L’appareil de type « Puma » effectuait un entraînement de routine, samedi dernier lorsque l’incident s’est produit.
La panique prend ses quartiers dans les services de la sécurité présidentielle au Cameroun. Après l’incident causé pas l’écroulement d’un mur du Palais de l’Unité, c’est au tour de la sécurité aérienne de prendre peur. Depuis le 21 septembre 2008, les hauts responsables militaires de l’état major de l’Armée de l’air sont nerveux. Il en est de même de ceux de la Base aérienne 101 de Yaoundé. C’est que, selon un sous-officier de l’armée en service à la Base aérienne de Yaoundé, « le Puma du chef de l’Etat a été victime d’un grave incident. Cela évidemment affecte tous nos chefs ».
Dans le langage usuel de l’Armée de l’air, « lorsqu’on parle d’incident d’hélicoptère, il s’agit en réalité d’un accident qui a endommagé l’appareil de 40 à 50%. On parle d’un accident lorsque l’appareil a été endommagé à 70 et 80 % », explique au Messager un autre sous-officier de l’armée de l’air. Difficile pour l’instant de savoir les conditions réelles dans lesquelles l’hélicoptère du chef de l’Etat a failli se crasher comme on l’affirme dans certains milieux de la grande muette de la capitale camerounaise.
Vol de routine
La plupart des militaires de l’état major de l’Armée de l’air basé à Yaoundé se montrent en effet très avares en confidences, pour des raisons du reste compréhensibles. Mais selon des indiscrétions provenant de sources dignes de foi, l’un des appareils que le couple présidentiel utilise assez régulièrement, pour se rendre à Mvomeka’a, le village du chef de l’Etat, a effectivement subi un « grave incident ». On parle plus précisément d’un hélicoptère de type AS 332 L Super Puma que pilotait un officier en service à l’état major particulier du président de la République, dont l’identité ne nous a pas été révélée.
Ce dernier effectuait selon des témoignages, un vol de routine. Il s’agit de ces vols hebdomadaires requis pour s’assurer de la fonctionnalité de l’appareil. C’est pendant l’un de ces vols, samedi dernier, 20 septembre 2008, qu’il y aurait eu une défaillance technique dont la nature n’est pas encore connue. Le pilote aurait été obligé de ramener l’appareil de toute urgence et de manœuvrer pour atterrir en catastrophe à la base aérienne 101 Yaoundé. Evitant de justesse un crash qui aurait causé des dommages plus importants.
Entretien
Les Puma sont des hélicoptères de transport civil ou militaire développé en France et mis en service depuis 1968. Ces appareils peuvent transporter jusqu’à 20 personnes. Des 1 687 pièces fabriquées à ce jour, le Cameroun en a acquis 2, pour des raisons de « transports gouvernementaux ». Selon des sources militaires, la flotte aérienne présidentielle que gère l’état major particulier du président de la République est constituée d’un avion présidentiel baptisé « Hirondelle », et deux hélicoptères Puma. Le Boeing 727 « Le Pélican », avion présidentiel laissé par l’ex-président est hors d’usage depuis des années. Paul Biya s’est offert en 2004, un autre avion baptisé « The Albatros ». Mais le vol présidentiel inaugural de cet avion en avril 2004 a failli lui coûter la vie.
L’incident de samedi dernier remet au goût du jour la question de l’entretien du matériel de l’armée au Cameroun. Certains hommes en tenue décriaient déjà le fait que ce n’est qu’à l’approche du défilé du 20 mai que le ministère de la Défense et les états majors se mobilisent. L’on a encore en mémoire la querelle entre le ministre de la Défense (Mindef) et le défunt chef d’état major de l’armée l’air, entre janvier et mars 2007. Rémy Ze Meka et le général Yakana ne s’entendaient pas sur la composition d’une commission de militaires devant se rendre en Roumanie pour une opération de révision générale d’un hélicoptère Puma de l’armée camerounaise. Le Mindef aurait tenté, avait-on alors appris, d’imposer un adjudant-chef major ne faisant pas partie du personnel naviguant de l’armée de l’air…
Jean François CHANNON
et Edouard TAMBA
… lui-même hué à New-York
Le séjour new-yorkais du chef de l’Etat camerounais n’est pas de tout repos. Des manifestations de contestation sont organisées tous les jours par des Camerounais de la diaspora.
Le chef de l’Etat, Paul Biya, accompagné de son épouse Chantal Biya et de quelques proches collaborateurs, est arrivé samedi dernier, 20 septembre 2008, à la John F. Kennedy Airport (Jfk) à 14 heures dans le cadre du 63è sommet des l’Organisation Nations Unies (Onu). Soit avec un retard de 3 heures, parce qu’il y était attendu à 11 heures. Il n’est pas sorti de l’avion comme à l’accoutumée. Plusieurs dizaines de manifestants Camerounais l’attendaient à l’aéroport. Pour les éviter, Paul Biya a emprunté une sortie sécurisée pour échapper non seulement aux regards des manifestants mais aussi et surtout à leurs revendications.
Les manifestants camerounais hostiles au pouvoir de Paul Biya, estimés à une centaine à l’aéroport Jfk, étaient tous vêtus de noirs. Malgré une température peu favorable, ils ont tenu à exprimer leur ras-le-bol. Sur des pancartes et des banderoles étaient inscrits des messages condamnant la violation de la Constitution, des droits des citoyens camerounais, la corruption et les détournements de fonds publics, perpétrés par les hommes et femmes du Renouveau. Le face à face entre Paul Biya et les manifestants a été évité à l’aéroport Jfk. Mais les manifestants se sont déportés en face de Wardolf Astoria Hotel où un important dispositif sécuritaire était également mis sur pied pour contrecarrer leur hargne et détermination. Ils ont continué à brandir des pancartes et des banderoles comportant des messages et images atroces sur le Cameroun.
Les reporters de la Crtv présents sur les lieux ont préféré immortaliser la présence d’une trentaine de Camerounais, déplacés en charters et payés, selon une source qui a requis l’anonymat, par les services de l’ambassade du Cameroun pour venir acclamer Paul Biya et contrecarrer les manifestants anti-Biya. Au fur et à mesure que les manifestants entonnaient des chansons patriotiques, les quelques membres du Rdpc, vêtus de leur uniforme de parti, ont dû arracher les plaques des contestataires.
La manifestation ne revêtait pas uniquement l’aspect contestation de la politique de Paul Biya, mais elle permettait aussi de rappeler à l’occasion de ce 63ème sommet de l’Onu que le Cameroun est devenu un Etat où la violation des droits humains se multiplie et ne cesse de générer des conflits qui compromettent de plus en plus le développement dans ce pays, affirme Essoh Aristide de Cameroon action movement (Cam). Selon Njoya H., un autre membre de la Cam, les Camerounais hostiles au régime en place à Yaoundé attendaient cette visite avec impatience et n'entendaient pas rater une occasion d'exprimer de vive voix leur rancoeur vis-à-vis de Paul Biya.
La foule a scandé à répétition que « Paul Biya est un cancer pour le Cameroun », « Paul Biya is a criminal », etc. Des messages adressés aux autres chefs d’Etat présents à ce sommet de l’Onu. Il faut également signaler le silence des médias américains sur la présence de Biya aux Usa. Outre son épouse, Chantal Biya, le chef de l'Etat camerounais est accompagné de plusieurs ministres, dont le ministre délégué auprès du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Maurice Kamto ; René Sadi, secrétaire général adjoint de la présidence de la République et secrétaire général du comité central du Rdpc ; Jean- Baptiste Beleoken, directeur du cabinet civil de la présidence et Henri Eyebe Ayissi, ministre des Relations extérieures.
Les camerounais regroupés au sein de la Cameroon action movement annoncent une série de protestations tous les jours et pendant son séjour à New-York devant l’hôtel dans lequel est logé le chef de l’Etat camerounais. Des délégations ont même été mises sur pied pour manifester devant les bâtiments abritant les travaux de cette 63ème session de l’Onu.
Correspondance particulière de
Janvier Kingue depuis New York





