Doper la croissance


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La plupart des Camerounais vivent à l’heure actuelle en dessous du seuil de pauvreté. Avec un indicateur de développement humain de 0,506 sur 1 (PNUD), le Cameroun se classe ainsi selon le rapport 2006, au 144è rang mondial sur 177 pays. Les bonnes performances économiques des dernières années ne suffisent pas encore pour redresser cette situation, même si l’incidence de la pauvreté a commencé à reculer. Mais ce n’est pas une fatalité. Certes, la lutte contre ce fléau n’est pas une fin en soi, et ne constitue pas en elle-même un programme de gouvernement. Mais en se dotant d’une bonne stratégie à l’instar de celle contenue dans le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), le Cameroun peut changer de visage, à travers une croissance forte et durable.

En effet, qui dit croissance dit agrandissement en taille ou en volume. Appliqué à l’économie d’un pays, ce mot désigne couramment l’augmentation progressive des activités, du volume de biens et de services produits et utilisés dans cet Etat. Mais cette croissance n’est évidemment significative que si elle se vérifie sur une longue période de temps. En outre, il est clair qu’elle ne s’obtient pas sans des changements dans les structures qui caractérisent l’organisation de la vie économique dans ses principales opérations : production, consommation, échanges… En définitive, l’économie d’un pays est en croissance lorsque l’on y constate, sur une longue période, à la fois une augmentation effective de la masse de biens et de services mis à la disposition des habitants et une transformation caractéristique correspondante de l’activité économique. C’est conscient de cela que le Cameroun a élaboré le DSRP en avril 2003 et s’emploie à le réviser à la lumière des limites constatées. C’est pourquoi les objectifs visés par la nouvelle stratégie sont de faire reculer le chômage en créant de nombreux emplois, et de donner une nouvelle dynamique au secteur productif, créateur de richesses et moteur de la croissance.

Le moment est opportun. Le pays est loin d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) car la croissance, considérée comme condition nécessaire certes mais pas suffisante pour la réduction de la pauvreté, n’a pas atteint le rythme prévu dans le premier DSRP. C’est ainsi que, alors que les experts prévoyaient un taux de croissance annuel moyen de 6 à 7% entre 2004 et 2015, pour pouvoir réduire le taux de pauvreté de moitié en 2015, la croissance réelle a plutôt connu une décélération depuis 2002 en passant de 4,2% en 2002 à 4% en 2003, puis 3,5% en 2004 et 2,8% en 2005. Elle est estimée à 4,2% en 2006. Il faut donc doper la croissance et éviter à tout prix la décroissance dans le pays, synonyme de misère et de baisse du niveau de vie. C’est ce souci qui est à l’origine du DSRP de deuxième génération en cours d’élaboration. Mais lutter contre la pauvreté est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux seuls spécialistes. C’est la raison pour laquelle le gouvernement s’efforce de faire participer les populations à la base dans toutes les provinces à l’élaboration de la nouvelle stratégie.

  Jean Ngandjeu
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