Jeudi 28 mai dernier, c'est une Chantal Eliane Yetna radieuse accompagnée de sa mère qui recevait le "Grand prix de la nouvelle" organisé par le magazine Planètes Jeunes. C'était au siège de sa représentation sous-régionale de Yaoundé. Devant le parterre de journalistes accourus, elle ne manqua pas de dire son bonheur d'avoir ainsi été primé par un concours où les Camerounais n'ont jamais manqué au podium depuis sa première édition en 2007.
Ce n'est pas pourtant à une joie exubérante que l'on eût droit cette après-midi là. Car à l'évidence, cette jeune enseignante d'anglais de 24 ans ne semble pas se laisser emporter par le cours des événements. Elle paraissait surtout plus posée et un brin réfléchie pour son âge, mais que ses occupations professionnelles lui imposent. D'ailleurs, elle a tenu à ne pas associer son établissement (Lycée de Mballa II) à la cérémonie, préférant répondre à la question qui n'avait pas manqué que "ce prix est une affaire privée".
C'est peut-être dans sa situation familiale qu'il faudra aller chercher les ressorts de cette façon d'être où l'amalgame n'est pas de mise. Une situation qui laisse entrevoir que l'effort est la chose la plus partagée. Surtout lorsque l'on sait qu'elle a perdu son père à neuf ans et a été portée à bout de bras par une mère qui n'a point abdiqué, inculquant à sa fille l'esprit d'abnégation et du travail bien fait, et cela malgré le décès en 2004 de sa fille aînée. Avec au bout des lauriers qui en disent long sur l'avenir. Ce prix composé d'un trophée et d'une enveloppe de 200.000 Fcfa n'est point la première récompense à mettre à l'actif de la prof d'anglais. En 2007 déjà, elle se retrouvait sur le podium du prix de la nouvelle organisé par le Centre pour la promotion du livre en Afrique (Crepla). Un espace littéraire qu'elle fréquente depuis de nombreuses années et où elle a pris connaissance du concours qu'elle vient ainsi de remporter. L'autre performance qui mérite d'être signalée ici c'est la deuxième place du prix de la nouvelle obtenue au concours organisé par les Cabarets francophones de l'association Pygmoïd du chansonnier Donny Elwood en 2006.
Sur son penchant pour la littérature, Chantal Yetna avoue ne plus se souvenir de la période de son commencement. "Je lis et écris depuis que j'ai su le faire. Mais je dois ajouter qu'au départ j'avais un penchant très fort pour la poésie. Ce n'est que depuis quelques années que j'ai attrapé le virus de la nouvelle et du roman". Et pour ce qui est des projets, elle déclare être "en train de préparer un recueil de nouvelles que je compte publier prochainement". Un moment qu'attendent certainement ses jeunes élèves de Mballa II qui furent les premiers à l'informer de sa victoire au concours de Planètes Jeunes. Avant de s'étonner de la jeunesse de la demoiselle qui jusque là ne leur faisait pas ses 24 balais. Et si d'aventure elle avait quelques problèmes de style, elle pourrait toujours replonger dans les romans de Calixte Beyala qu'elle dévore au fur et à mesure des sorties "sans toutefois la prendre pour modèle", car l'un de ses auteurs préférés à pour nom Alain Mabanckou qui lui a ouvert les portes d'une littérature congolaise qu'elle apprend chaque jour à découvrir.
Parfait Tabapsi





