Cars and Vehicles
Au tableau : Exclusion
Le 13 juillet 2007, une mission du Fond des Nations unies pour l'enfance (Unicef) s'est rendue à Mbang-Mboum (un petit village situé à une cinquantaine de kilomètres de Ngaoundéré), a constaté le poids de la tradition sur la scolarisation des masses. Elle empêche en tout cas les filles d'aller à l'école.
Par Léger Ntiga
Et pour cause, les filles et les femmes se chargent du travail domestique. Selon les usages coutumiers dans cette région, les tâches essentielles qui sont dévolues à la gente féminine comme la corvée d'eau, sont plus importantes que leur éducation.
Comme dans cette partie du pays, d'autres à travers le Cameroun souffrent pour d'autres raisons de l'exclusion d'une partie de sa jeunesse encline à mener d'autres activités, que d'aller à l'école. A Mbang-Mboum comme à Mada (dans l'arrondissement de Tokombere). De Touboro à Mogodé. Et de Figuil à Koza, les effectifs par établissement scolaire ne dépassent guère deux cents élèves. Une situation qui tient au fait que dès le matin, les alentours des habitations comme les pâturages les plus lointains sont pris d'assaut par des bambins à peine âgés de six ans. En plus de vendre sur la tête de petites marchandises, ils se tiennent sur le bord de la route. Un récipient à la main, ils demandent une rétribution particulière en compensation des “travaux de génie civil” effectués sur la chaussée généralement cassée par endroit.
En dépit de plusieurs initiatives prises par des parents en faveur de l'éducation et pour favoriser la scolarisation et l'égalité des sexes au foyer comme à l'école, une grande partie de la population reste hostile à l'école pour continuer d'adhérer aux croyances traditionnelles. Dans cette logique, le cas de la jeune fille est particulier. Raison pour laquelle elles se marient tôt. La condition sociale des filles et des femmes qui demeure inférieure à celle des hommes s'en ressent. A la plupart des jeunes filles, on dit de se préparer à leur futur rôle de mère et d'épouse. Aller à l’école pour les filles n'est pas considéré comme important et la majorité des filles reste à la maison pour s'occuper des corvées domestiques des frères et soeurs plus jeunes. Ceci contraste avec les dires du chef de l'Etat alors en campagne électorale à Maroua le 15 septembre 2004, le taux de scolarisation dans la province aujourd'hui de l'ordre de 65% était de 37%. Paul Biya se félicitait ainsi du "progrès accompli". Tant il aura également soutenu que plus de 400 établissements ont été construits. Soit plus de 1000 salles de classe. Parmi les problèmes auxquels se heurte cette partie du pays, l'on note bien celui de la disponibilité et de la rationalisation de l'infrastructure du fait du type d'habitations mises en place ici.
Cette exclusion du champ scolaire de certains jeunes n'est cependant pas le propre de du Nord Cameroun. Dans la province de l'Est, on vit le phénomène avec autant de manifestations et ampleur. A Yaoundé, la capitale du pays, on s'est presque accommodé de ces jeunes enfants qui, pendant que les autres sont à l'école, se contentent de vendre sur la tête en main et parfois au sol dans divers marchés spontanés de la ville. Preuve que, le Cameroun qui pouvait se vanter d'enregistrer un taux de scolarisation de 80% en 1990, fait face à une régression. On n'en veut pour preuve que les 65% du taux de scolarisation relevés par l'Unicef s en 1995. La question scolaire à l'Enseignement de base au Cameroun se pose certainement d'abord à ce niveau.