L'un des quatre blessés au cours de la démolition d'un immeuble au quartier Carrière jeudi dernier a succombé à ses fractures.
Patricia Ngo Ngouem et André T. Essomé Essomé (Stagiaire)
L'atmosphère est lourde ce samedi 6 septembre dans la famille de Françoise Ondoa, propriétaire de l'immeuble blanc dont une des façades a été détruite jeudi 4 septembre dernier au lieu dit Jean Vespa. Des pleurs et des cris s'échappent d'une des pièces de la partie détruite recouverte d'une bâche bleue où cette famille nombreuse a trouvé refuge depuis jeudi dernier. " Eééh ! Qui va encore m'appeler Eric au quartier ?". "Où avez-vous mis Derrick ?". "Vous allez me tuer à Jean Vespa" se lamentent plusieurs femmes, pleurant Hervé Zam, décédé samedi 6 septembre dernier à 15h aux urgences de l'hôpital Central de Yaoundé où il avait été conduit deux jours auparavant. Le jeune homme de 22 ans, plus connu sous le nom de Derrick, avait été hospitalisé de toute urgence jeudi dernier, après être tombé du toit de l'immeuble où il démontait des tôles. Une chute causée, selon les dires de son cousin Borice, par la démolition du poteau sur lequel il se trouvait. En effet, "j'étais sur le toit avec mon cousin derrick et trois amis en train de démonter la toiture pendant que les gens de la Cuy (Communauté urbaine de Yaoundé, ndlr) cassaient en bas. Lorsqu'on a vu comment la maison se penchait d'un côté, mes amis et moi avions fui. Derrick, qui se trouvait sur le poteau qui venait d'être coupé, a glissé et est tombé au sol", déclarait Borice dans notre édition N° 2232 du vendredi 5 septembre. "Il avait la tête complètement ensanglantée et c'est à peine si on pouvait le reconnaître", ajoutait Bosco Tchiofoue, un témoin ayant vécu la scène.
Des tâches de sang étaient d'ailleurs visibles sur la chaussée. Trois autres personnes, non identifiées, avaient également été blessées au cours de ses démolitions. Selon les membres de la famille du défunt, ce dernier, qui souffrait d'une cassure du cou et d'une fracture à la colonne vertébrale, ayant entraîné la paralysie suite à la dalle qui est tombée sur lui, a fini par rendre l'âme. Provoquant la désolation et l'incompréhension dans cette famille. "Je n'ai reçu aucune convocation m'avertissant qu'ils allaient venir casser. C'est aujourd'hui (jeudi 4 septembre dernier) qu'ils sont venus mettre la croix. Je me suis même rendue le matin à la Cuy mais personne ne m'a reçue. Quand je suis rentrée, j'ai trouvé la maison détruite et mon petit-fils à l'hôpital", s'était écrié Françoise Ondoa, la propriétaire de l'immeuble, en léchant du sol pour témoigner de la véracité de ses dires.
Des dires qui ne concordaient pas avec ceux de certains témoins qui déclaraient que le bâtiment avait été marqué de la mention "A détruire" deux jours plus tôt, c'est-à-dire mardi 2 septembre. Si à ce moment là c'est la Cuy qui avait été indexée comme responsable de la casse, aujourd'hui, c'est la commune d'arrondissement de Yaoundé II qui est montrée du doigt, au regard du matériel des casseurs retrouvés sur les lieux des décombres après leur "fuite" : barres de fer, massettes et tabliers orange avec l'inscription " Commune d'arrondissement de Yaoundé II .Opération d'assainissement". Ce qui ne change rien à la détresse de cette famille où la mère du défunt semble s'être murée dans un silence.





