Musique : Papillon s'envole vers les sommets


L'artiste vient de commettre un nouvel album, avec l'appui de Papa Wemba, Henri Njoh et Stéphane Dayas

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C'est un fait inédit. Pour contenter une certaine catégorie de fans, qui n'a cessé de se plaindre auprès de l'artiste, Papillon chante pour la première fois en banen, la langue de sa défunte mère. "Mona banen" est, en réalité, un hymne à la fois interpellateur et rassembleur de tous ces fils banen éparpillés à travers le monde, afin que ceux-ci puissent parler le même langage. Ils apprécieront… Depuis quelques jours, le Maréchal est en effet dans les bacs avec une nouvelle œuvre artistique au nom évocateur : "Piler le mil ". Il s'agit d'un album de neuf titres, enregistrés aussi bien au Cameroun qu'en France et aux Etats-Unis d'Amérique. Pas moins de 30 musiciens et chanteurs y ont apporté leur expertise. Parmi les plus connus, on retrouve Manu Dibango, Lady Kashila, Guy Nsanguè, Stéphane Dayas, Henry Njoh, Nono Flavie.

Dans le fond, "Piler le mil", le titre éponyme de l'album, est à ranger dans la catégorie des chansons qui ont fait la réputation de son auteur : des paroles quelque peu en dessous de la ceinture, un thème sensible sur les promesses non tenue en amour, le tout macéré dans un rythme hyper dansant, le Makossa Sakissa ! "Je le sais, tu le sais : cela fait longtemps que j'attends le mariage. Tu m'as toujours promis. Tu m'as fait rêver toute la nuit. Le week-end, c'est moi : toujours piler. Toute femme ne rêve que de mariage et de bonheur, mais toi tu m'as trompé, trompé ; tu m'as toujours menti. Allons donc voir mes parents, tu me tournes…", se plaint Papillon. L'artiste revêt ainsi la robe d'avocat, pour plaider la cause de toutes ces femmes désabusées ; pour dénoncer l'ingratitude et la cupidité des hommes.

Et pourtant, dans "Mussawedi", le Maréchal Papillon enseigne que chacun de nous ne récoltera que ce qu'il a semé. Comme pour mettre en garde les vicieux et, singulièrement, tous ceux-là qui passent leur temps à colporter des histoires invraisemblables concernant les autres. On apprécie ici, l'intervention vocale d'un Papa Wemba au mieux de sa forme. L'artiste congolais chante en duala et en lingala, pour accompagner son confrère Papillon dans ce titre qui dévoile un style qu'on connaît très peu au Maréchal. "Arrêtez de parler. Arrêtez de moucharder, la rumeur ne paye pas…", soutient Papa Wemba. Les featurings, Papillon en offre d'ailleurs à la pelle dans ce nouvel opus. Stéphane Dayas, lui aussi, est dans le coup.

Sa voix chatoyante est notamment perceptible dans la chanson "Dibe ndolo" (soyons amour) ; où les sonorités jazzy prennent le dessus dans l'orchestration.
Le Sakissa est davantage relégué aux oubliettes dans "Zambé", un reggae conçu par le Maréchal pour demander à ses contemporains d'arrêter de se plaindre tout le temps de leurs misères. Et pour cause, "Toi qui dit que tu souffres, sais-tu comment vivent les autres ? Si tu vois la souffrance des autres, tu vas te préférer. Il y a des gens qui ne dorment pas la nuit, qui fréquentent les marabouts, les charlatans et autres, à la recherche du bonheur ; alors que tout vient de Dieu", croit-il savoir. Conseil : "Personne ne peut changer ton destin. Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finit toujours par se lever…". "Chacun pour soi" est ainsi une salsa à la sauce cubaine, tel que Papillon a habitués ses fans à en cuisiner depuis l'épopée de l'album intitulé "Monsieur le nettoyeur" en 2001, qui rappelle que chacun de nous est maître de son destin.

Et devrait assumer sa vie jusqu'à bout de souffle.
De toute les façons, le titre "Poussière", lui, est une occasion pour l'artiste d'évoquer la boulimie dont font montre certains Hommes. Qui accumulent des richesses aux côtés des nécessiteux, alors qu'ils n'emporteront rien au moment de quitter la terre. Avec Henry Njoh, Papillon ressuscite ici la fameuse notion de "vanité des vanités" si chère à l'aîné Eboa Lottin, de regrettée mémoire. En attendant l'heure de départ, l'artiste conseille donc simplement l'amour entre les prochains. "Séré mba", un slow langoureux goupillé avec l'appui vocal de la jeune Mimi de Paris, véhicule fort opportunément ce message. Dans l'ensemble, "Piler le mil" semble conforter la réputation de Papillon, qui a récemment célébré 20 années d'une carrière musicale riche d'une quinzaine d'albums personnels. D'ailleurs, pour marquer sa nouvelle dimension, l'artiste s'est fabriqué un nouveau pseudonyme. Désormais, il se fait appeler… le Samouraï !

Eugène Dipanda

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