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Antar Gassagay:« La révision constitutionnelle est la bienvenue »
Propos recueillis par Aimé-Francis AMOUGOU
Antar Gassagay, président de l’Union pour la République (Upr).
La scène politique est, depuis quelques semaines, agitée par le débat sur la révision constitutionnelle. Quel regard jetez-vous sur cette question qui divise la classe politique ?
J’ai déjà donné mon point de vue, il y a plus d’un mois, sur l’opportunité de la révision de la Constitution, notamment en son article 6. Cette révision ne devrait pas uniquement concerner l’alinéa 2. Il y a aussi l’alinéa 4 du même article. La révision constitutionnelle prévue est vraiment la bienvenue. Pour une raison simple : depuis que cette Constitution a été promulguée en 1996, tout le monde a assisté à une mobilisation d’un certain nombre de hauts responsables de l’Etat. Ceux-ci se sont vus chef d’Etat en 2011. Ils se sont regroupés dans ce que les journaux ont appelé le « G11 », d’autres se sont organisés tout seuls. Mais tous, sans exception, ont commencé à mettre de l’argent de côté. Et c’est de l’argent public.
Alors cet article 6, alinéa 2, a favorisé énormément les détournements de deniers publics en masse. Les prétendants à la magistrature suprême ont également essayé de procéder à des règlements de comptes ou à des promotions injustifiées. Tout cela, dans le souci de se faire des alliances à l’intérieur, pour que, le moment venu, ils puissent accéder au pouvoir. D’autres sont allés jusqu’à construire des alliances à l’extérieur, finançant des campagnes électorales qui ne nous concernent nullement.
Quel est donc le danger supplémentaire du maintien de cet article 6, alinéa 2 ? C’est que ces différents groupes se sont préparés sur le plan financier et sur le plan des alliances. Or, comme il n’y a qu’un seul poste de chef de l’Etat, ces gens, dotés des fonds suffisamment importants pour constituer une petite armée, vont commencer à se battre dans le but d’éliminer tous ceux qui ne sont pas de leur obédience. Les Camerounais ont longtemps souffert, ils souffrent même encore, il n’est donc pas possible de se lancer dans un désordre qui est une rupture de la paix civile. Nous venons de voir ce qui s’est passé au Tchad en deux jours. Deux jours seulement de rupture de la paix civile. Les conséquences sont là.
A vous entendre, on a l’impression que la révision constitutionnelle ne concerne que l’article 6…
Il faut déjà dire que l’article 6, lui-même, est concerné à deux niveaux. En plus de l’alinéa 2 qui a l’air de focaliser toutes les attentions, il y a l’alinéa 4 qui dit qu’en cas de vacance de pouvoir, des élections sont organisées vingt jours au moins et quarante jours au plus, à partir de la constatation de la vacance. Pensez-vous sincèrement que notre pays, au regard de son organisation actuelle aux plans politique, économique et social, soit capable d’organiser une élection présidentielle en quarante jours ? Ceci me paraît bien irréaliste !
Cet article, alinéa 4, doit donc aussi être revu. Car, il s’agit bien également d’une menace à la paix civile. Si la vacance est constatée, qu’il apparaît qu’il est impossible pour nous d’organiser une élection en quarante jours, qu’est-ce qui va se passer ? Je pense donc qu’il est bon, soit de proroger ce délai de façon raisonnable pour que les élections puissent être organisées dans le calme et la paix. Ce que je dis n’est pas de la démagogie. Quand est-ce que les partis politiques vont désigner leurs candidats ? Quand vont-ils définir et communiquer la couleur de leur bulletin à l’instance chargée d’organiser le scrutin ? Quand est-ce que cette autorité va passer les commandes d’importation du papier, de production et de distribution du matériel électoral à travers le pays ? Tout ceci en quarante jours, ce n’est pas faisable.
On peut contourner cela en proposant que la nouvelle Constitution puisse prévoir un poste de vice-président, élu sur la même liste que le président de la République. Celui-ci pourrait continuer le mandat en cas de vacance. C’est là une possibilité, et il en existe d’autres, qui peuvent nous garantir la paix sociale de façon durable. Ces dispositions, à mon avis, sont plus importantes que la durée ou le nombre de mandats. Qui peut nous donner la garantie que nous serons tous là en 2011 pour voter ?
Comment, au sein de votre parti, allez-vous vous déployer pour défendre cette position qui est la vôtre ?
Je suis déjà en train de le faire en ce moment. J’explique aux Camerounais quels sont les dangers. Il ne s’agit pas seulement de dire qu’il faut réviser la Constitution, il faut comprendre pourquoi cette Constitution contient des dangers réels contre la paix. Et je vous dirais que si les manifestations publiques n’étaient pas interdites à Douala, nous serions partis manifester, nous aussi, pour défendre publiquement notre position. Et on verrait qui marcherait plus longtemps que les autres.
Votre programme ne prévoit-il pas un meeting, une conférence à Yaoundé ou ailleurs ?
On va faire des meetings et des conférences de presse pour expliquer la raison d’être d’une révision constitutionnelle. Issa Tchiroma va d’ailleurs tenir une conférence de presse ce mercredi. Nous allons aussi bouger.
Et dans le cadre de la majorité présidentielle dont vous faites partie ?
Quelque chose est également prévu de ce côté-là dans les jours qui viennent pour donner la position de ce groupe sur la question. Ce sera également dans le cadre d’une conférence de presse. Il est, en définitive, question d’expliquer au peuple le bien-fondé de cette révision. Et en dehors même de tous ces articles à réviser, il y a des choses qu’il faut insérer dans la Loi fondamentale pour l’améliorer.