Spectacle : Le makossa swingue avec la basse


Le spectacle de Yaoundé, le week-end dernier, ont permis au public de revivre les moments de gloire de ce rythme.

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C'est le genre d'affiche qui ne se vit qu'une seule fois ! Plusieurs mélomanes des capitales politique et économique du Cameroun l'ont bien senti et ont tenu à faire honneur à cette brochette d'artistes triés sur le volet qui se sont réunis au Palais des congrès de Yaoundé vendredi le 16 avril et à Douala Bercy le lendemain. C'était dans le cadre de la célébration des 30 ans de carrière du bassiste Aladji Touré qui, pour l'occasion, n'a pas fait dans la dentelle. Pour l'occasion, les plus grosses têtes d'affiche de la musique camerounaise se sont déversées sur les scènes de Douala et Yaoundé : Etienne Mbappe, Toto Guillaume, Grâce Decca, Ekambi Brillant, Dina Bell, Jean Dikoto Mandengue, Henri Dikongue, Prince Eyango.


Lorsque, aux environs de 22h ce vendredi soir, Aladji Touré est annoncé sur l'estrade du palais des Congrès de Yaoundé et débarque, tout de blanc vêtu avec cette guitare rutilante aux reflets argentés, le public sait qu'il a été pris au piège. Le piège de ces notes que l'artiste, sautillant au fur et à mesure que les notes s'affolent sous ses doigts, distille sans compter. C'est son anniversaire et comme durant ces trente ans de carrière qu'il célèbre, il a beaucoup à donner. Cette fois, c'est le public qui est le principal destinataire. Pour ces premières notes (et comme se sera souvent le cas au cours du spectacle), la sonorisation a quelque peu trahi. La basse domine les autres instruments et on n'en distingue pas clairement les notes. Prudemment, le public écoute "Mulato ", une chanson extraite de son album "New face ".

 

Frustration
Un album entièrement instrumental, pour laisser parler les instruments de musique et découvrir leur force, comme le précisait la veille l'artiste qui l'a présenté la veille  à ses fans. Et lorsque sur les hauteurs de Nkolnyada, Aladji Touré, sert au public une adaptation en salsa de "Sophie" de Dina Bell, le public a du mal à se retenir. Des applaudissements fusent, on en redemande. Touré, lui, quitte la scène, laissant les 600 personnes présentes sur leur faim.


La frustration ne sera pas très longue vu que quelque temps plus tard, c'est Henri Dikongué qui se présente sur scène. Avec, évidemment, sa guitare à la main. Il revisite quelques airs de son album "Wa". Le public sort de sa réserve et accompagne l'artiste dans ses ballades. C'est avec l'arrivée de Prince Eyango que le public qui jusque-là avait des pics de joie se dégrise totalement. Le prince des montagnes du Moungo ne lui laisse d'ailleurs pas beaucoup de choix. Comment résister en effet lorsqu'il entame "Njombela" ce rythme traditionnel que tout le monde fredonne en  s'agitant frénétiquement dans sur son siège. Avec "les problèmes", le public est  définitivement conquis. Avec la complicité de l'artiste, hommes et femmes ne se ratent pas.
Les vannes fusent et l'ambiance se détend définitivement. Ensuite, ce sera au tour de Grâce Decca de chauffer la salle. Le public ne se ferra d'ailleurs pas prier pour se lever et effectuer quelques pas de danse au rythme de ses chansons.


Etienne Mbappè et son "Cameroun ô mulema" n'a pas manqué de séduire de même que Ekambi Brillant, baptisé, pour l'occasion, le père. A cet effet d'ailleurs, il s'est dit "surpris de voir le temps passer aussi vite. C'est aujourd'hui que je réalise que Touré à 30 ans de carrière et j'en suis étonné. Je l'ai découvert alors qu'il avait 16 ans. Je l'ai emmené un peu partout avec moi jusqu'à ce qu'il se sente prêt à voler de ses propres ailes. C'est vraiment très intéressant de voir le chemin que nous avons parcouru ensemble". Toto Guillaume de renchérir avant de monter sur scène : "ça fait plaisir de se retrouver comme ceci et de l'accompagner pour une célébration comme celle-là.

 

 Ce ne sont pas que des bassistes qui sont réunis ici ce soir. C'est le club des amis de la basse qui est là." Au public insatisfait, il a servi un inédit "O si banga mba " composé par ses soins et joué en compagnie de Etienne Mbappè qui, pour l'occasion, a dû faire appel à ses notes. Un titre qui était destiné à souhaiter un joyeux anniversaire à son ami de toujours, Aladji Touré qui n'a pas manqué de dire son plaisir. Un plaisir qu'il a partagé avec un public euphorique mais déçu, à la fin du spectacle de ne pas voir tout ce monde réuni autour d'un titre pour clôturer en beauté cette longue et chaleureuse soirée. Elle restera à coup sûr marquée dans les esprits.




Dorine Ekwè

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