Les chefs Sawa en ont marre


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Nuisances et désordre à Douala : les chefs Sawa en ont marre


Ainsi donc, les chefs traditionnels Sawa du Wouri ont fait entendre leurs voix dans la mouvance politico-sociale actuelle. Ils expriment sans détour aucun « leur vive préoccupation quant au malaise quasi permanent que certains compatriotes tendent à entretenir à Douala relativement à la paix sociale et à l’ordre public ».

Cette prise de position ne peut passer inaperçue. Car elle émane de ceux là qui sont les « gardiens du temple ». Dans le communiqué qu’ils ont rendu public, il n’est nulle part question de politique. Mais seulement de paix sociale et de « cohabitation harmonieuse » entre les diverses composantes de la ville. Cette prise de position n’est pas la première émanant de cet ordre social. Elle vient après quelques autres non moins significatives. Ces derniers temps, les chefs traditionnels du Sud-Ouest, aussi bien que le sultan des Bamouns ou le lamido de Garoua se sont exprimés chacun avec sa sensibilité et ses arguments.

Si les chefs traditionnels Sawa de Douala ne parlent pas de politique, il faudrait être naïf pour ne pas lire entre les lignes de ce communiqué une prise de position claire contre ceux-là qui n’hésitent pas à faire usage de la violence dans la rue pour faire passer leurs arguments.

Il faut alors remonter aux années dites de braise (1990 à 1992) pour constater que, en ces temps-là, ces mêmes autorités n’avaient pas pris une position aussi tranchée dans les débats politiques et l’agitation sociale de l’époque. Douala a alors connu une période de violences sur des personnes, de destruction de biens et d’incitation plus ou moins ouverte à l’incivisme. La ville en porte aujourd’hui encore les séquelles sur ses routes (dégradées du fait des barrières de feu) et dans les comportements de ses habitants. Douala, si souvent admirée pour ses routes était ces derniers temps la risée du pays entier.

Aujourd’hui que la ville renaît quasiment de ses cendres grâce à un soutien appuyé du gouvernement de la République, les chefs traditionnels Sawa de Douala entendent conjurer les démons du passé. Afin que Douala, capitale économique du Cameroun, poumon de notre économie n’étouffe pas. Pour priver ensuite le pays entier de son sang oxygéné.

La prise de position des chefs traditionnels Sawa de Douala revêt donc une valeur citoyenne. Elle s’adresse en réalité à chacun individuellement. Sous la forme d’une question simple : « voulez-vous que la ville de Douala retombe dans la situation qu’elle a connu entre 1990 et 1992 avec des barrières de feu à Shell New-Bell, Deïdo, Bépanda, etc ? »

La réponse à cette question ne fait l’ombre d’aucun doute. Ceux qui ont connu les années de braise ne voudront risquer ni leurs biens, ni leur emploi encore moins leur vie. Il est bon que ces acteurs silencieux se fassent entendre eux aussi.

Afin de ne pas laisser le sort des masses silencieuses entre les mains d’acteurs, leaders auto-proclamés, plus soucieux de leur image médiatique et de leur positionnement politique que du devenir de Douala en particulier et du Cameroun en général, les chefs Sawa de Douala ont parlé. D‘une parole qui pèse.

R. D. LEBOGO NDONGO
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