A écouter «Belle africaine», la première chanson de l’album intitulé «Zen», on croirait entendre Georges Seba. Tant dans la voix que dans les intonations. Tant la langue est presque la même (Beti) et, vue de loin, on croirait aussi le mulâtre rajeuni. Que non ! Car, un George pouvant en cacher un autre, l’auteur de «Zen» n’est autre que Henry Okala. Un transfuge du groupe Macase qui vient de mettre sur le marché du disque son premier album solo. «George Seba est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup d’admiration», avance-t-il pour s’opposer à la ressemblance. Et pourtant, le rapprochement entre les deux hommes appartenant à deux générations bien différentes est étroit : «Nous tous venons de l’Epc, avons fait du Gospel et avons les mêmes goûts musicaux», avoue Henry Okala qui est révélé au grand public à travers le groupe Macase créé en 1996.
Il est l’une des trois principales voix du groupe, sinon la plus percutante, aux côtés de Blick Bassy Olama et Corry Ndenguemo. La bande à Ruben Binam crève alors l’écran : victoire aux Koras en Afrique du Sud, prix Siciba et, surtout le très prestigieux prix Découvertes Rfi (radio France Internationale) avec toute la polémique qui a suivi (retrait du titre), Henry Okala et ses compagnons partagent la même scène que les grands à travers le monde. Entre autres artistes de renom, Pascal Lokua Kanza, Manu Dibango, les Mohatela Queens, Corneille, Youssou Ndour. «Une expérience riche sur tous les plans», se souvient-il. Mais, il décide de claquer la porte en 2006, dix ans après le début de l’aventure commune. «J’ai eu envie de tenter une carrière en solo», explique-t-il. Mais, pas au devant de la scène tout de suite. Il assure les chœurs de plusieurs artistes tant au Cameroun qu’à l’extérieur. En l’occurrence Lady Ponce, Jay Lou Ava, Viviane Etienne, Josco l’Inquiéteur, Eboué Chaleur. Il preste même dans un cabaret, le Mi-Sahel à Yaoundé, «dans le but de le mettre sur pied».
La sortie en fin 2009 de «Zen» (le chemin) vient consacrer son rêve d’évoluer en solo. Et ce fils de pasteur a cru en la musique comme son père croit en Dieu. Ce père qui l’avait pourtant inscrit au niveau inférieur du club de football Tonnerre de Yaoundé au début des années 90. Mais, la musique a été plus forte que tout. Malédiction de son enseignant de français au collège protestant Johnston à Yaoundé ? Lorsque Monsieur Eloundou le surprenait pendant son cours en train de mimer une chanson, au lieu de le punir, il préférait souvent lui dire : «tu seras chanteur dans la vie». Et Henry Okala est plutôt un très bon chanteur. Même comme «tout est fait pour qu’on ne vive pas de notre art. Mais, je reste optimiste», rassure-t-il. D’ailleurs, il nourrit de nouveaux projets sur lesquels il pourra travailler avec son ancien groupe, les Macase.
Justin Blaise Akono





