Litige : Un mort à Bogo


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Un affrontement entre Musgum et gendarmes à l’origine du drame.
Dieudonné Gaïbaï

Jeudi dernier, jour de marché périodique à Bogo l’ambiance a été mouvementée du fait d’un affrontement entre des musgums et les éléments de la brigade de gendarmerie de Bogo. Affrontement suscité par la tentative d’interpellation du nommé Ousmanou Awinikaye, commerçant au marché de Bogo. Laquelle interpellation fait suite à une réunion tenue à Baoli, un village de Bogo. Et au cours duquel, Ousmanou aurait mis le doigt à l’œil du sous-préfet. Motif pris de ce que, l’autorité administrative se déployait pour faire installer dans un village musgum, des peuls.

Tout serait en effet parti de la menace d’inondation qui frappe les terres des populations de Golombaye, village peul de l’arrondissement. La municipalité y a érigé des digues qui n’ont malheureusement pas pu jusqu’ici contenir les eaux. Dans la perspective de la prochaine saison pluvieuse, le sous-préfet Abdoulaye Oumarou a mis sur pied une commission de constat et de relocalisation des populations de Golombaye. Cette commission est descendue en début de semaine dernière à Baoli, site pressenti pour accueillir ceux qui seront déplacés. La nouvelle qui a fait le tour du village a ameuté des hommes et jeunes, munis de gourdins, de flèches et de lances. Ils sont venus à la rencontre du sous-préfet pour protester contre le recasement des peuls dans leur village. Au cours des échanges entre le sous-préfet et les gros bras gonflés à bloc, Ousmanou Awinikaye aurait menacé le sous-préfet au point de lui mettre le doigt dans l’œil.

Le Mouvement pour la Défense des Droits de l’Homme et des Libertés (MDDHL) une toute autre lecture. D’après lui, " le samedi 10 mai 2008, une descente du Sous-préfet accompagné de quatre (04) gendarmes a eu lieu à Baoli dans le but de procéder à des arrestations. Ceci a été infructueux. Le Sous-préfet aurait déclaré que les Mousgoum de Baoli auraient fait appel à quatre Vingt (80) combattants tchadiens armés ! Ceci dans le but de créer un climat d’insécurité et une psychose sociale qui faciliterait la manipulation de sa hiérarchie. "
Toujours est-il que le 15 mai dernier, des gendarmes ont reçu pour mission d’interpeller Ousmanou, alors qu’il se trouvait au marché de Bogo. Face à la résistance d’ousmanou de déférer à la convocation qui lui a été servie, une course poursuite va s’engager entre les gendarmes et Ousmanou. D’autres personnes vont entrer en jeu dans cette course poursuite.

C’est ainsi que dans un cafouillage où des couteaux sont entrés en scène, Wannamou un des gendarmes va tirer. Ousmanou va être atteint par une balle. Il en mourra quelque instant plus tard. Le commandant de compagnie arrivé sur les lieux va s’emparer de l’arme de son élément. C’est alors que selon des sources concordantes, les populations en furie vont s’en prendre au commandant de compagnie Joseph Kenko. Il va recevoir plusieurs coups de poignards alors qu’il tentait de faire évacuer Ousmanou Awinikaye à bord du véhicule du sous-préfet.
Les éléments du Bir arrivés dans la foulée, vont mettre la main sur deux personnes qui ont arraché une kalachnikov au commandant de brigade. Ils vont être mis à la disposition de la brigade de Bogo avant d’être relaxé par le commandant de compagnie de Maroua, sous le prétexte qu’il y aurait une atteinte à l’ordre public. Pour l’heure Bogo semble avoir retrouvé sa quiétude, en attendant que les enquêtes ouvertes connaissent un denouement.
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