Il a été débarqué d’un vol de SN Brussels, gardé à vue à l’aéroport de Bruxelles et interdit de voyager avec cette compagnie pendant six mois, pour avoir protesté contre le traitement inhumain d’un individu en cours de rapatriement.
« Notre compagnie se voit dans l’obligation de vous informer que dorénavant et pendant une période de 6 mois, à partir de 28 avril 2008, elle n’acceptera plus de vous prendre à bord de ses vols. » SN Brussels vient ainsi d’appliquer cette mesure à Serge Ngajui Fosso, un Camerounais qui devait voyager à bord du vol SN 351 du 26 avril 2008 de Bruxelles (Belgique) à Douala. Selon la compagnie, il a « refusé de [se] conformer aux instructions de sécurité données par notre personnel de cabine » en provoquant notamment « une émeute avec d’autres passagers. » Ayant appris cette décision et la trouvant injuste, certains clients de la compagnie belge ont résilié leur compte à SN Brussels. A en croire de nombreuses sources, il s’agit plutôt d’une histoire de revendication de droits humains, par un individu plutôt bien dans sa tête.
Serge Ngajui Fosso, quarante un ans, est arrivé en France en février 2005, après avoir passé huit ans en Allemagne (de 1996 à 2004). Titulaire d’un master en plasturgie, il travaille à Nanterre en banlieue parisienne depuis mars 2007. Il exerce chez Novozymzes en qualité d’assistant commercial trilingue au bureau de ventes pour l’Europe, l’Asie et le Moyen Orient. Novozymes est une multinationale danoise spécialisée dans la production et la commercialisation des enzymes techniques. Ayant pris ses congés, il a bien voulu venir au pays rendre visite à sa famille. C’est pendant qu’il voyageait pour le Cameroun qu’il a protesté contre le traitement inhumain administré à Ebenizer Folefack Sontsa en cours de rapatriement au Cameroun dans le vol de SN Brussels.
Négation des droits
L’événement auquel il a ainsi assisté pose, selon lui, deux problèmes principaux : d’une part la négation de la liberté d’expression, et d’autre part, le piétinement des droits de l’homme. « Les agents de Brussels et la police belge m’ont ainsi mâté parce que j’ai osé m’indigner non seulement du mauvais traitement d’un être humain, fût-il sans papier, mais aussi des conditions déplorables dans lesquels devait se dérouler notre voyage », affirme-t-il. Ebenizer Folefack « avait les mains au dos, attachées. Quand il fallait le faire sortir de l’avion, j’ai vu les policiers détacher ses pieds, et c’est avec une brutalité déconcertante qu’il a été mis hors de l’appareil », témoigne M. Fosso.
De façon générale, quand un sans papier doit être expulsé, la police l’installe dans l’avion avant les passagers réguliers, afin que ces derniers ne vivent pas le spectacle. Quand la personne est calme, il n’y aucun problème. Mais quand elle fait des bruits, elle attire l’attention. Dans le cas d’espèce, « le gars criait ‘Au secours, aidez-moi, je ne veux pas partir’. Les policiers en civil ont bloqué sa bouche, son nez, et à un moment donné ses cris étaient étouffés. » C’est à cet instant que M. Fosso s’adresse à haute voix à une hôtesse en lui indiquant qu’il n’est pas prêt à voyager dans ces conditions. A l’en croire, presque tout le deuxième compartiment de l’avion s’est soulevé. Des passagers rappellent alors aux hôtesses et aux policiers que c’est un vol commercial, qu’ils ont payé pour avoir un service autre que celui qu’on veut leur imposer. Face à la furie des passagers, « les policiers détachent Ebenizer, le tirent violemment pour l’amener dehors [il va se suicider quelques jours plus tard]. » Chacun reprend sa place.
Tout semble revenu dans l’ordre quand des policiers de l’aéroport font irruption dans l’appareil. Trois personnes, parmi lesquels M. Fosso, sont pointées du doigt. « Je suis immédiatement plaqué au sol ; je reçois des coups de pied à la tête, aux côtes… Je suis menotté, puis conduit en cellule », affirme serge, en montrant des cicatrices qu’il porte à la tête et aux mains. Pendant qu’on le traitait ainsi, il recevait des propos racistes : « C’était la première fois de vivre personnellement de tels actes depuis que je suis en Europe ! » Les passagers ainsi interpellés ont fait dix heures de détention. Ils n’ont pas été remboursés. Serge Fosso s’est débrouillé pour rejoindre Paris et prendre un nouveau billet afin de voyager par Air France vendredi 02 mai. Il entend porter plainte, une fois de retour. Triste sort d’Africains en Europe !





