Voitures et Véhicules
Yaoundé : Des démolitions à Essos
Des salons de coiffure, des cafétérias ont été détruits hier par les agents de la Communauté urbaine.
André T. Essomé Essomé (Stagiaire)
Le long de la rue qui va du carrefour de l'avenue Germaine Ahidjo à la paroisse catholique St Jean, c'est un décor défiguré qui s'offrait aux populations du quartier Essos hier matin mardi 12 août. L'équipe de la Communauté urbaine a surpris les personnes dont les constructions ont été jugées hors la loi avant de les détruire. Des femmes et des hommes tenus non loin des ruines discutent désespérément alors que des jeunes garçons se penchent sur les débris de bois, armés de marteaux et arrache-clous pour sauver ce qui peut encore l'être.
On se croirait dans un chantier de construction. Des coups de marteau qui tombent pour séparer deux morceaux de planches. Des lattes et des chevrons qui échouent plus loin, des feuilles de tôles qui s'amassent les unes au-dessus des autres. On n'est pas du tout de bonne humeur dans cet ouvrage. M. Obama, fils de M. Ndi Manga dont le mur en parpaings vient d'être renversé par les employés de la Communauté urbaine, ne comprend pas ce qui leur est arrivé : "Nous ne savons rien. Ils nous ont surpris. Il n'y a même pas une servitude qui passe par ici. Mais ils nous demandent le permis de bâtir ".
De l'autre côté de la route, chez Belibi Senguena, ce n'est pas seulement l'injustice qui est dénoncée. On parle beaucoup plus de la jalousie. Le propriétaire de la cafétéria détruite voit dans cette démolition, la main jalouse de son cousin, pour un problème d'héritage. " Je soupçonne mon cousin qui est là derrière et c'est son ami intime qui travaille à la Communauté urbaine qui est venu nous détruire. Il n'y a pas d'entente entre nous depuis la mort de mon grand père", regrette Belibi Senguena
Et ce n'est non plus Mathias Fankam qui voit clair dans cette démolition. Voisin de Belibi Senguena, le jeune homme de 25 ans était jusqu'à avant 9 h, propriétaire d'un salon de coiffure. Il venait, dit-il, d'être déguerpi par une équipe composée d'un gendarme et cinq hommes. " C'est un salon de coiffure où j'ai investi plus de 300 000 Fcfa. Ils ont cassé les miroirs et les ventilateurs. " Pour lui aussi, la démolition dont il est victime, se situe au-delà du simple fait de l'opération d'assainissement marqué par un trait à la devanture des maisons, suivant les limites à ne pas franchir.
" Nous nous attendions à ce que tout le monde se retrouvant soit détruit. Il y a plus de 4 mois, ils étaient venus tracer cette ligne. Mais à notre grande surprise, depuis l'avenue Germaine jusqu'au carrefour Essos, c'est seulement nous qui sommes touchés ", regrette le coiffeur. Comment envisage-t-il de reprendre son activité ? Mathias répond : " Je ne sais pas. Ils veulent peut-être que j'aille au chômage ".