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Aladji Touré* : Le vrai makossa revient


Le bassiste camerounais présente la deuxième édition du "Aladji Touré Master Class".
Propos recueillis par Jules Romuald Nkonlak

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Vous avez lancé en 2006 les Aladji Touré Master Class. Aujourd’hui, un an après, quel est le feed-back que vous avez reçu de cette initiative ?
L’année dernière, le feed-back a été assez intéressant. Il y a eu, pendant la période de formation, une très grande participation des élèves. Ces jeunes-là, je les ai revus tous les trois mois depuis la fin de la dernière édition et j’ai fait beaucoup de choses avec eux. Je leur ai demandé où ils en étaient déjà par rapport à la formation qu’ils ont reçue. Beaucoup ont fait des progrès énormes et j’ai été agréablement surpris. Je pense que si les choses se passent bien, dans un temps relativement court les artistes camerounais, les jeunes talents surtout, vont progresser énormément.

On voit bien que les artistes en veulent, mais est-ce qu’il y a un feed-back ou un accompagnement des autres composantes de la société, les pouvoirs publics par exemple ?
J’ai eu quelques coups de fil de certaines personnalités de la place qui ont encouragé cette initiative. C’est vrai que j’attendais quand même beaucoup du ministère de la Culture. L’année dernière, il n’y a pas eu de réaction de ce côté-là. C’est une opération qui me coûte beaucoup d’argent, il y a quelques sponsors, par exemple Mtn qui a été vraiment présent au cours de l’édition précédente, et cette année il y a la bière Mützig qui me soutient. Ça commence à bouger.

Eriko, l’un des lauréats de la première édition vient de mettre sur le marché un album produit par vous. Quelles sont les qualités que vous avez décelées en ce jeune artiste ?
C’est quelqu’un qui chante vraiment bien, qui a quelque chose au niveau de la couleur de sa voix. C’est la voix de l’avenir. Il a tout ce qu’il faut et physiquement il est bien. C’est un artiste complet et il est bon musicien aussi, c’est-à-dire qu’indépendamment du fait qu’il chante bien, il a une très bonne approche au niveau de l’oreille et ça joue énormément. Il n’ y a pas que lui, il y a une jeune fille qui a été la meilleure chanteuse de l’édition 2006, elle aussi a un album qui va sortir bientôt. C’est ça notre souci, dénicher des talents et arriver à les placer

Vous parlez de dénicher des talents. Est-ce que cela peut conduire à relever le niveau actuel de la musique camerounaise ?
Notre musique a connu pas mal de lacunes ces dernières années. Les artistes en général suivent ce qui marche. A l’époque, il y avait des artistes comme Toto Guillaume, Ekambi Brillant… chacun avait son style. Aujourd’hui, quand on écoute un artiste, parmi ces jeunes talents-là, c’est tout le monde qui fait un peu pareil. Quand on a des connaissances musicales assez solides, je pense qu’on a les moyens de faire ce qu’on veut, on crée plus facilement, on peut faire des musiques bien élaborées, avec de belles mélodies, beaucoup d’harmonie. Je pense qu’à long terme, avec ce concept que j’ai créé, les choses vont bouger dans ce sens-là et il y aura quand même la qualité.

Ce passage à vide de la musique camerounaise n’est-il pas lié également au fait que ceux qui en ont fait la force se soient un peu retirés de la scène ? Je pense notamment à Toto Guillaume Aladji Touré, Ekambi Brillant…
C’est vrai qu’à un moment donné le terrain était vide et les gens sont venus alors qu’ils n’avaient rien à faire dans le métier. Ils ont proposé ce qu’ils avaient et comme il n’y avait pas vraiment le choix, tout le monde s’est aligné dessus et notre musique s’est enfoncée. Maintenant tout le monde est conscient. Toto Guillaume et moi, c’est vrai qu’on a eu un passage à vide également, je ne voudrais pas rentrer dans les détails, on a décidé de faire des choses ensemble. La preuve, il vient d’arranger un album qui marche très bien…

Il s’agit duquel ?
Il s’agit de Belka Tobis. J’ai arrangé un album de deux frères jumeaux, J Mako, ils ont été nominés à Canal2 Or et ils ont un clip qui est super. Je crois que le vrai makossa revient progressivement et on a aussi besoin d’être encouragés par le public.

Est-ce qu’on peut attendre un album de vous ?
C’est prévu pour la fin de l’année justement.

Pour revenir au Master Class, l’édition de cette année connaîtra-t-elle des innovations ?
Oui. Je viens par exemple avec un professeur de saxophone, alors que l’année dernière je n’avais pas d’instrument à vent. C’est déjà quelque chose qui pourra aider les musiciens qui jouent des instruments à vent, saxo, trombones… Il y a également un nouveau guitariste qui vient, un nouveau batteur, mais qui est très connu au Cameroun, Valéry Lobé, qui a arrangé l’album de Longué Longué, qui a arrangé aussi Douleur, Dinaly, donc c’est un musicien de grande envergure. Le pianiste de l’année dernière revient. On va être cinq professeurs. Je vais prendre un guitariste sur la place qui s’appelle Stanley. La formation va se passer sur deux semaines alors que l’année dernière elle n’a duré qu’une semaine. Je n’avais pas fait l’Ouest, le Nord-Ouest, cette année j’élargis jusqu’à Bamenda. Donc, il y aura Bamenda, Bafoussam, Douala et Yaoundé pour les présélections, ensuite je réunis tout le monde à Douala pour la formation.

Pouvez-vous nous rappeler les dates des présélections ?
Ça commence à Yaoundé les 16, 17 et 18 au Petit Tam Tam, à Bamenda c’est le 19 et le 20 au One Spirit, à Bafoussam c’est le 21 et le 22 au Hard Club. A Douala c’est du 24 au 26 mars au Jason City. Après je vais faire un concert d’ouverture le 30 ou le 31 mars avec les musiciens et les lauréats de l’année dernière, et ensuite la formation se tiendra du 2 au 14 avril au Jason City.

(* ) Dans l’édition d’hier, une malencontreuse confusion nous a fait publier, au lieu de celle-ci, une interview d’Aladji Touré vieille d’un an. Nous nous en excusons auprès des lecteurs et du concerné
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