En 2003 vous avez sorti votre premier album "Mungo" puis composé en 2005 la musique du film "les saignantes de Jean Pierre Bekolo" après avoir longtemps accompagné des artistes dans les chœurs. Quel bilan faites-vous de votre carrière musicale?
J'ai eu de belles rencontres et j'ai appris mon métier sur le tas, n'ayant pas eu l'opportunité de fréquenter une école de musique. J'ai apprécié toutes mes expériences musicales au cours des 20 dernières années, car positives ou négatives, elles m'ont fait évoluer. J'ai maintenant envie de me consacrer beaucoup plus à de la création personnelle. La création personnelle c'est-à-dire que j'accompagne de moins en moins les autres (je n'ai pas arrêté les chœurs juste parce que j'ai fait un disque). Avec les chœurs, j'ai rencontré beaucoup d'artistes prestigieux. Je suis beaucoup marquée par une façon de travailler, un professionnalisme, que par le renom. Quand on les côtoie on relativise, certains sont des gens très intéressants humainement, d'autres pas du tout.
Après la musique, vous revenez à vos premières amours: le dessin. Qu'est-ce qui explique votre désir de vous remettre dans cet univers?
Après mes études de dessin et d'Histoire de l'Art, j'ai immédiatement bifurqué vers la musique, ce qui m'a fait totalement négliger mon art premier pendant plus d'une décennie. Il fallait que j'y revienne. Etant toujours dans la création, c'est aussi une manière de trouver l'inspiration musicale car je suis sur deux projets simultanés d'albums. Et puis j'ai ressenti comme un besoin de me remettre à dessiner depuis 3 ans maintenant, après avoir totalement arrêté pendant 8 ans. Le dessin est aussi un moyen plus facile de toucher plus de monde, notamment les plus jeunes.
On annonce en décembre votre album illustré "Petit Joss". Pourquoi ce titre ?
C'est l'école primaire que j'ai fréquentée dans les années '70 à Douala. J'ai gardé d'excellents souvenirs du Cameroun de cette époque, la vie était douce, on était globalement heureux même si les problèmes ne manquent jamais. J'ai eu envie de partager cela avec le plus grand nombre, et rompre aussi avec l'imagerie négative généralement véhiculée lorsqu'il s'agit de l'Afrique. A l'école que j'ai connue, personne n'allait pieds nus, personne ne marchait 10 kilomètres tous les matins, personne n'avait le kwashiorkor, personne ne vivait dans une case etc.
Peut-on avoir un résumé et une idée de la façon dont cela va être conduit?
C'est une compilation de plusieurs anecdotes de vie scolaire, par exemple deux filles font l'école buissonnière pour voir ce que ça fait, et ça ne se passe pas tout à fait comme elles le pensaient ; ou alors le potager de la directrice qui réserve bien des surprises…Il faudra se le procurer pour savoir la suite !
Y-a-t-il d'autres projets en cours de réalisation?
Des tas ! Après " Petit Joss ", j'enchaîne sur un roman historique du XVIIIe siècle que je dois illustrer, donc pas mal de travail de documentation (costumes, décors) ainsi qu'une série de portraits de grands Africains ; sans compter les nouvelles chansons que je dois finir d'enregistrer.
Parlez nous de votre expérience comme illustratrice...
Vous avez peut-être entendu parler de " Tiwa et la Pierre-Miroir " écrit par Serge Bilé et Joby Bernabé, que j'ai illustré en 2006 ; il y a également une fresque de 15m² que j'ai réalisée dans une église en région parisienne (1998) ; un conte, " Petite la Coccinelle " de Claudine Milteau; un recueil de poèmes " Eclats de Vers " de Jeanne-Louise Djanga ; " Le Royaume de Longo " de Nadia Origo, " Petites Histoires de la Bible racontées aux enfants " de Nadia Origo ; "Slamophonie", recueil de slams… Je n'ai pas chômé en 3 ans, ce qui m'a fait un peu négliger la musique !
Peux-tu nous parler du collectif de dessinateurs de Bd qui est en cours de création au Cameroun?
Il n'est pas en cours de création, il existe déjà depuis longtemps ; j'essaye juste d'apporter ma pierre à l'édifice afin de faire quelque chose avec mes compatriotes, je suis notamment en contact avec Richard Elombo Ngokobi et Almo the Best que vous connaissez bien ; qui eux travaillent là-bas depuis longtemps pour la reconnaissance de la BD comme art majeur au Cameroun.
Propos recueillis par Dorine Ekwè





