Quand le bikutsi se modernise, il prend un nom plus fantaisiste, le « new be could see ». Ce terme est une invention de René Zogo d’Ewondo Menye qui, dans un album de 15 titres, « King of the new be could see », réalisé en 2003 en partie au studio Rdc à Yaoundé, ressuscitait un titre des années 1970, « Nga tara » et faisait découvrir de nouvelles compositions, tantôt en français, tantôt en anglais, toutes traversées par un travail considérable sur le balafon.
Zogo d’Ewondo et Manu Dibango y côtoient 16 grands noms de la musique africaine, à l’instar de Youssou Ndour, Touré Kunda, Mori Kanté, Alpha Blondi, Salif Keita ou encore Ismaël Lo.
Quand il partait du Cameroun en 1968, Zogo d’Ewondo n’avait pas de disque dans les bacs. Entre 1962 et 1968, il s’était simplement rendu célèbre par ses prestations de chanteur au sein des orchestres de trois boîtes de nuit à Yaoundé : le King’s club, en face de l’ancien cinéma le Capitole ; le Triolet (à côté de l’actuel immeuble de la mort) et le Black&White. Zogo d’Ewondo parle de la belle époque avec une pointe de nostalgie dans la voix, lui qui gagnait 25.000 Fcfa par mois pour chanter de nuit. Ajoutez-y le salaire de l’employé de l’entreprise « Tout pour l’Intérieur et la Maison » (Tpm) où il travaillait de jour comme menuisier, cela fait 50.000 Fcfa. Suffisant pour mener un train de vie princier ! Mais René Zogo, qui a soif de connaître de nouveaux horizons, finira par démissionner.
Rendu en France en 1968, il sera immédiatement sollicité par l’Agence nationale pour l’emploi qui le convoque un mois après son arrivée et lui propose un contrat de travail. Mais l’aventure s’arrêtera en 1971 : « Depuis 1971, je n’ai plus jamais touché le bois». Le chanteur a parlé plus fort que le menuisier. Tour à tour membre et chef de l’orchestre « Les Davillan’s », René Zogo animera des mariages ou des communions juifs. Tant et si bien que le club Méditerranée, une compagnie de tourisme prestigieuse proposera à l’orchestre « Les Davillan’s » de travailler pour lui. René Zogo d’Ewondo y restera 28 ans d’affilée, payé à l’année avec bulletin de salaire, cotisations patronales et congé spectacles, etc. : « Si c’était à refaire, je le referais. Lors de mon séjour au Cameroun, j’ai constaté que les musiciens galèrent tellement. Quand je pense que j’ai passé toute ma vie à vivre de la musique ! »
Certes, l’artiste n’a pas touché le moindre kopeck de ses deux premiers disques, « Mariage à crédit » (1971) et «Vois-nous deux » (1972) produits par Ethel Tobo et distribués par Pathé Marconi. Mais il s’est jeté à l’eau en 1978 et a produit lui-même tous les albums suivants.
Maurice Simo Djom






