Voitures et Véhicules
Yaoundé : chasse aux laveries spontanées
Tout automobiliste surpris en train de laver sa voiture sur les trottoirs, la chaussée et les accotements sera sanctionné.
Thierry T. vient à peine de prendre un ticket de parking à l’avenue Kennedy pour garer sa voiture que deux jeunes garçons se présentent avec des seaux d’eau. « Patron, on te lave la voiture à 500 F seulement en cinq minutes», affirme l’un des jeunes. Il n’attend d’ailleurs pas l’accord de Thierry et arrose la voiture d’une eau à la couleur jaune. L’automobiliste, mis devant le fait accompli, n’a pas d’autre choix que d’accepter l’offre de service. Quelques mètres plus loin, c’est une scène similaire qui se joue. Mais cette fois, le propriétaire de la voiture refuse les services offerts par ces laveurs de voiture. « Je me rends dans une vraie laverie dans la journée. Je n’ai pas du tout confiance en ces gars qui sortent, on ne sait d’où, et n’hésitent pas à voler », explique-t-il. De plus, ajoute le client, « ils créent parfois l’embouteillage ici alors que cette zone est déjà suffisamment étroite. Ce n’est pas un endroit pour eux ici ».
Justement, Thierry a à peine le dos tourné que l’agent de la Communauté urbaine de Yaoundé, qui lui a vendu le ticket, l’apostrophe. « Vous ne devez plus faire laver votre voiture ici car vous risquez d’être « saboté » à tout moment », lui déclare-t-il. Depuis hier en effet, un communiqué de Gilbert Tsimi Evouna, délégué du gouvernement auprès de la CUY, rappelle « à tous les automobilistes qu’il est formellement interdit de laver les véhicules sur la chaussée, les trottoirs et accotements ». L’objectif est de venir à bout de l’indiscipline des usagers de la route, de permettre une meilleure fluidité de la circulation et surtout, de préserver l’état de la voirie. « C’est une décision salutaire parce que le désordre causé par ces laveurs dans le centre ville est vraiment dommageable », applaudit un usager. Les exemples de laveries « clandestines » sont en effet légion à travers la ville. « Les petits débrouillards et certains enfants de la rue se sont spécialisés dans ce genre d’activité, n’importe où, n’importe comment. Il faut faire un tour du côté d’Hysacam pour voir que la route commence à se dégrader lentement à cause de ces laveurs », estime un autre automobiliste.
Ce dont se défendent certains mis en cause. « Nous essayons seulement de gagner notre vie comme on peut. C’est facile de nous accuser de gêner la circulation ou de dégrader la chaussée alors que nous trouvons des voitures déjà garées », estime Ousmane, laveur à l’avenue Kennedy. Quant à Thierry T., il ne comprend pas pourquoi les automobilistes seront les seuls punis. La CUY prévoit en effet que tout véhicule lavé sur la chaussée, les trottoirs et les accotements fera l’objet de « pose de sabots et mise en fourrière ». « Si les automobilistes arrêtent de garer leurs voitures sur des trottoirs pour les faire laver ou s’ils disent à ces laveurs que ce n’est pas l’endroit approprié, ce désordre cessera», estime un responsable de la CUY. Tout le monde est donc prévenu.
Josiane R. MATIA