Abang-Minko’o : au marché commun du Cameroun, du Gabon et de la Guinée équatoriale


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Le «marché mondial» n’attire plus

La baisse de régime serait due au fait que certains commerçants ravitaillent directement le Gabon par la mer. 

« La marchandise coûte très cher chez vous. Je ne trouve plus de raison pour laquelle je viens faire le marché ici ». Gabriel Oyono, ingénieur des télécoms au Gabon se plaint des prix pratiqués sur le marché d’Abang-Minko’o.

D’après le fonctionnaire gabonais, « les prix ont presque triplé sur ce marché par rapport aux années antérieures ». Richard Ndong, enseignant à Bitam, se plaint lui aussi de ce que « les prix sont fixés à la tête du client ». « Les commerçants camerounais augmentent spontanément les prix des marchandises, dès qu’ils aperçoivent des Gabonais », s’insurge t-il. A titre d’illustration, un cajeot de tomate que l’on achèterait par exemple à 4000 FCFA à Ambam, est vendu à 6000 FCFA aux Gabonais. « Les Camerounais continuent à penser que nous avons encore beaucoup d’argent, ils se trompent, le Gabon a changé », indique Pierre Ndong, un transporteur. Ce samedi 04 octobre 2008 au marché frontalier d’Abang-Minko’o, un confrère d’un quotidien connu voudrait acquérir un bloc-notes. Il en demande le prix au vendeur. « 1000 FCFA », lui répond ce dernier. Surpris par le prix, le confrère chuchote au vendeur, « je ne suis pas un Gabonais mon frère, prends 500 Fcfa». Tout souriant, le commerçant tend la main et perçoit la somme. Outre ces frustrations des consommateurs gabonais, le régisseur du marché frontalier pense que la cause principale de la baisse d’engouement est ailleurs. Alain Ekotto Nguiema croit « que la baisse actuelle du volume des échanges observée au marché serait consécutive au contournement du marché par certains opérateurs économiques ». « Certains commerçants passent par la mer pour ravitailler directement Libreville à partir de Douala ». Résultat des courses, les nombreux consommateurs de la capitale gabonaise au pouvoir d’achat plus fort, ne se déplacent plus pour Abang-Minko’o. Une attitude assez paradoxale, puisque la région est désenclavée depuis 2003. Depuis cette date en effet, les commerçants peuvent désormais partir de tous les coins du pays et écouler leur marchandise à Abang-Minko’o, grâce à l’axe lourd Yaoundé-Ebolowa-Ambam-Eking, long de moins de 300 km. Empêcher la voie de contournement par mer s’avère ainsi salutaire pour le «marché mondial», d’après le régisseur, qui lance un appel en direction des pouvoirs publics pour une action urgente.

Jérôme ESSIAM 
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