La communauté urbaine chassée chez Titus Edzoa


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Yaoundé :

La mairie a tenté hier de prendre possession d'une villa de l'ancien ministre qu'elle a achetée en janvier mais le propriétaire l'a dirigée vers une dépendance.
Jean Baptiste Ketchateng

Geneviève Edzoa a dû vivre un de ses jours les plus heureux depuis l'emprisonnement en 1997 de son mari, Titus Edzoa, ancien secrétaire général à la présidence de la République, et candidat à la présidence de la République contre son ancien patron Paul Biya. Mme Edzoa a en effet jubilé hier après l'échec d'une tentative d'expulsion des locataires d'une somptueuse villa qui appartient à son époux et qui se trouve dans le très chic quartier de Bastos à Yaoundé. Mais il ne s'agissait pas d'une victoire pour les Edzoa qui ont bénéficié d'un extraordinaire concours de circonstances.

Le 24 janvier dernier en effet, la communauté urbaine de Yaoundé avait acheté dans une vente aux enchères devant le tribunal de grande instance du Mfoundi à Yaoundé, "d'un immeuble bâti appartenant à M. Titus Edzoa situé au quartier Bastos…" Contre 200 millions de francs Cfa, la ville de Yaoundé acquerrait donc l'immeuble de M. Edzoa qui avait été condamné dans un procès après sa démission du gouvernement où il occupait les fonctions de ministre de la Santé publique, et la présentation de sa candidature à la présidence de la République le 20 avril 1997. Titus Edzoa avait en effet été inculpé et condamné à 15 ans de prison notamment pour le détournement de deniers publics.

Faute
Solidairement avec Thierry Michel Atangana Abega, M. Edzoa avait également été condamné à payer 350 millions de Fcfa en réparation du préjudice subi par l'Etat. L'Etat, qui était partie civile dans ce procès, réclamait déjà en avril 2006, 384 millions de Fcfa (le surplus représentant les frais de retard) aux deux condamnés qui ne s'étaient pas exécutés de leur propre chef. De cette inexécution, l'Etat avait tiré partie pour réclamer un recouvrement forcé des sommes dues par M. Edzoa singulièrement. D'où la vente aux enchères qui se déroula après une première tentative avortée le 12 décembre 2007, en raison du non respect de certaines règles de procédure.

C'est d'ailleurs une autre faute dans la procédure qui aurait produit le différend qui est né hier entre l'avocat de M. Edzoa qui s'est opposé à la prise de possession de la villa par une cinquantaine d'agents de la communauté urbaine de Yaoundé aidés par des policiers. Le rapport d'expertise de M. Takam établi en septembre 2007 concerne en effet sur une belle demeure photographiée bâtie sur un terrain dont le titre foncier porte le numéro 7891. Mais l'acheteur, la communauté urbaine de Yaoundé, a acquis l'immeuble dont le titre foncier est numéroté 7890. Du coup, la ville de Yaoundé a acquis " la dépendance " de la villa d'Edzoa. Les hommes qui " comptent " dans la ville pensait-ils effectivement prendre possession de la luxueuse demeure pour dépouiller Titus Edzoa et le punir à nouveau d'avoir osé s'opposer à la direction du pays, comme le pensent certains membres de la famille Edzoa ? L'on sait en effet que jusqu'alors, Thierry Michel Atangana Abega n'a pas encore été contraint de payer la sanction pécuniaire à laquelle les deux hommes ont solidairement été condamnés.

Hier en tout cas, les agents de la communauté urbaine ont été les derniers à quitter la petite rue tranquille de Bastos. " Comme s'ils avaient particulièrement intérêt à faire déguerpir les gens qui logent-là ", a par exemple commenté un homme dans le voisinage de la maison qui témoigne également de ce que les policiers et l'huissier de justice commis par l'étude de Me Gabriel Ngwe se sont subrepticement retirés. Qui est donc responsable de la méprise qui a dû se produire dans cette affaire ? Le délégué du gouvernement que Mutations a joint au téléphone hier soir ne semble pas déjà chercher des responsables de la situation. Gilbert Tsimi Evouna, qui ne juge point l'affaire grave, dit ne pouvoir ni confirmer, ni infirmer l'ordre de faire partir les occupants des lieux sur lequel les agents communaux se sont fondés. D'ailleurs, il recommande d'attendre un peu afin de connaître la réaction de la communauté urbaine.
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