Marco Mbella : Petit-Pays et moi, c'est une histoire de Bible


L'artiste vient de commettre un single réalisé avec un collectif d'artistes, en hommage aux héros nationalistes camerounais.

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Depuis l'album "Abele Lions" en 2002, vous revenez avec un single intitulé "Cameroun indépendant". Titre extrait de votre quatrième album. Parlez-nous de cette nouvelle production.
Le titre cameroun indépendant fait en effet partie d'un album de 8 chansons. L'album va sortir avant la fin de ce mois de mai. Je ne peux avancer la date exacte, étant donné que je suis encore en discussion avec certains partenaires. C'est un album que je prépare depuis plusieurs années. Mais c'est depuis novembre 2009 que je suis entré en studio. Le mixage a eu lieu à Paris en février dernier. Avant la sortie officielle de l'album, je fais diffuser le titre "Cameroun indépendant ", parce que c'est la chanson qui rend hommage aux nationalistes camerounais. Elle est de ce fait appropriée au contexte, notamment la célébration du cinquantenaire de l'indépendance du Cameroun.

Avec le titre " Fleur des Antilles " en 1993 et aujourd'hui " Cameroun indépendant ", vous vous imposez résolument comme un rassembleur. Comment parvenez-vous à créer à fédérer les artistes camerounais, qui ne sont pas réputés très associatifs ?
Je crois que cette réussite dont vous parlez, tient tout d'abord de mon caractère et de mon attitude à l'égard de chaque artiste. Mon entourage me dit très humble, sobre et convivial. Par ailleurs, je reconnais la valeur de chacun de nos artistes et lorsque je les approche, je me fais toujours petit devant eux en leur témoignant mon admiration pour leur travail. Et c'est une attitude, que, je pense, ils apprécient. Je n'ai pas d'ennemi dans la musique. J'ai noué contact amical avec les artistes depuis de nombreuses années. J'étais d'ailleurs l'un des premiers à ouvrir un studio d'enregistrement de cassette selon le système multi-pistes (les musiciens viennent tour à tour enregistrer le son). Et j'ai aidé beaucoup à enregistrer leur album.

Même Petit Pays…
(Sourire) Vous savez, l'histoire de Petit Pays et moi, c'est toute une Bible. C'est plus une relation père et fils. Notre rencontre remonte à l'enfance. Nous avons grandi au quartier Bonakouamouang à Douala. Et lorsque j'ai commencé à jouer de la guitare vers 1977, Petit Pays faisait partie des jeunes volontaires qui chantaient pendant que moi je jouais. C'est ainsi que s'est opérée son entrée dans la musique. Plus tard, je suis devenu son guitariste, lorsqu'il s'est définitivement lancé dans la chanson.

Pour revenir au titre " Cameroun indépendant " était-ce important pour vous, d'y représenter les langues nationales ?
Nous sommes comme vous le savez, une mosaïque de peuples. Et nul ne peut avoir la prétention de réunir toutes ces langues dans un titre, fut-il de 6 minutes. Donc l'idée pour moi était de représenter notre diversité culturelle. Ce qui était important pour moi était surtout de réunir des artistes issus des 10 régions du Cameroun. Chacun interprétant dans une langue de sa région. Il y a une brochette de 21 ans artistes qui ont enregistré à Yaoundé, Paris, Douala. On retrouve entre autres, Annie Anzouer, Belka Tobis, Anne Marie Nzié, Jean Bikoko Aladin, Dina Bell

Quelle est la genèse de votre affection pour le rythme sawa " Abele "
Comme vous l'avez dit, c'est un rythme sawa et je suis moi-même sawa. Donc c'est d'abord un lien culturel. D'autre part, le peuple sawa a plusieurs rythmes musicaux (makossa, bolobo, ambassi mbey). Néanmoins étant plus jeune, j'ai assisté à plusieurs mariages. Au cours desquels, " l'Abele " est très joué, surtout pour accompagner la mariée. Ce rythme m'a ainsi marqué durant mon enfance et aujourd'hui que je me retrouve dans la musique, je m'attèle à le promouvoir.

Comment parvenez-vous à concilier votre carrière musicale à votre vie professionnelle ? Etant donné que vous êtes cadre à la société d'électricité Aes Sonel.
Je dois dire que l'entreprise Aes Sonel est une entreprise qui me soutient énormément dans ma carrière musicale. J'y suis depuis que j'ai terminé mes études. Et si j'ai pu concilier mes études et la musique, pourquoi pas mon travail professionnel et la musique ? Pour moi, cela a toujours été une question d'organisation. J'ai également la grâce d'avoir reçu l'intelligence qui me permet de réussir dans mes entreprises.

Pouvez-vous affirmer que vous vivez de votre musique, si l'on omet votre profession ?
Non, je ne vis pas de la musique (sourire en coin). Il est vrai qu'il y a des artistes qui vivent de la musique, mais ceux-là, sont vraiment rares. Vous savez qu'aujourd'hui, la musique ne fait pas vivre l'artiste moyen. Je vis essentiellement de ma profession. Vraiment pas de la musique.

propos recueillis par Monique Ngo Mayag

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