Baba Hamadou:


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Baba Hamadou:« Nous allons conquérir de nouveaux marchés »


Baba Hamadou, le ministre du Tourisme, dresse le bilan de la saison touristique écoulée et précise les priorités pour 2008.

La saison touristique 2007/2008 a commencé au mois de novembre dernier. Peut-on avoir une idée de ce qui s’est passé dans votre secteur au cours de l’année écoulée ?

La meilleure satisfaction que nous avons eue au cours de l’année écoulée a été obtenue lors de la 17e session de l’assemblée générale de l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT), session qui s’est tenue du 23 au 30 novembre 2007 à Cartagena de Indias en Colombie. Notre pays a été élu vice-président de l’assemblée générale de l’OMT qui a 153 membres. Le Cameroun a également été élu président de la Commission Afrique de l’OMT, et membre du Conseil exécutif de l’OMT. Cela veut dire que nous faisons partie du gotha de 30 membres qui décide une fois l’an de la marche du tourisme mondial. Nous avons aussi gagné le premier prix des affiches touristiques devant 108 destinations touristiques concurrentes.

Cette reconnaissance est aussi un encouragement dans le cadre des efforts que nous faisons dans la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale de relance de l’activité touristique au Cameroun.

Combien de touristes ont visité le Cameroun l’année dernière ?

Nous n’avons pas fini de faire nos comptes. Mais nous avons reçu en 2006 à peu près 451 000 touristes. Cette année, nous n’atteindrons pas le cap de 500 000 touristes. Mais nous pensons pouvoir réaliser cet objectif l’année prochaine.

Pourquoi ?

Les difficultés qui entravent la promotion du tourisme au Cameroun sont toujours là, mais nous les gommons progressivement. Ainsi, au niveau de nos chancelleries, les visas sont donnés avec plus de célérité. La délégation générale à la Sûreté nationale (DGSN) avec laquelle nous coopérons très bien accepte de faire délivrer les visas à nos frontières. Ce qui est une avancée. Les touristes ou les tours opérateurs qui viennent au Cameroun, comme les Américains que j’ai reçu mercredi dernier nous disent qu’ils ont noté un grand changement. Les barrières de contrôles sur les routes ont été réduites et les policiers sont de plus en plus courtois. Mais, cela ne veut pas dire que tous les policiers ont changé. Il y en a encore qui continuent à perturber la sérénité des touristes.

Qu’avez-vous fait d’autre en 2007 ?

L’année dernière également, nous avons continué à aménager certains sites touristiques prioritaires et nous pensons cette année terminer ces aménagements. Ces sites pourront accueillir n’importe quel touriste exigeant. Les touristes qui viennent découvrir le Cameroun abandonnent chez eux les bâtiments en béton, les vitres fumées, les portes coulissantes. Ce n’est pas ça qui les intéresse. Ils viennent vivre ici une réalité différente de la leur. Nous avons donc lancé dans des sites écotouristiques des travaux d’aménagement qui seront terminés cette année. Nous pensons par exemple à l’île au damant à Lagdo, au site touristique de Djila dans la province de l’Extrême-Nord et au lac Tison autour de Ngaoundéré, à Mile six Beach à Limbé, et tout près de nous à Yaoundé le site d’Ebogo où nous devons construire cette année les premiers boucarous.

Nous avons terminé l’année dernière les études de faisabilité pour l’aménagement du lac d’Awing dans la province du Nord-Ouest, et nous avons aussi terminé les études d’aménagement du Centre touristique de Meyomessala dans le Sud, qui se trouve à 20 ou 25 km de l’entrée sud de la réserve du Dja qui fait partie du patrimoine de l’humanité.

L’offre de transport s’est-elle améliorée ?

La desserte aérienne entre le Cameroun et l’Europe se fait mieux, avec toutes les compagnies étrangères qui desservent le Cameroun. Depuis deux ans, pendant toute la saison touristique, la CAMAIR fait atterrir son avion qui part de Paris mercredi à Garoua.

Nous avions comme difficulté la liaison intérieure entre le Grand Sud et le Grand Nord. Là aussi, ça a évolué depuis quelques mois et nous souhaitons que ça perdure. CAMAIR a des avions qui vont dans le Grand Nord, il y a des compagnies privées qui opèrent aussi dans cette direction. Il y a donc eu une évolution dans la perspective de rendre notre destination plus attractive.

Il reste malgré ce bilan que la destination Cameroun coûte encore cher. Qu’est-ce qui peut être fait sur ce point pour baisser les prix ?

J’ai assisté à plusieurs de ces séminaires mais aucun résultat n’a suivi. Nous pensons que la meilleure manière de casser les prix c’est l’ouverture tous azimuts du ciel africain. Nous nous réjouissons qu’au Cameroun, nous ayons ouvert notre ciel à plusieurs compagnies aériennes. Il n’y a pas très longtemps, j’ai lu sur des banderoles au centre ville, Douala-Paris à 350 000 F CFA. C’est une belle avancée. Plus nous aurons des compagnies aériennes qui desservent le Cameroun, mieux les prix se comporterons. Nous travaillons avec la CAMAIR qui offre des sièges bloqués aux groupes de touristes qui descendent à Garoua tous les mercredis : une vingtaine, une quarantaine, une cinquantaine, suivant les circonstances.

Nous allons continuer à travailler pour que les compagnies aériennes qui desservent le continent examinent la possibilité de casser les prix. Localement, nous travaillerons pour rendre nos sites beaucoup plus attractifs. L’Afrique du Sud est plus éloignée que le Cameroun par rapport à l’Europe mais ce pays draine plus de touristes malgré l’énormité de la distance et la cherté de la destination.

A propos d’hôtels, vous avez lancé l’an dernier une campagne pour leur classement ou reclassement. Après un début très médiatisé, on se sait plus ce qui se passe aujourd’hui ?

La campagne a été médiatisée au tout début pour que l’opinion nationale et internationale sache ce que nous sommes en train de faire, parce que le classement se situe dans le cadre de la stratégie gouvernementale de relance de l’activité touristique. Ce classement est inscrit dans loi de 1998 qui régit l’activité touristique au Cameroun. Le classement vise à réaligner nos réceptifs et les prestations diverses sur les standards internationaux. Un hôtel qui affiche trois étoiles doit offrir des services qui correspondent à son rang. Nous avons eu quelques résistances, mais les choses sont rentrées dans l’ordre parce que les promoteurs ont compris l’importance de l’opération. Le classement se poursuit. Quand nous aurons fini avec les 315 hôtels classiques du Cameroun, nous nous attaquerons aux restaurants et aux agences de tourisme. Nous ne pouvons pas prétendre être demain une destination touristique si nos établissements ne remplissent pas les conditions de la concurrence.

Dans le cadre de la coopération bilatérale, la Chine a choisi le Cameroun parmi ses destinations. On sait qu’à l’horizon 2020, elle va mettre sur le marché à peu près 100 millions de touristes. Qu’est ce que le Cameroun fait pour capter le maximum de touristes chinois ?

En fin d’année dernière, sur invitation de la République populaire de Chine, j’ai effectué une visite d’une semaine dans ce pays, et nous avons convenu de la signature prochaine d’un accord de partenariat entre la République populaire de Chine et le Cameroun. Pour faciliter le mouvement des touristes entre les deux pays en voyages organisés. Nous allons sélectionner cinq agences de tourisme au plan local qui servirait de partenaires à cinq agences de tourismes chinoises. Dès que le contrat sera signé, nous recevrons le premier groupe de touristes chinois. Nous nous réjouissons déjà que l’administration chinoise ait retenu le Cameroun parmi les neuf pays africains autorisés pour la visite de touristes chinois. Nous comptons aussi conquérir le marché américain. J’ai reçu des investisseurs américains qui se proposent de contacter Delta Airlines dont les avions atterrissent au Nigeria voisin. Pourquoi est-ce que cette compagnie qui dessert aussi l’Afrique du Sud ne transiterait pas à Douala ? Nous avons travaillé dans ce sens et j’attends les correspondances pour signifier à cette compagnie notre volonté de voir ses avions se poser au Cameroun. Nous nous proposons de poser en mars la première pierre de la construction de hôtel Mariotte à Douala et il est fort possible que cette destination intéresse davantage les Américains nombreux dans le Golfe de Guinée.

Qu’allez vous faire en 2008 pour atteindre vos objectifs ?

Nous allons consolider nos acquis, c’est-à-dire aménager certains sites touristiques prioritaires. Nous allons continuer à organiser des séminaires. Nous allons continuer à organiser des séminaires de formation et de recyclage à l’intention des personnels exerçant dans le secteur. Nous allons continuer à consolider notre position en Europe dans les grands salons touristiques, et conquérir des marchés nouveaux. Nous signerons aussi des accords de partenariat avec la DGSN, le secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie, pour impliquer les policiers et les gendarmes dans la promotion du tourisme. Nous continuerons à travailler avec les ministères de l'Education de base, des Enseignements secondaires et de l’Enseignement supérieur pour introduire à terme l’enseignement du tourisme dans les manuels scolaires. Nous nous réjouissons aussi que le Premier ministre chef du gouvernement ait signé dernièrement un texte créant un lycée professionnel en hôtellerie et tourisme, l’un à Limbé et l’autre à Kribi. Nous travaillerons cette année pour rendre tout cela effectif. Nous mettrons cette année un point d’honneur à la promotion du tourisme intérieur. A cet effet, je me propose d’organiser dans les prochaines semaines une grande réunion avec les patrons des hôtels et agences du tourisme, les responsables des compagnies aériennes pour qu’on établisse un package permettant que les week-end, les Camerounais puissent voyager sur la base de tarifs préférentiels, afin que nos compatriotes découvrent les sites touristiques dont nous allons faire la promotion.

Propos recueillis par Rousseau-Joël FOUTE
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