akono

 

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