Une mission de la présidence de la République a rencontré plusieurs opérateurs économiques vendredi dernier à Douala. La rencontre consistait à informer les entreprises locales des opportunités offertes par le projet.
L'extension de l'entreprise Alucam, qui devrait débuter en 2007, suscite beaucoup d'intérêt. Le coût total du projet est estimé à environ 500 milliards de Fcfa. Les enjeux et les retombées économiques sont importants et l'Etat camerounais voudrait faire profiter les opérateurs économiques camerounais de ces retombées. C'est dans cette optique qu'une mission de la présidence de la République s'est rendue vendredi 4 août à Douala, pour rencontrer les chefs d'entreprises des secteurs liés au projet d'extension d'Alucam. Cette mission visait à donner un certain nombre d'informations aux opérateurs économiques privés locaux, ainsi qu'à les sensibiliser, sur les possibilités de leur participation dans ce projet. L'opportunité pour les opérateurs économiques de notre pays de faire de bonnes affaires durant le projet n'est pas à négliger. Mais, selon Martin Yamkwa du ministère de l’Industrie, des mines et du développement technologique (Minimidt), "les entreprises camerounaises sont très peu compétitives. Elles nécessitent par conséquent un accompagnement stratégique et de mise à niveau de la part de l'Etat."
Conduite par le chargé de mission à la présidence de la République, Jean Pierre Kedi, la mission a tenu deux réunions. La première, où tous les chefs d'entreprises étaient conviés, consistait justement à les informer des opportunités d'affaires que le projet peut leur offrir. La seconde quant à elle avait ciblé les opérateurs locaux du secteur des matériaux de construction, notamment le fer à béton. De l'avis de la plupart des participants, cette mission est louable, ce d'autant plus qu'il est rare de voir l'Etat aider les opérateurs économiques locaux dans la quête des marchés publics dans un grand projet structurant. Mais pour certains, le scepticisme est de mise. Jacques Yameni, le représentant de La grande quincaillerie (Lgq) à ces réunions espère tout simplement que "la montagne ne va pas accoucher une fois de plus d'une souris."
La compétitivité
Il leur a tout de même été spécifié que seule leur compétitivité sera de rigueur pour être choisi parmi les entreprises qui devraient s'approprier des 30 % des parts du projet réservé aux entreprises locales. Ce qui n'est pas négligeable. Ces parts concernent essentiellement la sous-traitance. Les achats des biens et services incluant les matières premières et l'énergie dans le projet d'extension de l'usine Alucam seront de l'ordre de près de 150 milliards de Fcfa (soit 223 millions de dollars). La construction devrait engranger 2000 à 3000 emplois chaque année que va durer le projet. Pour ce qui est des opérations, 200 à 300 employés permanents seront ajoutés au 750 déjà en place, sans compter les 5600 emplois indirects et induits qui sont prévus.
Pour être impliquées dans ce projet, les entreprises devront répondre à un certain nombre de critères. Les plus importants étant la mise à niveau manageriale, technique et technologique ; la maîtrise et le respect de l'environnement ; un plan fiable de sécurité interne de l'entreprise et sa responsabilité sociale. Toutes les entreprises qui ne présenteront pas ces critères ont très peu de chances de se voir accorder une part du marché. Et même, celles qui ont des chances auront en face d'eux la concurrence étrangère. C'est la raison pour laquelle il leur a été suggéré de se rassembler en consortium pour pouvoir y faire face.
Mais certains opérateurs économiques ont marqué leurs inquiétudes par rapport au temps qui leur est accordé. Il faudrait en effet revoir en très peu de temps leurs différentes politiques de management et la constitution des consortiums prend également du temps. Ce à quoi le chef de mission, Jean Pierre Kedi, a répondu que tout a été planifié de telle sorte que dès le démarrage du projet, les entreprises qui auront proposé de bons projets de sous-traitance vont commencer à travailler. Depuis le mois de mars de cette année, des études d'impact sont effectuées. La décision du gouvernement est attendue en janvier 2007 et celle de l'entreprise Alucam quant à la réalisation ou non du projet sera rendue un mois plus tard.





