Musique : Le samelin royal est né


Wassipe Engemus l'a présenté jeudi dernier au cours d'un spectacle au Goethe-Institut de Yaoundé.

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Depuis quelques années maintenant, le chanteur et instrumentiste Keng Godefroy et quelques autres comme l'organiste Talla Jeannot ont porté au pinacle de la musique camerounaise le samalin. Un rythme de la région de l'Ouest et plus précisément de l'entité composant l'ancien département de la Mifi. Une mise en abyme qui a eu le don de porter l'attention dur cette musique des grandes cérémonies que beaucoup ne connaissaient pas, conquis qu'ils étaient par les hits à la dimension internationale d'un André-Marie Tala (tchamassi) ou d'un Sam Fan Thomas (makassi). Depuis près de dix ans donc, des tubes comme "Feussap" ou "La magie c'est le travail" bercent les mélomanes et contribuent à égayer des soirées récréatives entre amis dans les cités urbaines loin de Bafoussam.

Ce qui n'est pas pour fâcher les ressortissants de cette région du soleil couchant qui savent bien que ces sorties ne révélaient pas toute la puissance et la quintessence d'un rythme que l'on gagnerait à mieux connaître. C'est sans doute dans cette perspective qu'il faut placer la sortie de l'artiste Wassipe Engemus jeudi dernier au Goethe-Institut de Yaoundé. Qui dans une présence scénique mémorable a partagé avec le public nombreux ce qu'il appelle "Le samelin version royale". Une forme qui se veut plus soft, réfléchi et plus philosophique. Moins saccadé donc ! Accompagné de cinq musiciens (cordes, piano et percussions) il a entraîné son public vers les vertes prairies de son Bamedjou natal où il ne s'est pas ennuyé.

Compositions
Comment aurait-il d'ailleurs pu en être autrement quand on sait que la vedette de la soirée est bien Francis Sumegne, celui-là même qui dans une autre vie sculpta avec réussite la statue dite de La nouvelle liberté du rond-point Akwa à Douala. Pendant 90 minutes donc, le public a admiré les pas de danse de ce nouveau chanteur et instrumentiste dont la technique a édifié plus d'un. Si beaucoup n'ont pas compris le message, il reste que l'harmonie des compositions et les mélodies étaient à un bon niveau. Pour un rendu d'ensemble appréciable comment pouvaient l'attester les applaudissements à la fin de chaque thème. Et cela même si l'on a pu remarquer sans difficulté que l'artiste était toujours dans sa "quête de soi". Une quête qui gagnerait à se préciser rapidement tant le spectacle fût apprécié. Pour ce faire, il faudra au groupe encore du travail surtout pour ce qui est de l'harmonisation des cœurs et des instruments qui parfois débitaient des sonorités pour le moins incohérentes.

Un préposé à l'orchestration serait le bienvenu donc. Les guitaristes pourraient aussi rehausser la qualité de l'ensemble en faisant preuve de plus de spontanéité et en variant les gammes. Wassipé serait également bien inspiré d'incorporer les autres attributs de percussions qui confèrent au samalin toute son originalité comme les castagnettes, les grelots et autres balafons. Dans sa quête aussi, il pourrait toujours adjoindre un zeste de cuivre par moments ou sur certains thèmes. Mais en attendant, le public a fait savoir à l'auteur qu'il serait souhaitable que la prochaine sortie arrive dans les meilleurs délais. Ce à quoi Wassipé Engemus ne semble pas accorder pour l'instant beaucoup d'importance. Il souhaite pour l'instant travailler encore avec son groupe et son principal soutien, l'association Positive House que pilote Dieudonné Fokou, pour se rapprocher de plus près de cette forme de samelin qu'il entrevoit seulement pour l'instant. Dans tous les cas, tout ce qui est royal ne se fait-il pas désirer ?

Parfait Tabapsi

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