Témoignage : J’ai vécu les combats


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Edouard Takadji, journaliste à l’Observateur, un hebdomadaire tchadien, raconte l’arrivée des rebelles à N’Djamena.
D.G.

"Le 1er février autour de neuf heures et demi, les rebelles ont fait leur entrée à N’Djamena sans un grand combat. Ils ont envahi au niveau de la présidence où les forces de sécurité ont réussi à résister face à eux. Les rebelles se sont alors repliés vers les quartiers Sud de N’Djamena et contrôlent parfois ces quartiers là. Leur entrée à N’Djamena autour du palais du 15, un peu vers Chagoua a entraîné des tirs intenses. Il y a donc eu assez de morts, des blessés et des véhicules calcinés… " C’est le premier commentaire que formule Edouard, journaliste à l’Observateur que nous avons rencontré dans l’unique cyber café de la ville de Kousseri. "Je suis ici pour faire des mails à quelques amis, la communication entre le Tchad et le reste du monde s’étant interrompue depuis quelques jours", a-t-il confié au reporter de Mutations.
Il ne manque pas de relever les nombreux dégâts causés sur les infrastructures des institutions publiques par les combats. C’est le cas des ministères du pétrole, des Infrastructures.

Lui qui dit avoir sa résidence au niveau de l’entrée utilisée par les rebelles, n’a pas manqué un seul instant des affrontements. Ceci sans peur, sans difficulté majeure. Mais il se dit désolé par les dégâts causés "C’est un peu dur de savoir que les rebelles aient pénétré jusqu’à N’Djamena pour causer des pertes matérielles, humaines… " Il s’essaye même à une comparaison des assauts en cours à ceux du 13 avril 2006. Lesquels selon lui " ont été repoussés aux portes de N’Djamena sans pour autant causer autant de dégâts. Ce qui n’a pas été le cas le 1er février dernier.
M. Takadji qui dit être le dernier à avoir quitté la rédaction de son journal, la veille des combats raconte que de nombreux corps gisent encore dans le sang dans les recoins des quartiers. Les secouristes de la Croix Rouge s’affairent déclare t’il à enlever les corps disséminés dans N’Djamena, théâtre des opérations.

Le reporter de l’Observateur qui n’a pas, comme les autres journaux, pu travailler ces derniers jours, est amer mais garde espoir dans l’avenir. "On ne cherche pas la guerre dans un pays. Et on ne construit pas un pays dans la guerre. Le Tchad est un pays en voie de développement, voilà que tout est détruit. Moi je me demande le temps qu’il faudra pour reconstruire ce qui a été détruit. Il est temps que cesse les coups de canon pour que les fils et filles du Tchad construisent ensemble dans la diversité d’opinion leur pays. C’est vraiment triste."
Lui qui doit assister dans quelques jours à un séminaire au Gabon se demande, alors que les formalités de voyage avaient été achevées, s’il prendra part à ce forum des journalistes de la sous région. Rien n’est moins sûr. Mais le reporter de l’Observateur après le détour de Kousseri est retourné à N’Djamena où il compte suivre l’évolution des combats. Afin a-t-il rappelé de rendre compte fidèlement de ce qui s’est exactement passé.
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