Littérature : Laurent Gomina-Pampali évoque mars 2003


C'est vendredi dernier que l'auteur centrafricain de "Les miraculés du Boulevard Charles de Gaulle" a procédé à la dédicace de son livre.

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Comme si Marcelin Vounda Etoa avait perçu la crispation des lecteurs de "les miraculés du boulevard Charles de Gaulle" de l'auteur centrafricain Laurent Gomina-Pampali, il a, dès l'entame de la discussion avec la presse vendredi dernier, tenu à mettre ces écrits dans le contexte littéraire. Selon le directeur des éditions Cle où a paru l'ouvrage, les personnes qui se contenteraient d'une lecture superficielle de l'ouvrage, "seraient tentées de penser que l'auteur s'est contenté de raconter son histoire. Cependant, il a [plutôt] adopté une technique littéraire qui [n'est rien d'autre que] la mise en abîme. Ici, l'auteur se sert de son expérience pour raconter ce qu'il a vécu."

Dans son ouvrage de 91 pages en effet, l'auteur revient sur "les jours troubles de mars 2003 en Centrafrique" sans toutefois mettre son récit dans le contexte politico-social dans lequel les évènements se sont déroulés. Au grand dam des lecteurs à l'affut des révélations croustillantes sur ces évènements. Explications de l'auteur: "je ne pouvais pas théoriser sur ces évènements. Tout ce que je pouvais donc faire était de restituer de manière brute les moments importants de ma vie. C'est quelque chose qui est sorti de mon ventre ; la peur de mourir que je décris, la crainte de voir ma famille vivre des moments difficiles ; tout cela a contribué à faire du livre ce qu'il est. Je ne m'intéresse pas spécialement au changement politique".

Tout au plus, on ressent, au fil du récit, la forte admiration que l'auteur a pour la France et la francophonie. "J'ai un véritable attachement pour la francophonie. Je ne suis pas dupe car, je sais que c'est une grosse machine qui peut aider les personnes éveillées ou détruire les francophones endormis. On peut en obtenir beaucoup de choses sans se faire d'illusions" dira-t-il à la presse. Dans le livre en effet, l'auteur raconte comment des hommes, des femmes et des enfants en danger de mort attendent pendant des heures devant le portail fermé de l'ambassade de France à Bangui, habités par la peur de se faire massacrer par des assaillants qui viennent de prendre la capitale. Seulement, tout au long du récit, il évite soigneusement de mentionner le nom du nouvel "homme fort" de Bangui, François Bozizé qu'il se contente d'appeler "Le général" tandis qu'Ange Félix Patassé est tout aussi rebaptisé. "Je m'inscris dans l'option de ne pas opposer des camps", lançait-il à ce propos vendredi dernier au cours du déjeuner littéraire qui marquait la sortie officielle de son livre.

A cette occasion, il n'a pas manqué de dire le regret qu'il avait, dans ces moments, d'avoir laissé son poste d'enseignant qu'il a d'ailleurs retrouvé au lendemain de ces jours troubles, sans pour autant se défaire du virus de la politique. "La politique est comme un poison, on le boit jusqu'à la lie. J'assume ce que j'ai dit dans ce livre. A un moment donné, je me suis dit que si j'avais continué ma carrière universitaire le plus longtemps possible, je n'aurais peut-être pas été obligé le jour où il y a eu un changement en politique dans mon pays, de courir et me sentir en insécurité. Parce que, un homme politique a toujours peur que, à un moment trouble, que les gens viennent attenter à sa vie. Même s'il n'a rien fait, il y a toujours ce risque là car les moments de troubles sont toujours des moments difficiles". Confie l'auteur qui dit espérer que son livre contribuera à la prise de conscience des jeunes, des populations de son pays et des pays de la Cemac, et se rendront compte il s'agit de toujours faire des efforts humains pour le respect des droits de l'Homme, et que tout peu arriver à tout moment et à tout homme.

Dorine Ekwè

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