James Mouangue Kobila : Le parti des minorités


L'enseignant d'université a présenté son nouvel ouvrage mardi dernier à Douala.

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Le Centre culturel français Blaise Cendrars de Douala a fait salle comble mardi, 30 juin dernier. Devant un public composé, entre autres, de chefs traditionnels sawa, d'étudiants et d'hommes de médias, James Mouangue Kobila s'est longuement exprimé sur "la protection des minorités et des peuples autochtones au Cameroun", sujet et titre de son dernier ouvrage. Une question, comme le rappelle l'auteur, divise en effet l'opinion nationale. Pour donner le ton de son exposé, M. Mouangue déclare que son œuvre s'atèle à "démontrer de l'absurdité de croire à l'illégitimité de la protection des minorités au Cameroun".

Dans son argumentation, l'écrivain n'a cessé de citer les grands auteurs contemporains, à l'instar d'Aristote, qui ont plaidé pour la défense des peuples vulnérables. Une cause, soutient James Mouangue, qui est devenue "une norme coutumière, et un impératif du droit international", au regard de la pratique constitutionnelle universelle. "Ce sujet de prédilection n'est point un prétexte pour moi, de prendre la défense d'un quelconque groupe ethnique au Cameroun", avise le chercheur. Lequel déclare qu'il est plutôt question pour lui, de "poser des bases de cohabitation pacifique des différents groupes ethniques au Cameroun".

Dans ce débat qui divise les partisans et les dénonciateurs de l'équilibre régional, James Mouangue Kobila tranche avec 40 mensonges que certains auteurs locaux et l'homme de la rue entretiennent sur la question de la gestion des minorités au Cameroun. Il balaie notamment d'un revers de la main les idées selon lesquelles "la protection des minorités et des peuples n'est pas un notion juridique et donc illégitime. Minorité et autochtone sont des termes archaïques qui n'ont pas de place au 3ème millénaire. La protection des minorités et des peuples autochtones entraîne la perversion de la démocratie. Elle écrase les droits de l'Homme".

Autant d'idées reçues que l'auteur contredit, non sans reconnaître que "la protection des minorités et des peuples autochtones peut être instrumentalisée par les politiques aux fins de conservation ou de conquête de pouvoir". L'écrivain s'est ensuite prêté au jeu de questions réponses. Anicet Ekanè, leader politique, a ainsi exprimé son inquiétude sur l'Ecole normale supérieure de Maroua, récemment ouverte pour répondre, dit-on, aux revendications de l'élite du Nord, région du Cameroun prétendument lésée dans les enjeux socio-économiques. Cette initiative, d'après le président du Manidem, est une mauvaise réponse à une bonne question. Un avis que ne partage cependant pas son interlocuteur, défendant mordicus sa position sur la "justice et l'égalité de chances". L'échange avec le public aura duré plus de deux heures, au-delà des 50 minutes prévues par le modérateur, Alexandre Djimeli. Preuve que le débat est passionnant. Pour avoir meilleure matière à discussion, l'éditeur, Pr Malolo Dissake, a invité le public à consulter le livre. Actuellement disponible dans les librairies à 30 euros, soit environs 20.000 francs Cfa.

Monique Ngo Mayag

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