L’artiste prépare pour la fin de cette année, la sortie de son dix-neuvième album. Il s'appellera "Source des montagnes" et comprendra 11 titres inédits.
“Je vais à Yaoundé, Yaoundé la capitale… ” Malgré le poids de l’âge, cette chanson n’a pas pris une ride. Une véritable carte d’identité dont nous devons l’existence à André-Marie Tala, une icône de la musique mondiale. De Bandjoun à Yaoundé, en passant par Paris, Vienne, New-York, Londres, Washington…, les chansons de André-Marie Tala, font fureur. On les écoute, danse, fredonne. En France “ des fragments de la chanson “ Je vais à Yaoundé ” viennent d’être reproduits dans un livre de français du Cm1 ”, confie le chanteur.
A 56 ans, malgré ce succès, l’homme reste égal à lui-même. Sobre et élégant. Les yeux sont cachés derrière des lunettes sombres à cause du handicap visuel qu’il porte depuis l’âge de 15 ans. Il est toujours sûr de lui. Pour rehausser sa toilette, jamais sans son parfum. Le 2 septembre est un jour très important pour lui. C’est en effet le 2 septembre 1971 que l’artiste venu de l’Ouest, via Douala, est monté sur la scène du Cinéma Théâtre Abbia, pour donner un show dont il se souvient toujours.
Depuis 36 ans, il joue sur des scènes du monde entier sans jamais se lasser. André-Marie Tala, est un modèle. Né à Bandjoun (Ouest du Cameroun) en 1950, l’artiste commence à jouer de la batterie à l’âge de 3 ans. Peu après, le maître du “ tsamasi ” va connaître une succession de malheurs. Il perd sa mère à 4 ans, son père à 12 ans et la vue à 15 ans. Son handicap n’influence en rien son destin pour autant. Aux côtés de son oncle, Thomas Fokam, instituteur retraité, bon joueur de l’accordéon et de la flûte, il s’initie à la musique.
A l’âge de dix-sept ans, influencé par une nouvelle vague de chanteurs français, il forme un groupe appelé “ The Rocky Boys ” qui devient ensuite “ Blacks Tigers ”. Avec son groupe, il signe un contrat au cabaret la Paillote à Bafoussam en 1969. C’est le début d’une riche carrière. Son premier chef-d’œuvre, “ Les peines du travail ” connaît un franc succès. Il est suivi de “ Honore ton père et ta mère ”. La rencontre avec Manu Dibango est déterminante pour lui. Il s’installe en France en 1978. Il enregistre “ Sikati ”, “ Potaksinan ”, “ Pardonnes-moi ” et “ Na Mala’ Ebolo ” respectivement vendus à 60.000, 80.000, 100.000, et 120.000 exemplaires.
Ce travail bien mené lui vaut plusieurs honneurs. Depuis 1973 il a remporté de nombreux prix et distinctions à travers le monde. La première, il l'obtient en 1978 grâce à son album Super Tchamassi. Il reçoit un épi d'or lors du Festival national des arts et de la culture (Fenac) d’Ebolowa en 1998. Deux ans plus tard, à Sun City en Afrique du Sud, il remporte le trophée du meilleur artiste de variétés de l'Afrique centrale à l'occasion de la cérémonie des Koras 2000. Il participe en 2002, au festival “ Nuits d'Afrique ” à Montréal au Canada. La liste de ses lauriers est loin d’être exhaustive.
Question d’honneur
Sur son honneur, il ne se sent pas handicapé. Fidèle à lui-même dans l’interpellation de la société face à certains maux, il est contre la malhonnêteté et la piraterie. “ J’appelle les Camerounais à avoir pitié des artistes. Lorsqu’on met des dizaines de millions dans la production d’une œuvre et qu’on ne rentre pas dans ses frais à cause de la piraterie, c’est déplorable. On ne peut pas tuer l’autre pour s’en sortir. Parce que la piraterie c’est la mort programmée de l’art et de l’artiste ”. Chaque Camerounais peut avoir un Cd ou une cassette originale, entre “ 2000 et 6000 Fcfa ” précise l’auteur de Bend skin.
Pour une musique camerounaise riche et avant-gardiste, “ il manque de structure de gestion véritable, alors que dans certains pays africains, on commence à respecter l’artiste ”, s’indigne André-Marie Tala qui reconnaît que les artistes camerounais subissent de nombreuses frustrations. “ Ce sont les Français qui sont venus donner la légion d’honneur à Anne Marie Nzié. Pourquoi le Cameroun ne peut pas créer la légion d’honneur de ses artistes ”, interroge Tala.
Malgré tout, l’homme garde de très bons souvenirs de sa carrière. “ Lorsque dans certains pays je vois les forces de l’ordre me saluer avec courtoisie ou quand certains chef d’Etat sont sympathiques à mon endroit, cela me touche énormément. Quand des gens qui aiment ce que vous faites vous le démontrent avec beaucoup d’affection et des gestes, on ne peut qu’être heureux ”, soutient la star.
L’artiste qui travaille depuis 4 ans sur son prochain album, a plusieurs projets en tête. “ J’aimerais créer mon studio de production et mon propre circuit de distribution, afin de fixer des gens sur des produits originaux. ” A cela il faut ajouter l’encadrement des jeunes qui ont du talent à exploiter.





