Banque
La maison mère de la Sgbc subit une dépréciation de plus de 4500 milliards en bourse. Mais, ses dirigeants rassurent.
La Société Générale, une des principales banques de France, qui a une filiale au Cameroun (Société générale de banques du Cameroun), a frôlé la catastrophe la semaine dernière, lorsque des opérations de fraude couplées aux crédits hypothécaires américains à hauts risques dits “ subprimes ”, ont entraîné une dépréciation importante de l’entreprise, au point d’affecter ses résultats annuels. Daniel Bouton, le président de la Société Générale a dû l’annoncer lui-même, même s’il a usé d’euphémisme pour finalement ne rien dire de l’ampleur des dégâts : “ J’ai le devoir de vous informer, écrit-il aux clients et actionnaires de la Société Générale de banques, que la direction de la Société Générale a découvert une fraude interne d’une ampleur considérable, commise par un collaborateur de sa division de banque de financement et d’investissement ”.
En fait “ d’ampleur considérable ”, la note est lourde : près de 7 milliards d’euros, soit plus de 4500 milliards de francs Cfa, de quoi renflouer plusieurs fois le Cameroun. Selon le journal financier La Tribune, l’annonce de la Société Générale constitue un cataclysme pour le secteur bancaire français. Après des mois de messages rassurants sur la solidité de son activité et de sa faible exposition aux ”subprimes”, la Société Générale affiche 6,9 milliards de dépréciation, les 4,9 milliards de fraude, auxquels s’ajoutent 2 milliards de dépréciations liées à la crise des ”subprimes”, soit un montant similaire à celui des banques américaines Citigroup ou Merrill Lynch.
Aussitôt, les responsables de la banque, comme les instances faîtières des systèmes financiers français, tentent de calmer le jeu et de rassurer. Bien que le fautif, une jeune cadre de 31 ans, ait été formellement identifié, la direction de l’entreprise a mis fin aux fonctions de tous les responsables qui auraient dû empêcher ces fraudes. Curieusement, Daniel Bouton, le président du conseil d’administration, a été à l’abri de ce nettoyage alors même qu’il reconnaît que les procédures de fraude utilisées étaient simples, et que les montants en jeu sont très importants. Avec cette catastrophe financière, les résultats de la banque vont être considérablement réduits à la baisse. le bénéfice net de la banque française sera estimé entre 600 et 800 millions d’euros, soit une chute spectaculaire par rapport au résultat net de 5,221 milliards en 2006.
La banque tente néanmoins de rassurer sur l’impact de cette dépréciation sur son activité, y compris dans des pays comme le Cameroun, où il y a des filiales : “ Ni cette perte exceptionnelle, ni les provisions passées pour couvrir les éventuelles dépréciations d’actifs liées à la crise qui affecte les marchés de capitaux depuis l’été dernier, n’empêcheront la banque de réaliser un bénéfice net sur l’année 2007. En effet, la plupart de ses métiers, en France comme à l’étranger, ont continué à dégager de bons, et parfois d’excellents résultats d’exploitation ”. Les actionnaires ont également décidé, dans l’urgence, de renflouer la banque pour rassurer les marchés et la clientèle. “ Afin de conforter le niveau de ses capitaux propres et de préserver ses notations externes à hauteur des meilleurs standards internationaux, la Société Générale procèdera dans les prochains jours à une augmentation de capital, qui fera plus que compenser la perte due à la fraude. Cette augmentation de capital a été entièrement garantie mercredi 23 janvier. ”
On se souvient qu’il y a un peu plus de dix ans, la crise connue par la maison mère du groupe méridien Biao avait affecté tout le réseau en Afrique, y compris la filiale camerounaise. D’où la crainte légitime des clients camerounais de la filiale si des mesures énergiques n’avaient pas été prises pour rassurer les marchés et montrer la solidité de la banque, tels ces 5,5 milliards levés aussitôt pour augmenter le capital de la banque. Pour bien donner le sentiment à l’opinion qu’il n’a que faiblement été affecté par cette affaire, le groupe a maintenu sa décision de verser un dividende à ses actionnaires, en droite ligne avec son objectif d’un taux de distribution de 45%.
François Bambou
Christophe Mvondo
LNE





