Livre : Des chefs tout en glace


«Rois et royaumes bamilékés» propose une ballade dans l’univers des monarques de l’Ouest.

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Les «bangang Fondji» ont les pieds là, mais le cœur ailleurs. C’est du moins ce que raconte la légende qui veut que les populations de ce village, réputées pour leur «propension à régler le moindre problème en sortant leur couteau de son fourreau», ont fait preuve d’intelligence et de technique dès le XVIIè siècle. A cette époque en fait, ils ont construit un « pont des singes » qui reliait les pays bamoun et bamiléké. Ils n’avaient en effet pas oublié leurs origines : le pays bamoun. Le village a été crée par Djomeni, un jumeau, prince de la cour de Foumban qui, «sans doute par désir de voir ailleurs traversa le fleuve et s’installa à l’emplacement actuel avec quelques fidèles. Ils furent désignés bangang, ceux qui ont dit non. […] les troubles liés à la marche vers l’indépendance du Cameroun videront Bangang-Fondji de ses populations. Une bonne partie des hommes et femmes repartiront s’installer dans leur «mère-patrie, le pays bamoun»…

Ce sont des histoires comme celle-là que Haman Mana et Mireille Bisseck proposent aux lecteurs de leur première œuvre collective : «Rois et royaumes bamilékés» paru en début de cette semaine aux éditions du Schabel. Un livre, beau dans la forme et dans le fond qui s’étale tout en glace et laisse découvrir les monarques (Fo, feu, … dans l’ouvrage et selon les localités où les auteurs nous transportent) bamiléké dans leur quotidien. Ceci à travers des textes qui font appel à cette fantaisie que les auteurs, tous deux journalistes, se sont appropriés au fil des ans. Un choix d’écriture qui, loin de distraire la lecture, la facilite et transporte le lecteur dans un univers très souvent entouré de mystères. Des mystères que tente d’éclaircir Emmanuel Ghomsi, professeur d’université connu pour ses parutions sur la question, notamment le « Recueil des traditions historiques des chefferies du plateau Bamileke et de la région de Bamenda, ainsi que des populations Bamoun, Tikar et Mboum, a qui est revenu le devoir d’introduire l’ouvrage.

Comme pour donner de la crédibilité à ces textes qui se lisent et se relisent avec le même intérêt, des photos, toutes en couleur, permettent de faire la connaissance de ces monarques qui ne se rencontrent pas toujours dans la rue. Des rencontres qui permettent au lecteur de (re)découvrir les mœurs et traditions de ce peuple encore «méconnu» du grand public. «Nous avons voulu raconter l’histoire de ce peuple de la manière la plus efficace. Ce livre peut également être utilisé comme un livres d’histoires à raconter le soir, au coucher, aux enfants», lance Haman Mana.
Placé dans la catégorie des «beaux livres», cette parution qui s’étale sur 236 pages a pour objectif de permettre, selon ses auteurs, une meilleure connaissance du peuple. Ne serait-ce pas une littérature de trop sur les «Bamilékés» ? «Non», s’en défend Haman Mana pour qui «notre ouvrage se démarque des parutions précédentes en ceci qu’il n’est pas un ensemble de monographies. Ce sont des histoires que nous avons puisées à bonne source, que nous nous sommes appropriées avec le rendu que nous avons aujourd’hui. Ici, la photo est également très importante. Elle est au cœur du livre».

Repères
Haman Mana et Mireille Bisseck

Rois et royaumes bamilékés

Editions du Schabel
236 pages
32.000Fcfa

Dorine Ekwè

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