Mythologie : Jo N'gala fait le tour du Cameroun en musique


Dans son dernier opus, le guitariste revisite avec bonheur différents rythmes du terroir.

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C'est à une véritable odyssée du pays profond que s'est livré Jo N'gala dans sa dernière livraison. Avec Mone'Ekang en effet, le mélomane n'en finit pas de se demander de quelle région est originaire ce guitariste tant la richesse de ses compositions est frappante. Une richesse qui donne à voir à tout étranger la variété des rythmes au pays de Manu Dibango. Une variété dont pourrait utilement inspirer les artistes musiciens d'aujourd'hui, très portés sur la facilité pour nombre d'entre eux.

Car il faut le dire, la qualité de Mone'ekang est de première main. Comment en aurait-il d'ailleurs pu autrement quand l'on prend en compte la signification même du titre de l'album. A l'évocation de Mone'ekang , les initiés des cultures de la forêt de chez nous pensent au syncrétisme artistique qui fait la part belle à une fusion de rythmes du cru. Plus prosaïquement, cette terminologie renvoie à l'histoire de cet "Homme bleu" "venu de l'Egypte ancienne qui parcourut le continent, semant à son passage le message de la paix, de la fraternité et de l'humanité qui allaient plus tard constituer l'esprit bantu", commente Jo N'gala.

C'est donc fort de tout cela que l'artiste, guitare en bandoulière, a entamé il y a quelques années un périple très artistique à travers le monde où il nous ramène cette succulente galette. Galette que l'on peut placer surla lignée d'un "Traveller" de son aîné Vincent Nguini et qui aujourd'hui constitue l'une des meilleures réponses que son pays peut apporter au rendez-vous du donner et du recevoir universel. Voir aussi de "Folk's Vision" du regretté Tom Yom's dont le succès en son temps permis aux mélomanes de comprendre que la musique de recherche pouvait prendre pied dans un contexte qui venait de subir une tension politique et une conjoncture économique des plus difficiles.

Dans cet album, la polyphonie du musicien n'est pas la seule note positive. Il y a aussi les genres musicaux. C'est ainsi que le conte exprimé dans In the no way épouse magnifiquement un rythme de carnaval exhalé avec maestria par le titre qui se situe au frontispice de l'album et que son auteur appelle très affectueusement Jumpy Jumping. Dans ce dernier en effet, Jo N'gala essaie avec succès de mettre d'accord les tenants du bolobo et de l'essewé cher aux jumeaux Masao. Le Sud n'est pas oublié avec Mone'ekang ou Nkulu qui a même des relents de high life surtout au niveau des cordes. Et parce que l'homme Ekang était un esprit infaillible, l'auteur compositeur ne se laisse point corrompre par ces rythmes, réussissant toujours à leur conférer cette part d'universalité à même de leur permettre de s'exporter sans anicroche. Pour se qui est des thématiques, Jo N'gala chante l'Afrique, la morale, sa mère, la paix, l'harmonie qui doit régner entre ses concitoyens. On pourra aussi saluer au passage les chœurs d'une Coco Mbassi au meilleur de sa forme ainsi que la qualité sonore de cet album de 15 titres enregistré au Bonafide Studios de Londres l'année dernière. Album que l'on peut retrouver dans les bacs au Cameroun, distribué par Culture Mboa.

Repères
Artiste: Jo N'gala
Titre de l'album: Mone'ekang, the mystic man
Produit par Jo N'gala et Bb music
2008, 15 titres
A écouter: Jumpy Jumping ; In the no way, Nkulu

Parfait Tabapsi

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