Koffi Olomidé : Je vais donner le meilleur de moi


En égrainant quelques notes de guitare, l'artiste congolais nous a reçu hier, a parlé de son impatience de renouer avec le public camerounais et évoqué les "malentendus" qui l'ont éloigné de certains opérateurs culturels avec lesquels il dit avoir fait la paix.

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Vous êtes annoncé au Palais des sports de Yaoundé samedi à 21h. Les billets sont déjà en vente à l'hôtel Hilton de Yaoundé pour 100.000fcfa, 50.000Fcfa, 25.000FCfa, 15 et 10.000Fcfa. Confirmez-vous votre présence à ce rendez-vous?
Je suis venu au Cameroun en ami sur invitation d'un ami, Jean Claude Bekolo, l'homme d'affaires camerounais. Il m'a fait l'honneur de m'inviter à l'inauguration de sa station service à Akonolinga où j'ai presté. Il veut me donner l'occasion de me réconcilier avec mon public camerounais parce qu'il y a eu beaucoup de malentendus par le passé. Moi, je vais donner le meilleur de moi-même parce que ça fait plus de dix ans que j'attendais l'occasion de mettre les points sur les "i ".

En parlant de points à mettre sur les "i ", on suppose que vous évoquez ainsi les différents spectacles manqués ces dernières années au Cameroun?
Quand je parle de réconciliation, je c'est peut-être un bien grand mot. Je n'étais pas fâché avec le public il y a eu des rendez-vous manqués pour des raisons indépendantes de ma volonté. Il n'y avait pas de problèmes. La preuve, j'ai circulé dans les rues de Yaoundé et j'ai eu l'occasion de voir le public heureux de me voir. Parlant des spectacles manqués, je pense que vous faites allusion à mes rapports avec Mme Anchang. J'ai eu l'occasion d'harmoniser nos rapports avec elle, Charles Loïc et les autres donc, il n'y avait pas de problèmes, il n'y avait que des malentendus car s'il y avait eu des situations plus graves, je n'aurais pas pu entrer sur le territoire camerounais.

Qu'est-ce qui est à l'origine de ces malentendus qui durent depuis dix ans?
Comme je l'ai dit tantôt, ce sont des malentendus et depuis mon séjour au Cameroun, nous avons eu le temps d'harmoniser nos rapports. On n'est plus là pour parler des choses qui ne vont pas mais plutôt de ce qui peut nous unir. Donc, je salue tous ces amis qui aiment Koffi Olomidé, l'artiste et qui n'ont pas pu, peut-être dans le passé faire ce qu'ils auraient voulu faire par le passé avec moi, je le précise encore, pour des raisons diverses. Maintenant tout ceci est derrière nous et on va repartir d'un bon pied et je donne rendez-vous au palais des sports de Yaoundé. Mon groupe et moi, avons la fièvre qui monte, il nous tarde d'être sur scène et de faire plaisir à tous les camerounais, pas seulement aux fans de Koffi.

Une idée du répertoire que vous allez jouer au public camerounais demain lors du spectacle prévu dès 21h au Palais des sports?
Au jour d'aujourd'hui, j'ai 200 chansons. Le dernier album c'était l'album sans nom et les gens connaissent un peut le Koffi de l'époque Tcha Tcho. Il ya quartier Latin d'aujourd'hui depuis Monde arable, Sylvie… On aura l'embarras du choix. Mon plaisir sera de laisser le public choisir ses chansons de sa préférence. Je vais m'y plier. Je serais au service du public demain, je tiens à faire honneur à mon ami JC Bekolo qui m'a donné cette opportunité. Il ne faut pas qu'il regrette de me l'avoir offerte.

Vous avez la réputation d'arriver parfois trois heures après l'heure prévue pour le début du spectacle. Promettez-vous d'être à l'heure demain au Palais des sports?
Vous noterez que je n'arrive pas sur le lieu du spectacle. On m'y emmène. Après tout, je ne peux pas circuler seul si on ne m'y conduit pas donc, c'est l'organisation qui va m'y conduire. Je suis déjà à Yaoundé. C'est à l'organisation de faire les choses de telle sorte que je puisse être sur scène à temps. Et puis, vous savez qu'en Afrique, on aime l'ambiance la nuit. Quand on dit 20h, c'est en effet le moment où les portes du lieu du spectacle sont ouvertes avant que la première partie ne soit lancée et que l'artiste invité ne se produise. Il n'y a pas de craintes à avoir. On va faire le show. Je suis déjà à Yaoundé et je considère que je suis déjà à l'heure.

En dehors des scènes; qui est Koffi Olomidé?
C'est quelqu'un qui aime les autres, l'intelligence, le travail. Koffi c'est un grand travailleur, quelqu'un de très rigoureux qui n'est pas parfait mais aime la perfection et ce qui est bien fait. C'est le petit frère de Jésus.

Vous serrez votre guitare très fort sur votre cœur. Est-ce que votre épouse doit la considérer comme sa rivale?
Oui, tout à fait car, c'est à cet instrument que je dois la vie que j'ai aujourd'hui. Moi, j'ai commencé à gratter sur les cordes de cet instrument et avec les notes que je sortais, je transformais pleines de chansons d'autres personnes avec qui je travaillais avant et c'est par la suite que je me suis lancé dans la musique. J'avoue qu'à cette époque, c'était davantage pour me distraire que je le faisais et mon père ne souhaitait pas entendre dire qu'un de ses enfants faisait de la musique. C'était dégradant pour lui à l'époque. Aujourd'hui, je suis fier quand j'entends mon père dire "je suis le père de Koffi Olomidé".

Comment gérez-vous votre temps entre votre carrière d'artiste et votre vie de famille?
Mon travail, c'est ma vie. Il faut peut-être noter que la rivalité entre Mme Olomidé et ma guitare est virtuelle. Ma vie privée, c'est ma vie privée et ma guitare, c'est ma vie professionnelle. Ça se mélange bien et jusque-là, je n'ai jamais eu de problèmes majeurs à gérer entre les deux mondes. Ça se passe bien.

Combien d'enfants avez-vous et combien de fois vous êtes-vous marié?
Tous les enfants du monde sont les miens je les aime beaucoup et quand on aime, on ne compte pas. A la maison il y en a trois ; Del Pierro, Mourinho, St James, la grande sœur c'est Didi Stone Nike. Ils ont entre 10 et trois ans. Je n'ai eu qu'une épouse. Je n'ai jamais divorcé la seule fois où je me suis marié, c'était le 15 avril 1995 à Paris. C'est la seule fois où j'ai porté l'alliance.
Comment se fait-il que le brillant étudiant que vous avez été, titulaire d'un diplôme en sciences commerciales, se soit finalement lancé dans la musique?
Quand j'étais étudiant, dans ma cité universitaire à Bordeaux, j'attirais les regards. Je donnais du plaisir avec tous les voisins avec ma guitare ça leur faisait du bien. Moi-même je ne me rendais pas compte que j'étais en train de devenir artiste, chanteur. Ce n'est que lorsque j'ai terminé mes études, mon père a accepté que je fasse de la musique mon métier. Il l'a fait du bout des lèvres. A cette époque, on m'appelait l'étudiant le plus célèbre du Zaïre. J'étais leur nègre et ça a fini par se savoir.

Dès le départ, vos thèmes ont captivé beaucoup de femmes…
Je pense que c'est juste une prédisposition naturelle. J'ai tout de suite chanté l'amour, la tendresse. Les femmes sont les premières à y être réceptives. Les hommes le sont aussi mais ne le crient pas sur les toits, les femmes le montrent plus facilement.

Ça vous a valu les quolibets de certains de vos concitoyens qui vous prêtent pleines de liaisons…
Je chante, l'amour. Et comme je vous le disais tantôt, je ne le fais pas spécialement pour les femmes, mais elles me témoignent toujours leur gratitude. La preuve il y a quelques semaines, avant que je ne vienne au Cameroun, j'étais sur un plateau de télévision et les femmes de l'association des femmes commerçantes du Congo ont débarqué et ont décidé, séance tenante de me faire appeler papa fleur. Pourquoi papa fleur, parce qu'elles estiment que je leur en donne tout le long de leur vie à travers mes chansons dans lesquelles elles se retrouvent, ces chansons qui leur font du bien, tout simplement. Ces femmes là, elles m'ont touché par leur geste sans pour autant que je les connaisse. On raconte toujours beaucoup de choses autour de moi et j'ai fini par m'y habituer.

Vous êtes vous également habitué au fait qu'on annonce très souvent votre décès, comme cela a été le cas au mois de janvier dernier?
Qui peut s'habituer à cela ? J'ai été heurté par cette façon de faire des personnes qui ont annoncé mon décès des suites d'accident de la circulation. Ce n'est pas seulement pour ma personne, non. J'ai vu ma mère mal en point, elle a pleuré toutes les larmes de son corps quand on lui a annoncé cette nouvelle. Elle a failli ne pas me croire quand je lui ai parlé au téléphone. Comment des gens peuvent inventer de telles histoires et être sereins. C'est de la méchanceté, tout simplement.

Vous avez pratiquement 56 ans ; est-ce qu'il vous arrive souvent de penser qu'un jour, vous allez arrêter avec la musique?
Je ne pense pas qu'il y ait un âge pour faire de la musique. Elle n'a ni âge, ni frontières. Je me dis qu'il y a encore du temps devant moi pour m'améliorer et satisfaire le public.

Une jeune vague d'artistes s'annonce. Vous pensez à leur faire de la place?
[Léger étonnement] Je suis jeune moi-même et il y a toujours de la jeunesse autour de moi à travers le quartier latin. Je ne me suis jamais senti vieux ; je ne sais pas ce que c'est que d'être vieux. Essayez-moi et vous verrez, je puis vous assurer que je ne suis pas vieux du tout.

Propos recueillis par Dorine Ekwè

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