Prince fait trembler les maisons de disques
Comme il l'a fait régulièrement tout au long de sa carrière, le chanteur Prince a choisi, avec son dernier album, d'imposer ses propres choix à l'industrie du disque. Et même de s'en émanciper totalement. Ainsi Planet earth sera distribué gratuitement jusqu'au 24 juillet avec le tabloïd britannique Mail on Sunday ce qui provoque le courroux des professionnels du secteur.Avec Planet earth, son dernier album, Prince s'attaque de front à toute l'industrie musicale imposant ses propres règles aux maisons de disques comme il l'a déjà fait plusieurs fois auparavant dans sa carrière. Alors que la plupart des artistes s'associent à des campagnes visant à lutter contre le piratage des disques sur Internet, "l'artiste autrefois connu sous le nom de Prince" a choisi de contourner le problème en offrant gracieusement son nouvel album aux lecteurs du Mail on Sunday, quotidien tabloïd britannique, avant sa mise en vente dans les réseaux de distribution classique.
Le nouveau CD de Prince, Planet Earth ne devrait pas être mis en vente avant le 24 juillet mais il sera inséré d'ici là en supplément du Mail on Sunday sans supplément de prix. Quelques jours plus tard, Prince entamera une nouvelle tournée mondiale à Londres en offrant quinze représentations. Quinze concerts complets en quelques minutes seulement, confirmant la popularité de l'artiste américain.
Dès le début de sa carrière, Prince a souhaité imposer aux maisons de disques sa vision personnelle de l'industrie musicale. En étant son propre producteur et en jouant de tous les instruments, il imposait alors sa propre marque de fabrique "Produced, Composed, Arranged and Performed by Prince". Une démarche de production unique dans le monde du show-biz à ce niveau de notoriété (plusieurs albums de Prince ont obtenu des scores de vente supérieurs à 5 millions d'unités). D'autant que par la suite, Prince va constamment chercher à faire évoluer l'industrie du disque tout en essayant de préserver la qualité intrinsèque de la création musicale.
Dans les années 1990, la star du funk, Prince Rogers Nelson de son vrai nom, avait renoncé à son nom d'artiste sur fond de litige avec sa maison de disque, dénonçant régulièrement ses contrats pour produire lui-même ses albums, laissant simplement aux maisons de disques le soin de les distribuer, multipliant les pseudonymes, une dizaine au total, signant à nouveau des contrats temporaires lui autorisant une entière autonomie artistique. Engagé dans une longue bataille avec la « Warner », il se considérait comme un esclave au point d'inscrire le mot "slave" sur sa joue.
Sony n'assurera pas la distribution de Planet earth
Mais sa dernière initiative a immédiatement provoqué l'émoi des distributeurs déjà malmenés par l'émergence d'internet. "C'est une insulte à tous les disquaires qui ont soutenu Prince tout au long de sa carrière et une étape de plus dans cette culture qui détruit la perception de la valeur de la musique enregistrée", a réagi Paul Quirk, coprésident de l'association des distributeurs de produits de loisir établissant un parallèle avec la mise en ligne de morceaux gratuits sur des sites internet. "L'artiste anciennement connu sous le nom de Prince doit savoir qu'avec un tel comportement, il va rapidement devenir l'artiste anciennement disponible dans les magasins de disque" a-t-il ajouté.
Et c'est exactement le chemin que semble prendre l'affaire Planet earth puisque dès l'information connue, Sony BMG, l'actuelle maison de disque de Prince a annoncé qu'elle n'assurerait pas la distribution de son dernier album.
"Personne n'avait fait cela avant nous. Cela fait longtemps que nous offrons des CD et des DVD, mais c'est un nouveau cap que nous allons franchir", expliquait vendredi le directeur général du Mail on Sunday, Stephen Miron. A la polémique suscitée par l'offre, Miron réplique: "Ils vivent dans une époque dépassée, ils n'ont pas suffisamment développé leurs activités. Nous, nous pouvons les mettre en valeur, ces activités. Eux sont incroyablement bornés alors qu'ils doivent faire progresser leur secteur."
La diffusion habituelle du journal dominical, dont la direction n'a pas précisé le montant du contrat signé avec Prince, est de 2,3 millions d'exemplaires. Depuis son apparition sur la scène musicale,au début des années 80, Prince a vendu quelque 80 millions d'albums dont le monde, dont les classiques Purple Rain en 1984 et Sign O' The Times trois ans plus tard.






