L’armée camerounaise se réveille enfin !


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Le Messager l’a annoncé, cela s’est produit. Bakassi n’est pas encore une terre de paix. L’attaque d’hier matin le confirme. Ceux qui se présentent comme étant la tête de proue d’un des mouvements rebelles – certains parlent de pirates et d’autres de bandits – sévissant dans la zone l’ont dit au Messager. Celui qui se fait appeler le commandant Ebi Dari (for Defence) du Niger Delta Defence and security council (Nddsc) a en effet affirmé mardi 23 juillet qu’un autre groupe va attaquer « dans les jours qui suivent », mais que ce groupe n’est pas celui auquel il appartient, précisant que plusieurs groupes différents opèrent dans la zone. A la suite de cette annonce, Le Messager s’est approché de l’état-major qui a indiqué que la zone était désormais fortement militarisée (cf. LM n°2660). De même, nos sources confiaient que le feu vert était donné pour que l’armée camerounaise mette l’accord de Greentree entre parenthèses et riposte violement à toute nouvelle attaque des assaillants.
Avec les événements d’hier, les Camerounais ont enfin reconnu leur armée. Dans son éditorial du 14 juillet (cf. LM n°2653), Pius N. Njawé qui a campé la nature des agressions appelait l’armée camerounaise à reconsidérer son comportement, puisque l’ennemi avait muté. « Le défi aujourd’hui est, semble-t-il, de restructurer la présence militaire camerounaise à Bakassi », écrivait alors l’éditorialiste. Le repositionnement a été fait, et les effets sont immédiats : dix morts chez les assaillants ! Ce qui tranche avec les dernières attaques où l’armée camerounaise était toujours battue. Mais cela est-il suffisant pour que la confiance revienne ?
Dans son interview au Messager lundi dernier, le comandant Ebi Dari indiquait, comme les présumés rebelles l’ont d’ailleurs signifié dans les deux communiqués parvenus au Cameroun, qu’ils ne laisseront jamais Bakassi en paix tant que le gouvernement camerounais « ne parle pas » avec eux. Le commandant Ebi Dari reconnaît que Bakassi est camerounaise mais qu’au 14 août, date de la fin du processus de rétrocession, les gens qui souhaiteraient par exemple retourner au Nigeria bénéficient de conditions de réinstallation ; que l’on se souvienne qu’ils ont perdu des membres de leurs familles dans la guerre, qu’ils ont perdu des investissements, du matériel, etc.
Mais au sein du gouvernement camerounais, on pense que les gens qui sèment la terreur à Bakassi ne sont que des bandits qui usent du simple dilatoire pour ramener la question de la rétrocession sur la table des négociations. Ils veulent faire un deal avec le gouvernement. Or il n’en est plus question ; « nous ne nous laisserons pas prendre à ce piège-là », affirmait un membre du gouvernement, indiquant que « des dispositions militaires et diplomatiques sont déjà prises pour parer à toute éventualité » (cf. LM n°2653). Si le baroud d’honneur de l’armée camerounaise redonne effectivement de l’espoir au peuple camerounais, il ne faut pas oublier que les assaillants semblent déterminés et pourront revenir.
Mais l’important, peut-être, c’est déjà d’avoir gagné cette bataille et, surtout, que le gouvernement ait rapidement informé les Camerounais de ce qui s’est passé.
Marlyse SIBATCHEU




Attaques à Bakassi
Agressées, les forces de défense nationale ripostent de la plus belle des manières. Plusieurs assaillants tués, d’autres maîtrisés.
Riposte musclée de l’armée camerounaise

Jeudi 24 juillet 2008. Huit heures trente-neuf minutes. Alerte sur les réseaux téléphoniques du Cameroun. “ I just want to let you understand that the boys have lunch attacks again. The operation is going on as you are reading this Sms”. Quelques heures plus tard, l’on apprend que l’armée camerounaise vient d’être victime d’une nouvelle attaque d’assaillants dans la péninsule de Bakassi. Le bilan humain est lourd : une dizaine de morts, des blessés, et même des prisonniers. Mais cette fois, la peur semble avoir changé de camp. On comprendra plus tard que, contrairement aux attaques antérieures, les assaillants ont été écrasés par l’armée camerounaise.
A la Base navale de Douala en fin de matinée hier, de nombreux militaires (marins) se frottent les mains. Les nouvelles venant de leurs camarades récemment détachés à la pêcherie Kombo à Janea, dans la presqu’île de Bakassi, sont très bonnes. En attendant la confirmation des chiffres, ils se réjouissent du bilan que la radio de transmissions des armées vient de communiquer. “ Les rebelles ont attaqué ce matin. Mal leur en a pris. Nos camarades ont riposté sévèrement ”, confie un militaire. Ce dernier ne cache toutefois pas sa tristesse pour le mort et les quelque quatre blessés enregistrés côté camerounais.
Cette source militaire révèle par ailleurs que les blessés camerounais ont été directement acheminés dans des centres hospitaliers où ils sont actuellement sous soins intensifs. “ Notre camarade décédé n’est pas mort sur le champ de bataille. Il était grièvement blessé et a rendu l’âme au moment de son évacuation ”, lance un autre militaire qui ne cesse d’exalter cette prouesse de la marine. “ Nous avons toujours dit que les éléments de la marine nationale maîtrisent mieux la zone de Bakassi ainsi que les habitudes des populations vivant dans les pêcheries, mieux que tout autre corps de l’armée”, fait observer ce militaire.

Mobilisation
En effet, les militaires ayant affronté avec succès les rebelles d’hier sont issus du 22e bataillon de fusiliers marins (Bafumar) basé à Mudemba dans le département du Ndian. “ Nous allons désormais ratisser large, pour mettre de l’ordre dans la presqu’île. Il n’est plus question de se cantonner aux exigences de l’accord de Greentree et, pendant ce temps, on nous tue comme si nous sommes des lâches alors que nous ne le sommes pas du tout. Notre armée est forte et capable de pacifier la presqu’île. Il suffit que la hiérarchie nous intime l’ordre de le faire ”, confie un militaire en partance pour le camp de la valeur à Bonanjo.
Dans ce camp de la valeur, base de la deuxième région militaire, ainsi qu’au 21ème bataillon blindé de la reconnaissance (Bbr) et au camp du Genie militaire dans la capitale économique, c’est la mobilisation générale. Il est demandé à tous les soldats de rester sur le qui-vive. “ On nous a demandé d’être prêt à toute éventualité ”, confie un soldat qui, par ailleurs, confirme l’information publiée à plusieurs reprises par Le Messager ces derniers jours, faisant état de nouvelles attaques et de la riposte sévère qui était en préparation, côté camerounais.
Honoré FOIMOUKOM

Remy Ze Meka présente son bilan
Le communiqué du gouvernement

Tôt dans la matinée de ce 24 juillet 2008 dans la localité de Kumbo à Janéa situé dans la presqu’île de Bakassi, et tenue par un détachement du 22e bataillon des fusiliers marins a été attaqué par une bande armée sans attribut militaire apparent, naviguant à bort de trois embarcations motorisées. Suite à la riposte de nos forces de défense, le bilan de cette énième attaque dans la péninsule de Bakassi se présente ainsi qu’il suit :

Du côté de la bande armée
- 10 assaillants tués et 8 autres fait prisonniers.
- Un important stock d’armements saisi, à savoir : une mitrailleuse lourde de calibre 12,7 mm, deux mitrailleuses à gaz de 7,62 mm, cinq fusils d’assaut Kalachnikov de type A4 47, un fusil d’assaut colt du type M 16-45, un important lot de munitions correspondant à ces armes.
- Une embarcation flying boat et son contenu coulés ; une embarcation de type flying boat saisie avec deux moteurs hors bord de 75 et 40 chevaux.

Du côté des forces de défense camerounaise
- Un tué au cours de l’échange des tirs ; un décédé de suite des blessures au cours de son évacuation et quatre blessés. Les blessés ont été évacués et immédiatement pris en charge dans les services hospitaliers.

Le président de la République, chef des armées, a débloqué les moyens nécessaires pour le suivi médical des militaires blessés. Les opérations de ratissage se poursuivent tout autour de la zone de contact.
 

Par Marlyse SIBATCHEU et Honoré FOIMOUKOM
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