Commentaire : Attention, danger !


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Il y a quelques semaines, M. Kamga Nenkam, un aconier de la place portuaire de Douala, a pris les médias à témoin pour dénoncer le niveau d'ensablement du chenal qui mène au Port de Douala, un port d'estuaire.
C.B.

Pour faire face à la forte demande du marché local, l'un de ses clients avait importé une forte cargaison de ciment. Le bateau requis par l'aconier pour transporter la marchandise au Cameroun a dû se délester d'une partie de son chargement au port voisin de Pointe-Noire avant de décharger le reste sur les côtes du Wouri. C'est du moins ce qu'avait déclaré l'aconier aux journalistes. Ce manège allait se répercuter sur le prix du sac de ciment proposé au consommateur camerounais. Le niveau d'ensablement du chenal, disait-il alors fort logiquement, obérait la compétitivité de l'économie nationale. Et les plus hautes autorités du pays étaient interpellées pour prendre des mesures qui s'imposent.

A l'époque de cette sortie médiatique remarquée, personne n'eut le temps de faire un lien avec le management du Port autonome de Douala, l'entreprise publique qui gère la plateforme logistique de la place portuaire du Littoral camerounais. Pourtant, quelques mois plus tôt, cette entreprise était encore gérée par Emmanuel Etoundi Oyono, un administrateur civil qui avait été projeté à sa tête sans en avoir les connaissances requises. Prétextant une surfacturation des prestations de l'entreprise chargée de draguer (curer) le chenal, le brave administrateur avait suspendu le contrat de ladite entreprise et avait mis fin à ses interventions dans le Wouri sans prendre des mesures pour une solution alternative. Comme une société chargée de gérer un aéroport qui ne se préoccupe guère de l'état de sa piste d'atterrissage, le Port était resté de longs mois sans se soucier de la profondeur de son chenal. Or, ce dernier est le premier indicateur de l'efficacité d'un port d'estuaire. Il a suffi que M. Etoundi Oyono soit remplacé par un portuaire pour que ce dernier décide, dès sa prise de fonction, de relancer le dragage du chenal. Quel tort le passage de M. Etoundi Oyono au Pad a-t-il causé au Port de Douala ? Personne ne se préoccupe aujourd'hui de savoir.

Le Chantier naval et industriel du Cameroun connaît une situation similaire. A la lecture de la lettre de l'expert de la Bad, l'un des financiers du projet de construction du Yard pétrolier de Limbé, dont Mutations a publié, ci-contre, des extraits, il apparaît clairement que l'avenir de cette entreprise est compromis par le management actuel. S'il est finalement établi que Zaccheus Fordjidam, l'ancien Dg, a pris des libertés avec la fortune de cette entreprise, il est compréhensible et même salutaire qu'il ait été démis de ses fonctions. Mais, est-ce une raison pour que la sanction de l'ancien directeur général s'accompagne de la destruction de tout ce qu'il a laissé comme héritage à l'entreprise ? C'est maintenant qu'il faut répondre à la question en lui désignant un successeur qui saura capitaliser sur les aspects positifs de la gestion antérieure en corrigeant ses errements. Sinon, la seule entreprise publique de calibre créée sous le Renouveau risque de sombrer avant le prochain septennat…
Le silence du Dg devant notre demande d'informations, à l'effet de proposer une enquête équilibrée est sans doute la preuve de plus que, sous le Renouveau, ce n'est pas dans la perspective de résultats concrets et d'efficacité avéré que l'on nomme les responsables, pas même dans des entreprises stratégiques comme le Chantier naval.
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