Livre : Des Pygmées dans la camionnette du développement


A travers un récit, l’écologiste Jean Nke Ndih vient de publier l’histoire de l’émancipation d’un jeune Bagieli.

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A mi-parcours entre le témoignage et l’essai, le livre de Jean Nke Ndih est une ballade au cœur de l’aventure humaine. Un voyage au cœur de l’une des communautés considérées comme les plus anciennes d’Afrique: Les Pygmées encore appelés Bagieli ou Baka. Dans cet ouvrage de 192 pages, l’auteur établit dès les premières pages par des faits, la marginalisation à laquelle font face ces populations du cœur de la forêt dont Jean Nke, lui-même fils de la forêt équatoriale du Cameroun, fait connaissance au cours de ses travaux de recherche sur la biodiversité et le mode de fonctionnement des peuples de l’immense bassin du Congo.

L’histoire de raconte l’auteur du «Pygmée et la camionnette de l’émancipation», pourrait s’appliquer à plus d’un enfant d’Afrique exposé à la non scolarisation et à la pauvreté. Il s’agit de tranches de vie du jeune Neme (le cœur –en Eton-, la langue maternelle de Jean Nke Ndih). Dans la bourgade de Massaka, le médecin du coin reçoit en urgence son enfant malade, inconscient et très affaibli. En dépit des soins quasi intensifs apportés à l’enfant, son état ne s’améliore pas. Au contraire. Et pourtant, les examens n’ont rien révélé d’anormal. Désemparé après une semaine de traitement, le talentueux et très compétent médecin que ses patients disent dévoué, ne sait à quel saint se vouer. C’est alors que la mère de l’une de ses patientes ayant accouché lui conseille de se rendre chez un guérisseur Bagieli.

En effet, pour cette femme que le praticien considère comme sa maman, l’enfant du médecin pourrait souffrir d’envoûtement. Après une nuit de discussion avec son épouse plus encline au traitement du guérisseur, le médecin décidera de se rendre au campement des Bagieli à qui il fallait garder des présents: Du sel, du savon, des cigarettes, des allumettes, des vêtements et de la verroterie. Il en fallait surtout aussi pour le protecteur des Pygmées: Akoundi, un Bantu devant servir d’interface entre le guérisseur et le médecin. Tout ce viatique rempli, le médecin, à la tête de sa famille se rend chez Ndjoundjou dont le traitement est concluant au bout de quelques jours au terme des rites d’une société secrète.
Pendant le séjour du couple qui n’avait jamais auparavant séjournée dans la forêt dense, il en profite pour goûter aux richesses de la nature, vit au grand air et découvre l’intéressante vie communautaire de ce groupe ethnique par toujours en harmonie avec les Bantu voisins.

Nouvellement installés dans ce campement, les Bagieli pour qui les vertus thérapeutiques sont entre les mains de Dieux, lui donnèrent le nom de «Fek Yop» (sagesse et grâce du Ciel). Au terme du traitement du fils, le médecin à qui le campement a donné le nom de Essiganv, décidera d’emmener avec lui le neveu, Neme (lui-même récemment malade), de Ndjoundjou. Il lui fera apprendre la mécanique et lui remettra une camionnette (une 404) au bout de son apprentissage. De retour à Fek Yop, le jeune Neme qui a appris beaucoup d’autres choses en ville, décide de les partager avec l’ensemble de sa communauté. Il parcourt les campements avec son véhicule. Durant ses tournées, il sensibilise les Bagieli sur la nécessité de s’inscrire à l’école et les vertus du savoir. Dans cette aventure, Neme n’hésite pas de susciter des infrastructures. Devenu très populaire, il est pris par le rêve de faire la politique. Plus tard il se présente aux élections municipales. Véritable champ d’amour et d’humanisme, le livre de Jean Nke Ndih donne de l’Afrique l’image d’un espace vivant qui sait aimer et fraterniser. Et entonne surtout dans un style particulier à l’auteur, l’hymne à la civilisation universelle. Celle chaque jour bâtit par les apôtres du dialogue des cultures.

Léger Ntiga

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