Huit ans après sa mort son nom est au centre d'activités aussi diversifiées qu'était le talent de l'auteur du Fils d'Agatha Moudio. Sur le site qui lui est dédié par l'association internationale qui porte son nom, les activités recensées vont de la musique à la littérature, en passant par la recherche. Longtemps dévouée à la promotion presque exclusive de la poésie, l'Association La Ronde des poètes de Jean Claude Awono a donné pour nom de baptême au Centre culturel que ce jeune professeur de lettres vient de créer à Yaoundé "Francis Bebey".
Ce nom de baptême est un gage de pérennité de la mémoire de l'écrivain disparu, au moins pour autant que vivra le CCFB. A l'occasion de son inauguration, on a eu droit au vernissage d'un portrait de Bebey réalisé par le jeune Serge Ebala, à la présentation d'une BD inspirée de l'œuvre du même auteur et à la lecture de poèmes et d'extraits de son œuvre aux élèves et aux étudiants. Cette reprise en main du legs de Bebey est assurément le signe d'une transmission réussie. Une autre manifestation culturelle s'est donné le nom de Bebey comme nom de baptême cette année : c'est le concours de musique classique organisé depuis treize ans par l'Association des Amis de la Guitare et de la Musique au Cameroun.
Cité par Alain Mabanckou dans son dernier roman Black bazar, paru aux éditions du Seuil cette année, l'œuvre littéraire de Francis Bebey reste d'actualité : Le Fils d'Agatha Moudio demeure présent dans les programmes scolaires au Cameroun ; M Asare Konadu Yamoah, le Président de l'Association des éditeurs du Ghana a récemment montré un vif intérêt pour l'achat des droits du roman The Ashanti doll, la traduction anglaise de La Poupée Ashanti paru aux éditions CLE. Curtis Shade, un chercheur américain titulaire d'une thèse depuis 1986 sur l'œuvre de Bebey s'est remis aux "études" pour explorer la partie de cette œuvre parue après sa thèse. Associant musique et littérature, un album pour enfants, illustré par Christian Pieper et dont les textes sont des reprises de la composition de Bebey intitulée Invocation à la pluie pour le sahel est sorti en Allemagne il y a trois mois. Francis Bebey vit donc, à la fois par son œuvre littéraire et par sa musique. Son instrument fétiche, la sanza a été célébré il n'y a pas longtemps par le collectif Les Lézards noirs. J.J. Dikongue a quant à lui procédé à une relecture de la chanson Les touristes de Bebey ; cette relecture souligne toute la finesse de l'humour qui tapisse la satire de Bebey des relations Nord/Sud.
Les touristes, qui deviennent très vite des coopérants, "quand ils sont là on est content ; quand ils s'en vont on est heureux", dit Bebey !
Un autre hommage est rendu à Francis Bebey par un guitariste britannique, John Williams, auteur d'un récent album intitulé "From a Bird" dont le premier titre est "Hello Francis" Bebey. Patrick Bebey rend également hommage à son père à travers son nouvel album Oa na Mba.
Au demeurant, l'œuvre de Bebey donne aujourd'hui les gages d'une survie assurée : les amis, nombreux et divers que l'artiste et l'écrivain s'est faits à travers le monde semblent tous toujours marqués par son souvenir. La jeune génération, au Cameroun, notamment semble se reconnaître dans l'héritage de ce père fondateur de notre littérature et, par-dessus tout, presque tous les enfants de Francis Bebey semblent avoir hérité chacun d'une partie de son immense et diversifié talent. En attendant éventuellement une œuvre littéraire majeure de Kidy, le génie musical de Patrick et Toup's Bebey a depuis longtemps donné la preuve de son originalité.
Par Marcelin Vounda Etoa*





