Joe Rossi : Un autre appel à Paul Biya


Le jeune chanteur de Bikutsi vient de commettre son troisième album en un an.

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L’on a aperçu un jeune Camerounais donner sa gamme dans les louanges aux Lions indomptables à la veille de la coupe d’Afrique des nations en début d’année, au rythme du Bikutsi. En avril de cette même année, il fait encore parler de lui lorsqu’il commet un titre évocateur?: Ppte, qui, selon sa définition, veut dire parents  pauvres très endettés. Artiste prolifique?? Joe Rossi semble le confirmer dès sa première année de carrière lorsqu’il commet un troisième disque en un an. Même comme dans le jargon musical, il parle de double album. Ce troisième intitulé «Mot Nnam», n’est pas une simple création, «de l’art pour l’art».

Première chanson de l’album (deuxième sur la pochette) et titre générique de l’album, «Mot Nnam» [L’homme du pays selon l’auteur], «est une invite au président de la République, un soutien au chef de l’Etat», pour le reprendre. Message rythmé par un Bikutsi bien particulier?: l’Ekang que certains Beti qualifient de Bikutsi des nobles.
D’ailleurs, le chanteur ne s’encombre pas d’instruments modernes très usités aujourd’hui. L’on peut alors entendre le son du tam-tam et supposer une invite à la fête. L’on dirait un folklore, dominé par une voix de rossignol que distille Joe Rossi. Il ne s’éloigne pas du Bikutsi originel et des souvenirs mélancolique d’un homme qui doit voir partir son amour lorsqu’il reprend «Chérie Emilienne», l’un des plus grands succès du Bikutsi commis par Elanga Maurice (Elamau), dans les années 70, aujourd’hui décédé. Un cri du cœur que renouvelle l’artiste, au rythme du Mérengué.

En langue Ewondo ou en Français, Joe Rossi va au-delà du rythme pour les fêtes de fin d’année. Les messages, hormis ce dithyrambe au chef de l’Etat, méritent une écoute particulière. Notamment la cinquième chanson, «Biang-Magie» parle des pratiques occultes fréquentes dans certains milieux. Pratiques qu’il qualifie d’illusoires. «Ne jamais serrer la main à un prêtre, ne jamais confesser, ne jamais toucher les cheveux d’un Blanc, tels sont les interdits d’un marabout», ironise-t-il dans cette chanson. Il passe bien d’autres messages. Notamment l’initiation rituelle de l’Afrique noire. Et comment le jeune homme ne rêverait-il pas d’amour et de mariage lorsqu’il revient à Roméo et Juliette??
Dans ce qu’il appelle le Bikutsi confort, l’artiste semble s’inspirer de cette histoire de l’Anglais William Shakespeare pour donner une «coloration sacrée au mariage et invite les hommes à prendre au sérieux l’union sacrée qu’est le mariage».  Apparemment avec très peu de moyens, Joe Rossi a enregistré cet album dans un studio peu connu de la ville de Yaoundé et s’est fait accompagner de quatre musiciens pour produire un son dépouillé des synthétiseurs et plus proche d’avant les nouvelles technologies.

Justin Blaise Akono

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