Au moment où, partout en Afrique, les États célèbrent le cinquantenaire de leurs indépendances à travers des manifestations parfois au dessus de leurs revenus, Valentin Ateba Abeng vient rappeler que tout a empiré depuis le départ des «Blancs».
Dans le recueil de six nouvelles intitulé «Tourisme en République bananière» (Ifrikiya, 2010), l’auteur décrit le malaise que vivent les sociétés africaines depuis leur accession à l’indépendance. «Au moment où les pays africains, dans leur immense majorité, célèbrent le cinquantenaire de leurs indépendances, la nécessité pour les décideurs politiques de faire le bilan de leur parcours est alors devenue un impératif catégorique», écrit Théophile Yimgaing Moyo, le président de l’Ordre national des architectes qui signe la préface de cet ouvrage. Selon Valentin Ateba Abeng, ce bilan n’est pas reluisant, dans la mesure où, en cinquante ans d’indépendance, les choses ont plutôt reculé.
Valentin Ateba Abeng balade le lecteur dans un pays nommé le Gwana, où il lui démontre que depuis un demi-siècle, rien n’a bougé. «Au Gwana, je réapprenais donc à vivre dans une société où tout avait changé sauf l’ordre politique, la superficie et les divisions administratives (…) Longtemps avant mon départ, le prince-gouverneur, comme on l’appelle ici, était déjà au pouvoir ; à mon retour, c’était toujours lui qui était là», affirme par exemple l’auteur dans «Comment a-t-il réussi à confisquer le pouvoir ?», la quatrième nouvelle. Le livre de Valentin Ateba Abeng permet au lecteur de vivre les réalités de l’Afrique en revenant surtout sur des faits d’actualité comme la faillite des entreprises. « La Société sucrière de Mélan (Sosumel) produisait environ mille tonnes de sucre par mois, décrit-il dans «Deux poids, deux mesures». Ce sucre était de bonne qualité, mais assez cher pour le porte-monnaie des Melanais ». On pourrait tout de suite faire le rapprochement entre Mélan et le Cameroun, quand on sait que jusqu’à il y a peu, le Cameroun a vécu une grave pénurie de sucre.
Dans les six recueils qui composent son ouvrage, l’auteur démontre que si rien n’a bougé en Afrique en cinquante ans d’indépendance, c’est à cause de l’anarchie qui y règne. Chacun n’en fait qu’à sa tête. C’est dire à quel point l’argent peut avoir un pouvoir, pourvu qu’on fasse partie des cercles de décision. On comprend ainsi pourquoi, selon Valentin Ateba Abeng, des riches hommes d’affaires en mal de pouvoir rejoignent le parti du «prince-gouverneur» pour bénéficier de l’immunité dont il les couvre.
Ateba Biwolé
Valentin Ateba Abeng
Tourisme en République bananière
Editions Ifrikiya, Yaoundé
148 pages, 2010
Prix : 4 000Fcfa





