L'ancien Sg de la présidence de la République a été déféré hier peu avant 23h.
J. Binyam et J.B. Ketchateng
Jean Marie Atangana Mebara n'était pas fixé sur son sort, lorsque les bureaux de l'administration fermaient leurs portes hier à Yaoundé. Me Ebanga Ewodo, l'un des avocats de l'ancien secrétaire général de la présidence de la République interpellé vendredi 1er août dernier à Yaoundé, a déclaré au téléphone qu'il était du ressort du procureur de la République de donner une suite judiciaire à la prorogation de la garde à vue de son client à la direction de la police judiciaire. Mais à 22h35, M. Atangana Mebara a vu les portes du pénitencier se refermer sur lui, après avoir quitté peu après 20h, la direction de la police judiciaire à Yaoundé, afin de rencontrer le procureur de la République qui l'a placé sous mandat de dépôt au milieu des pleurs de sa famille venue le soutenir. C'est autour de 22h20 qu'il est sorti du bureau du procureur, une casquette à visière, style Dina Bell, vissée sur la tête et qui ne permettait pas dans la pénombre de distinguer l'expression de son visage. Il s'est avancé vers sa famille qui s'est agglutinée au portillon, s'offrant une étreinte avec une dame vêtue d'un kaba. Sa belle-mère, selon nos informations. Puis il a lancé à la vingtaine d'autres personnes dont certaines laissaient échapper des sanglots : " Soyez forts ", avant de s'engouffrer dans le véhicule de la police. Déjà les policiers commençaient à repousser ces personnes en leur criant " allez loin, allez loin".
La journée s'achevait ainsi pour l'ancien haut fonctionnaire qui a été emporté dans une Toyota 4x4 double cabine de la police. Assis sur la banquette arrière, il était coincé entre deux policiers. Le cortège composé de trois voitures lancées à vive allure dans les rues désertes de Yaoundé ne va pas s'astreindre au respect du sens interdit devant le ministère des Transports. Le trio d'automobiles, dont une Mercedes d'un bleu sombre qui talonnait le pick-up et son illustre passager, parti du quartier de la justice, s'est ébranlé vers le rond-point de la poste centrale avant de filer vers Nkolndongo en empruntant la nouvelle route qui part d'Acropole au collège Siantou. Puis le cap sera mis sur le carrefour Etam-Bafia, montée Kondengui puis le pénitencier auquel ce quartier s'identifie depuis son édification.
Mis sous mandat de dépôt, Jean Marie Atangana Mebara devra répondre de cinq chefs d'accusation, a-t-on appris de sources dignes de foi. Il s'agira notamment de détournements de deniers publics en coaction et en complicité. On se souvient que, lundi dernier, alors que le procureur du tribunal de grande instance du Mfoundi devait le fixer sur les charges qui seraient éventuellement portées contre lui, Jean Marie Atangana Mebara s'était simplement vu renvoyer pour quarante huit heures supplémentaires à la cellule qu'il partageait avec Hubert Otele Essomba, le directeur général adjoint de Apm Cameroun à la direction de la Pj à Elig-Essono.
D'après les avocats de l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et des Relations extérieures, le procureur n'avait pas encore rassemblé suffisamment d'éléments pour décider de la suite de l'affaire. D'ailleurs, le sujet pour lequel M. Atangana Mebara avait été arrêté n'en finissait plus de susciter des hypothèses dans la presse. Mais de sources policières, Mutations a appris qu'il n'avait point été interpellé pour le dossier de l'Albatros, bien que Apm Cameroun ait été spécialement chargé de marchés dans le secteur de l'aviation au Cameroun. Les recherches de la police voudraient notamment expliquer pourquoi des prestations fournies par Apm (location d'un aéronef à l'usage du président de la République ou audit à la Camair ?) avaient été surfacturées de 300 millions de Fcfa.
Les enquêteurs de la direction des enquêtes économiques et criminelles auraient également cherché à savoir quels rôles le Pca d'Apm à l'époque, Ephraïm Inoni, et Jean Marie Atangana Mebara qui pilotait alors comme secrétaire général de la présidence de la République les questions aéronautiques au Cameroun (Camair, The Albatros, etc.), ont éventuellement joué dans cette affaire. Pour autant, le prévenu Atangana Mebara qui recevait en dehors des avocats, de son médecin et de son épouse, un seul proche dont il communiquerait l'identité aux policiers, quotidiennement, paraissait égal à lui-même. A son chevet, confiait une source policière, une biographie de Bill Clinton…





