Un expatrié “ otage ” de la police


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Le président exécutif du groupe Ttacc est accusé d’abus de confiance. Son passeport et d’autres engins appartenant à la société sont saisis par la police. La procédure est jugée illégale. Les avocats entrent dans la danse.

Mardi 18 novembre dernier, Me Mbida, l’avocat de la société espagnole Fernandez Ttacc à Kribi s’est rendu au commissariat de sécurité publique de Kribi pour rencontrer le commissaire Ngongo Essomba. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de l’affaire qui oppose le président exécutif de la société Fernandez Ttacc, Fernandez Fernadez Angel, à Mlle Dorette Akande, la gérante d’une société de travaux publics et d’un restaurant. Elle réclame à l’Espagnol la somme de 19 millions de Fcfa pour une histoire de location-vente d’un caterpillar D6.
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à plusieurs mois quand le groupe espagnol, installé à Kribi depuis quelques années déjà, décide de construire ses usines et sa direction générale dans la localité de Fifinda à environ 30 kilomètres de Kribi. Après le lancement des travaux de construction de la maison du chef du village de cette localité et de l’usine de transformation du Jatropha Curcas (une plante de l’Inde) en biocarburant, la construction de l’usine s’arrête, alors qu’elle vient de commencer. Les autorités administratives de Kribi sont accusées de corruption, extorsion de fonds et autres délits par Fernandez F. Angel. Il écrit plusieurs fois à Yaoundé et rencontre certains ministres. Les avis sont favorables à Yaoundé, selon l’Espagnol, alors que les travaux sont bloqués à Kribi.
Début octobre, après une gymnastique, les travaux sur le site de l’usine ont repris. C’est à ce moment que la société Fernandez Ttacc contacte Mlle Dorette A. pour la location-vente d’un D6. L’affaire est conclue entre les deux parties et le montant du contrat s’élève à 20.000.000 Fcfa. Un million est avancé et le reste prévu pour plus tard. Seulement, selon la Fernandez Ttacc, la machine était une vieille guimbarde maquillée. “ Nous avons été victimes d’une escroquerie. La machine que nous avons prise en location-vente est tombée en panne quelques jours après l’utilisation. Le mécanicien qu’on a fait venir a détecté plusieurs pannes. On ne peut plus payer les 19.000.000 Fcfa restants parce que c’était une location-vente ”, explique M. Onana, un cadre de cette entreprise agro-industrielle. Quelque temps après le délai de paiement, une sommation de payer est remise à la Fernadez Ttacc et quelques jours plus tard, Fernadez Fernadez Angel est convoqué au commissariat de sécurité publique de Kribi où une plainte a été déposée. “ J’ai tout fait pour le rencontrer mais c’était impossible. Ses employés le cachaient. J’ai donc suivi le chemin nécessaire. Il doit me payer mes 19.000.000 de Fcfa. Le contrat a été signé et avant cela leur mécanicien a vérifié l’état de l’engin qu’il a trouvé satisfaisant. Il est hors de question qu’aujourd’hui il refuse de payer parce que la machine est tombée en panne. Cela ne me regarde pas. Il est extrêmement malhonnête ”, estime la plaignante.
Rendu au commissariat, Fernandez Fernadez Angel a été gardé à vue jusqu’à ce qu’il offre des garanties pour le paiement de la somme des 19.000.000 Fcfa. C’est ainsi qu’une Mercedes, une Pajero, un camion Yale et un camion plateau ont été saisis. Ainsi que le passeport de l’investisseur. Il est interdit de voyage jusqu’à la résolution de cette affaire. Pourtant, selon nos sources, il souffre d’un cancer et devrait déjà se rendre en Espagne pour suivre son traitement de chimiothérapie.

La police montre sa force
Plusieurs hommes de loi de la cité balnéaire n’apprécient pas cette pratique de la police locale avec qui Fernandez F a des démêlés de temps en temps. “ La procédure n’a pas été respectée. Il a un domicile reconnu. C’est un chef d’entreprise d’une société sérieuse. On n’avait pas le droit de le garder à vue et d’exiger des gages avant de le libérer, c’est illégal ”, affirme l’avocat du mis en cause. “ Nous sommes à Kribi depuis plus de 3 ans et nous employons plus de 400 personnes. Vous croyez que je vais fuir pour 19.000.000 de Fcfa alors que nous avons déjà investi plus de trois milliards de Fcfa ? C’est une manigance des autorités de Kribi qui ont toujours porté beaucoup d’aversion à notre projet de biocarburant. Et cela malgré le soutien des autorités de Yaoundé qui nous donnent des documents nécessaires et des conseils. Nous allons régler le problème avec Dorette mais nous savons qui tire les ficelles ”, accuse Fernandez F Angel, avant de conclure : “ Je regrette quand même que des pratiques de corruption aussi avancées existent dans une ville comme Kribi. La politique de la main tendue est de mise au mépris de l’emploi des jeunes Camerounais et du développement ”.
La société Fernadez Ttacc est une société agro-industrielle qui veut faire dans la culture du Jatrophas Curcas, une plante d’origine indienne qui donne le biocarburant. Elle est installée à Kribi. Mais seulement quelques années après son installation, le projet n’a pas encore pris corps. La construction de l’usine reste à l’état de fondation. Les graines de Jatrophas curcas pourrissent dans les magasins. Les employés sont pourtant régulièrement payés. Certains sont même logés. Des sommes faramineuses sont dépensées sous les tables. On évalue les dépenses totales à plus de trois milliards de Fcfa. D’où l’inquiétude de certaines autorités de la ville et de certains enquêteurs qui parlent d’un grand réseau espagnol de blanchiment d’argent et de mafia. Ce qui justifie les tracasseries essuyées par cette entreprise. Toutes ces accusations sont balayées d’un revers de la main par le président exécutif de cette entreprise. Pour lui, il ne s’agit là “ que des intimidations et des prétextes que les autorités de la République indépendante de Kribi avancent pour nous extorquer de l’argent. Nous leur en avons donné. Aujourd’hui, la source a tari. Plus un franc à qui que ce soit ”. Affaire à suivre.
 

Par Sévère KAMEN
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