Agé de quatre-vingt un ans, le souverain pontife effectuera le onzième déplacement de son pontificat hors des frontières italiennes.
“ J'ai l'intention de me rendre en mars prochain au Cameroun ”. Parole du pape Benoît XVI hier dimanche 26 octobre 2008 à l’occasion de la messe de clôture du synode des évêques réunis depuis le 05 octobre à Rome. Après Jean-Paul II, Benoît XVI est ainsi le deuxième souverain pontife qui rend visite au Cameroun. Son arrivée s’inscrit dans le cadre de la préparation de la 2e assemblée spéciale du synode pour l’Afrique prévue à Rome en octobre 2009. Du Cameroun, le pape se rendra, “ s'il plait à Dieu, en Angola pour célébrer solennellement le 500e anniversaire de l'évangélisation de ce pays ”.
Depuis son élection en avril 2005, Benoît XVI qui n’avait jusque-là visité que l’Europe et l’Amérique viendra pour la première fois en Afrique, un continent troublé par les guerres et la misère, mais où l’évangélisation avance. Le synode pour l’Afrique, programmé du 04 au 25 octobre 2009 sous le thème de la réconciliation, la justice et la paix, vise à “ donner une nouvelle impulsion à l’évangélisation ” et promouvoir “ la réconciliation et la paix ” sur le continent. Il s’agit du deuxième synode de ce genre, le premier ayant eu lieu en 1994 à l’initiative du pape Jean-Paul II.
Selon une dépêche de l’Agence France presse (Afp) publiée hier, l’intérêt du pape pour l'Afrique tient probablement au fait qu’il s’agit d’une “ région clé pour l'avenir de l'église catholique car c'est celle où le nombre des fidèles croit le plus rapidement. ” Mais cet intérêt va au-delà, puisque pour le pape, l’Afrique est un continent où “ l'Europe a exporté non seulement la foi dans le Christ, mais aussi toutes sortes de vices, le sens de la corruption, la violence ”.
Une préoccupation pour Benoît XVI
Si l’on ne s’en tient qu’aux discours, l’Afrique semble être une préoccupation réelle pour le souverain pontife. En souhaitant bonne année 2008 au monde entier depuis la Cité du Vatican le 22 décembre 2007, il avait dévoilé son intention missionnaire pour janvier 2008 en ces termes : “ Pour que l’Eglise, qui se prépare en Afrique à la seconde assemblée spéciale du synode des évêques, continue d’être le signe et l’instrument de réconciliation et de justice malgré la guerre, l’exploitation et la pauvreté qui marque le continent ! ” Une suite logique de sa pensée de paix. Dans son message au corps diplomatique le 08 janvier 2007 à Rome, il affirmait : “ N’oublions pas l’Afrique, et ses nombreuses situations de guerre et de tension.” Le continent africain avait été le premier à être nommé par Benoît XVI. Avant cela, dimanche 1er mai 2005, il lança le premier appel à la paix en direction de l’Afrique et spécifiquement du Togo, depuis la fenêtre de son bureau qui donne place Saint-Pierre.
Au sujet de la réduction de la misère, sa position est tout aussi claire. Dimanche dernier, il a demandé aux pays qui participeront prochainement aux réunions du groupe des pays les plus industrialisés du monde à Gleneagles (Ecosse) de prendre des mesures de solidarité pour supporter le coût de la réduction de la dette des pays pauvres et, surtout, de soutenir le développement de l’Afrique. “ Comme l’enseigne le Concile Vatican II, Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice […] Pour cette raison, les habitants des pays les plus riches au monde devraient être prêts à accepter le fardeau de la réduction de la dette des pays hautement endettés et devraient exhorter leurs responsables à respecter les engagements pris afin de réduire la pauvreté dans le monde, en particulier en Afrique, avant 2015 ”, affirme Benoît XVI. Les citoyens pauvres d’Afrique espèrent qu’il ne prêche pas dans le désert.
